Kédougou: manque de personnel sanitaire, absence de spécialistes, manque d’infrastructures… la Région médicale aux urgences.

 

La Région médicale de Kédougou a tenu sa revue annuelle conjointe au cours de laquelle sa situation sanitaire a été passée à la loupe. Le document de présentation relève les performances enregistrées en 2017 en matière de santé. Il a dévoilé les écueils auxquels le secteur de la santé est confronté et qui plombent les efforts consentis par les professionnels. La revue s’inscrit en droite ligne des exigences du Programme national de développement sanitaire (Pnds).

La Région médicale de Kédougou a enregistré de bonnes performances sanitaires l’année dernière. Cepen­dant, la situation de la carte sanitaire et les conditions dans lesquelles exercent les professionnels de la santé ne sont pas reluisantes. En réalité, la Région médicale est malade. Elle a besoin d’un traitement d’urgence pour continuer à prendre en charge les populations. Listant les problèmes auxquels le secteur est confronté, le médecin-chef de région, Dr. Cheikh Sadibou Senghor, lance : «Il y a un problème d’accessibilité» qui se pose avec acuité du fait de «l’enclavement de la région», le personnel qualifié est «insuffisant et on n’a pas de spécialistes». A cela s’ajoute le manque d’infrastructures sanitaires pouvant permettre et motiver les agents de santé de rester le plus longtemps possible et exercer dans de bonnes conditions. A cet effet, dira le médecin-chef de région, entre autres enjeux, il faut «relever le plateau technique» des infrastructures sanitaires en créant des postes de santé «disposant d’une maternité et de logements» pour les infirmiers et les sages-femmes. C’est de la seule manière de maintenir le personnel sanitaire. D’ailleurs, il révèle que l’instabilité du personnel est un autre facteur qui rend le système instable à Kédougou. A ce titre, il informe que la région a «enregistré 22 arrivées en 2015 contre 26 départs en 2017» ; d’où l’importance d’agir sur l’amélioration des conditions d’exercice et d’accueil des agents dans une région particulière comme Kédougou où la richesse dont on parle contraste fortement avec la pauvreté et le manque d’infrastructures auquel fait face la région.
A propos de Saraya, Dr. Senghor n’a pas manqué d’attirer l’attention des autorités étatiques sur l’état de son bloc opératoire. Il révèle qu’il «est non fonctionnel». Il faut trouver les causes dans le manque de personnel pour faire fonctionner cet outil. C’est la même situation qui prévaut au district de Salémata.
Dans ce département, le personnel sanitaire est dépité du fait de la précarité, des mauvaises conditions et du plateau technique. Le démarrage des travaux de construction du poste de santé est vivement attendu avec le renforcement de son personnel. Conscient de la situation, Dr. Senghor constate même qu’il y a une «insuffisance» de postes de santé avec maternité.

Dette de plus de 142 millions de la Cmu
S’il y a un domaine qui souffre, c’est bien la Couverture maladie universelle (Cmu) qui fait la fierté du chef de l’Etat et son gouvernement dans un contexte de Sénégal émergent. Seulement à Kédougou, la Cmu n’émerge pas, pour ne pas dire qu’elle est immergée. La Revue annuelle conjointe de la santé a révélé que la direction de la Couverture maladie universelle doit plus de cent quarante-deux millions (142 millions) de francs Cfa de reliquat à la Région médicale. Et comme conséquence, la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans et la césarienne sont devenues un véritable casse-tête. La Région médicale souffre de cette dette qui commence à perdurer. Il urge de procéder à son règlement pour permettre aux populations de bénéficier de la gratuité des soins. Sinon, ce serait que chimère de vanter un tel projet alors que les populations n’accèdent pas aux soins comme il se doit.

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