Etats-Unis: Kim Jong Nam a bien été tué par Pyongyang.

 

Les Etats-Unis ont déterminé que le demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avait été assassiné par le régime avec de l’agent VX, une substance neurotoxique, a indiqué mardi la porte-parole du département d’Etat dans un communiqué.

Cette conclusion a déclenché l’application immédiate par Washington de nouvelles sanctions économiques contre la Corée du Nord, le jour même où la Corée du Sud indiquait que Pyongyang était disposé à aborder avec Washington la question de la dénucléarisation.

«Les Etats-Unis condamnent avec fermeté l’utilisation d’armes chimiques pour commettre un assassinat», a indiqué Heather Nauert, porte-parole de la diplomatie américaine, évoquant Kim Jong Nam, demi-frère en disgrâce de Kim Jong Un.

Assassiné en plein jour

Kim Jong Nam a été assassiné en plein jour le 13 février 2017 à l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie. Alors qu’il attendait un avion pour Macao, il avait été approché par deux femmes qui lui ont projeté une substance au visage, selon des images de caméras de surveillance. Il est décédé peu après lors de son transfert à l’hôpital. Des traces de VX, un agent neurotoxique classé comme arme de destruction massive, avaient été relevées sur son visage et dans ses yeux lors d’examens médico-légaux.

Washington a «déterminé» le 22 février 2018 que cette substance avait été utilisée «par le gouvernement de Corée du Nord» pour assassiner Kim Jong Nam, a précisé Mme Nauert mardi. «Cette démonstration publique de mépris à l’égard des normes universelles contre l’utilisation d’armes chimiques est une preuve supplémentaire de la nature dangereuse de la Corée du Nord et souligne que nous ne pouvons pas nous permettre de tolérer un programme d’armes de destruction massive nord-coréen, quelles qu’elles soient», a-t-elle poursuivi.

La législation américaine stipule que lorsqu’un pays, ou un dirigeant, enfreint l’interdiction américaine d’utiliser des armes chimiques ou biologiques, cela entraîne un arrêt des importations de ses produits. La Corée du Nord étant déjà frappée par de très strictes sanctions de la part des Etats-Unis et des Nations unies, la décision de mardi ne devrait avoir que très peu d’incidences.

Trump salue les signes d’ouverture de Pyongyang

Le président américain Donald Trump avait auparavant salué les signes d’ouverture de la Corée du Nord sur un éventuel dialogue avec les Etats-Unis tout en appelant à la prudence dans l’attente d’avancées concrètes.

Les dirigeants des deux Corées doivent se retrouver fin avril pour un sommet historique dans la Zone démilitarisée (DMZ), selon Séoul qui a assuré que Pyongyang était prêt à aborder avec Washington la question longtemps absolument taboue de la dénucléarisation.

Interrogé sur ce rebondissement spectaculaire après des mois d’escalade verbale faisant redouter un affrontement armé, M. Trump a jugé que les déclarations venues du Sud comme du Nord étaient «très positives». «Ce serait bien pour le monde, bien pour la Corée du Nord, bien pour la péninsule, mais nous verrons ce qui va se passer», a-t-il ajouté, jugeant «sincère» l’offre de dialogue formulée par Pyongyang. A qui faut-il attribuer cette évolution? «Moi!», a-t-il répondu en conférence de presse dans un sourire.

«Tout le monde doit respirer un grand coup»

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé toutes les parties à saisir l’opportunité de ces discussions pour avancer «vers une paix durable et la dénucléarisation». Même son de cloche du côté de Pékin qui a appelé les deux Corées à «saisir» leur chance après avoir salué «l’issue positive» de la rencontre entre le leader nord-coréen et une délégation sud-coréenne.

Reste que l’exécutif américain a insisté tout au long de la journée sur sa défiance vis-à-vis d’un régime qui, depuis des décennies, «ne tient pas ses promesses». «Tout le monde doit respirer un grand coup», a résumé un haut responsable de la Maison Blanche sous couvert d’anonymat. «Nous sommes ouverts. Nous sommes impatients d’avoir des précisions. Mais les Nord-Coréens ont nourri notre scepticisme, donc nous sommes un peu prudents dans notre optimisme».

(nxp/afp)