Reconstruction du village sinistré de Kahène : Maguette Sow, un jeune volontaire cité en modèle de don de soi.

 

Le jeune Maguette Sow, un des 135 volontaires qui aident à la reconstruction de 100 maisons détruites par des inondations au mois d’août dans la commune de Kahène, a été présenté comme un modèle de don de soi et de compétence dans son domaine, la maçonnerie.

Maguette 27 ans, a dû renoncer à un contrat, pour répondre à l’appel à la solidarité pour offrir un toit à des populations dans le besoin, suite aux fortes pluies qui s’étaient abattues du 26 au 27 août dans cette contrée située dans le département de Koumpentoum, à 7 km de la Gambie.
Relogées dans un premier temps à l’école quand leurs maisons furent envahies par les torrents, avant de devoir regagner ce qui restait de leurs domiciles, à quelques jours de la rentrée des classes, ces habitants comptaient sur la solidarité pour se relever.
A l’instar d’une centaine de jeunes venus de différentes parties du pays, Maguette a entendu cet appel et a répondu présent, quittant Tambacounda, distant de 160 km.
Ce geste est une illustration, selon le ministre de la Jeunesse, de la naissance d’un nouveau type de jeune Sénégalais, qui ‘’n’est plus seulement demandeur, râleur, mais aussi donneur, prêt à donner de sa personne pour venir en aide à ses semblables’’. Sans rien demander en retour.
Un responsable de l’intendance des armées qui, avec le génie militaire, encadre ce camp initié par le ministère de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du Volontariat, devant prendre 17 jours, soit du 18 février au 6 mars, a levé un coin du voile sur ce jeune homme, d’une grande taille, mais aussi d’un grand cœur.
‘’Quand je suis arrivé de Dakar et je l’ai trouvé en train de travailler jusqu’à 21 heures, cela m’a frappé’’, a-t-il témoigné, devant la délégation conduite le ministre Pape Gorgui Ndong, venu visiter le camp-chantier.

Le jeune maçon en plein travail, élève, avec son équipe de neuf éléments, le mur d’un nouveau bâtiment, déjà arrivé à hauteur de poitrine, après le premier qui a aussi été visité comme maison témoin par la délégation.

Visiblement touché par ce témoignage qui a délié les langues et en a appelé d’autres, Maguette parle comme s’il n’avait rien accompli et comme s’il n’avait pas le choix.
‘’Quand j’ai reçu l’information, j’ai dit que j’étais partant. Et puisque j’avais déjà donné ma parole, je me suis dit que quoi qu’il puisse arriver, il fallait que je sois là’’, a-t-il dit en réponse aux questions des journalistes.
Vendredi encore, ayant appris la maladie de sa mère, il lui a envoyé de l’argent tout en restant pour finir le travail. De l’avis de l’équipe d’encadrement c’est ‘’le meilleur de sa spécialité’’ dans le camp.

C’est que Maguette a commencé à suivre son maçon de père dans les chantiers depuis 2002. Habitant Saré Guilél, un quartier difficile de la commune de Tambacounda, qui n’avait pas encore connu son essor actuel, le jeune adolescent n’a pas été à l’école. Il a appris la couture, mais l’héritage du père étant plus fort, il a préféré la truelle à la machine à coudre.

Le directeur du CDEPS de Tambacounda, Madou Cissé qui l’a contacté pour participer à cette action de solidarité, a dit toute sa fierté à l’endroit du garçon.
‘’On nous avait dit qu’il n’y avait pas de paiement et qu’on nous donnerait juste 30.000 francs de quoi payer le billet et faire nos petits achats’’, raconte le jeune ouvrier. Qu’à cela ne tienne, le plus important pour lui était de servir les autres, son pays.  Maguette fait partie de ces héros anonymes qui vivent à la sueur de leur front, prêts à partager le peu qu’ils ont, y compris la force de leurs bras, sans bruit ni tintamarre. Bien que noyés dans un océan de pessimisme mettant en avant une perte irréversible des valeurs, ces quelques exemples d’altruisme, d’entraide, semblables à des reliques d’un passé lointain, peuvent aussi redonner l’espoir de trouver un socle pour bâtir la maison Sénégal.

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