Empoisonnement à Londres «Un espion russe, passe encore, mais un policier…»

 

Le renfort des militaires, une centaine selon la presse, a été annoncé vendredi par Scotland Yard, qui a précisé qu’ils mettraient leur expertise à son service pour déplacer des véhicules et objets.

A Salisbury (sud de l’Angleterre), où ont été retrouvés inconscients Sergueï Skripal et sa fille Youlia, des cordons policiers ont été étendus autour de la maison de l’ex-espion, ainsi qu’autour de la tombe de son épouse Liudmila, décédée en 2012 d’un cancer, et de la pierre commémorative de son fils, Alexander, mort l’an dernier d’une maladie du foie.

Le fait qu’un policier britannique ait été victime du poison utilisé met davantage la pression sur la Première ministre Theresa May pour trouver les responsables. «Un espion russe, passe encore, cela rappelle la Guerre froide mais un citoyen britannique, policier d’autant plus, il y a une implication nécessairement immédiate et forte des autorités britanniques», a déclaré Mathieu Boulègue, chercheur au cercle de réflexion londonien Chatham House.

Attaque «scandaleuse»

Selon un détective cité par le quotidien «The Daily Telegraph», la police «examine la zone pour voir si le duo était sous surveillance». Les policiers «exploreront les buissons et les sous-bois pour trouver des indices.»

L’ex-agent double russe, 66 ans, et sa fille, 33 ans, sont toujours hospitalisés dans un «état très grave» à la suite de cette attaque «scandaleuse», a déclaré la ministre de l’Intérieur, Amber Rudd qui s’est rendue sur place vendredi. Le père et sa fille ont été empoisonnés par un agent innervant, dont le nom n’a pas été révélé.

Le policier touché est dans un état «grave mais stable», selon le chef de la police de Wiltshire, Kier Pritchard, qui a décrit un homme «extrêmement populaire au sein de l’équipe».

Les événements de dimanche sont un «violent rappel» des situations de danger auquel sont confrontées les services d’urgence, a souligné la Première ministre, qui a loué leur courage.

Pure propagande

Pointée du doigt, la Russie nie farouchement toute implication. Ces accusations sont «de la pure propagande et cela vise à faire monter la tension», a balayé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Mme May a promis qu’elle ferait «ce qui est approprié, ce qui est juste, s’il est prouvé que c’est soutenu par un Etat».

Selon le tabloïd The Sun, elle a demandé à ses ministres de préparer une «réponse puissante sur les plans diplomatique, économique et militaire».

«L’Angleterre dispose d’un certain nombres d’armes diplomatiques pour punir la Russie», note Mathieu Boulègue: «compliquer l’accès aux visas pour les ressortissants russes proches du pouvoir, évacuer un certain nombre de personnels diplomatiques anglais en Russie (…) ou à l’inverse pousser un certain nombre de diplomates et officiels russes hors du territoire britannique».

Le Royaume-Uni peut aussi décider de geler des avoirs d’oligarques proches du pouvoir, ou encore de renforcer sa présence militaire en Europe de l’Est.

«Mais les relations bilatérales sont déjà tellement mauvaises que ce serait une goutte d’eau dans un vase déjà extrêmement plein», ajoute Mathieu Boulègue.

En Russie, le présentateur d’un programme d’actualités, Kirill Kleimyonov, a qualifié Skripal de «traître à la patrie» et mis en garde «ceux qui rêvent d’une telle carrière» citant comme fins possibles «les attaques cardiaques, les accidents de voiture et finalement les suicides».

«Ne choisisssez pas l’Angleterre comme futur pays de résidence», a-t-il aussi prévenu: «Ces dernières années il y a eu trop d’incidents étranges avec de graves résultats -des gens pendus, empoisonnés, morts dans des accidents d’hélicoptères ou défenestrés».

(nxp/afp)