Tambacounda: “Charges de travail, conjoncture difficile” les parents d’élèves ne suivent plus leurs enfants à l’école.

 

 

Sur l’étendue du territoire de la région de Tambacounda, la propension des parents d’élèves à suivre leurs mômes dans leurs études s’est effilochée. En effet, peu d’entre eux se rendent périodiquement à l’école pour s’enquérir de la situation de leurs enfants, d’aucuns peinent à prendre part aux réunions de parents d’élèves et, de l’avis du président de la section régionale de l’union nationale de l’association des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal, « ce sont les charges de travail des parents où la difficile conjoncture économique qui pourraient expliquer ce phénomène ».

A Tambacounda, aussi bien dans l’élémentaire que dans le moyen secondaire, les potaches sont très peu suivis dans leurs études par leurs parents. Ce ne sont plus les fréquentations régulières pour s’enquérir des performances et autres comportements des élèves, comme ce fut jadis le cas. La plupart des parents d’élèves interrogés reconnaitront malheureusement cette tendance et confieront que même à la maison, il leur est difficile de contrôler si leurs enfants ont assimilé leurs leçons ou fait leurs enquêtes et exercices.


Kéba Kébé, président de la section régionale de l’union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal : « les charges de travail et la difficile conjoncture économique sont des facteurs explicatifs de ce phénomène ».

Le président de la section régionale de l’union nationale de des parents d’élèves et étudiants de Tambacounda avouera que la plupart des membres de sa structure ne répondent pas souvent aux rencontres convoquées, c’est ce qui fait que la périodicité de leurs réunions est bimensuelle. « Il y a un délaissement des parents d’élèves, et cela pourrait s’expliquer par les nombreuses charges de travail de certains qui, après le boulot, sont complètement lessivés au point de ne pas pouvoir suivre leurs enfants et les encadrer une fois à la maison. D’autres en revanche éprouvent d’énormes difficultés à joindre les deux bouts ». Kéba Kébé de signifier qu’au moins « tous les 45 jours, le parent doit pouvoir fréquenter l’école élémentaire, le collège ou le lycée où étudie son enfant pour, soit s’entretenir avec ses enseignants, soit rencontrer le chef d’établissement pour se faire une idée des performances ou lacunes de son enfant ». Il ajoutera pour le regretter et le dénoncer que certaines conditions d’accès des élèves sont aussi peu propices, à l’image de ce que vivent les élèves du lycée communal de Tambacounda par exemple qui, selon lui, sont quotidiennement aspergés de poussière d’autant plus qu’il n’y a pas de bitume le long de l’axe qui mène à cet établissement.

M. Kébé de poursuivre en laissant entendre que comme alternative, sa structure opère une vaste campagne de sensibilisation auprès des parents d’élèves et étudiants pour qu’ils fassent encore des efforts et veiller sur la situation de l’école qui, par moments, est minée par des crises cycliques récurrentes. D’ailleurs à ce propos, le président de l’antenne régionale invitera les pouvoirs publics centraux au « respect de la parole donnée, à la recherche du consensus et à donner aux syndicats d’enseignants des échéanciers raisonnables de résolution des problèmes posés ». A l’endroit des syndicats d’enseignants également, Kéba Kébé soutiendra qu’il va falloir « qu’ils changent de formule de lutte car depuis les premières heures de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, les grèves d’enseignants se suivent et se ressemblent. Notre intime conviction est et demeure qu’il faut réfléchir sur d’autres méthodes beaucoup plus efficaces et peu enclines à affecter de façon aussi préjudiciable le quantum horaire ».


Mamadou Ndaw Tamba, élève à l’école élémentaire de Quinzambougou : « La seule fois que mon père est venu à mon école, c’était sur convocation de mon maître ».

Mamadou Ndaw Tamba fréquente l’école élémentaire de Quinzambougou. Il a éclaté de rire quand nous lui avons posé la question de savoir si son père et sa mère venaient de temps à autre voir comment il se débrouillait à l’école. « La seule fois que mon père est venu ici, c’était parce que mon maître l’avait convoqué pour un cas me concernant. Depuis lors, c’est quand il devait signer mon cahier de composition qu’il m’a posé quelques questions pour ensuite promettre qu’il passera à l’école », a-t-il asséné.


Mme Diallo, directrice intérimaire de « Kandioura Noba » : « Même pour nous ramener les cahiers de composition des élèves, les parents ont des problèmes ».

Kandioura Noba » est l’une des plus anciennes et grandes écoles élémentaires de la commune de Tambacounda. Elle est située sur la nationale 1 et groupe plus de 500 élèves répartis dans 12 classes et une treizième classe préparatoire. Une seule réunion des parents d’élèves s’y est tenue, « et la salle de classe qui l’abritait ne pouvait même pas être rempli », s’est désolée Mme Diallo qui assurait l’intérim du directeur à notre passage. Elles et ses trois collègues qui étaient à ses côtés nous ont révélé le cas de ce parent d’élève venu leur poser la question sur le cours que fréquentait son enfant. L’autre fait, et non moins insolite, rapporté par Mme Diallo et les membres de son équipe pédagogique est qu’une dame ne savait même pas que sa fille n’était pas venue à l’école depuis un mois, et que c’était la raison principale de sa seule visite à l’école.

« L’une des rares fois que les parents viennent ici, c’est quand ils doivent ramener les cahiers de composition de leurs enfants, nous mettons à profit ce face à face pour les mettre à niveau et attirer leur attention sur certains faits concernant leurs enfants », a conclu Mme Diallo.

Boubacar TAMBA / www.tambacounda.info /