Union européenne: Bruxelles durcit sa politique de visas

 

La Commission européenne a proposé mercredi de durcir sa politique de visas. Elle entend l’utiliser comme levier pour améliorer la coopération en matière de retour et de réadmission des migrants illégaux.

«Nous voulons adapter notre politique de visas pour qu’elle soit plus forte, plus efficace et plus sûre», a indiqué le commissaire européen chargé de la migration Dimitris Avramopoulos. Pour éviter les migrants en situation irrégulière, il propose de durcir les conditions d’attribution des visas aux pays partenaires qui ne coopèrent pas suffisamment dans le cadre de la réadmission.

 

Délai raccourci

Les nouvelles règles prévoient une évaluation régulière de leur coopération par la Commission et si nécessaire l’adoption de restrictions du code des visas. Les ressortissants d’un pays récalcitrant pourraient par exemple voir la durée de leurs visas déjà délivrés raccourcie ou les droits de visa augmentés. Et leurs diplomates pourraient ne pas être exemptés de visas.

Parallèlement, la réforme entend faciliter les procédures pour les voyageurs en règle. Elle prévoit un délai raccourci de 15 à 10 jours pour l’acceptation d’une demande de visa, l’allongement progressif de la durée de validité des visas à entrées multiples ou encore l’introduction de visas de court séjour. Ces derniers seront délivrés aux frontières de l’Union européenne (UE) pour une durée de 7 jours et seulement pour l’Etat membre de délivrance.

«Grâce aux réformes que nous proposons aujourd’hui, les voyageurs en règle obtiendront un visa plus facilement et plus rapidement, tandis que ceux qui ne le sont pas seront mieux repérés et empêchés d’aller plus loin», conclut M. Avramopoulos.

 

La Suisse devrait suivre

Pour financer ces nouvelles mesures, la Commission veut augmenter les droits de visa de 60 à 80 euros. «Cette hausse modérée devrait permettre aux Etats membres de maintenir un personnel consulaire en nombre suffisant dans le monde entier, afin d’assurer des contrôles de sécurité plus stricts, et de moderniser le matériel informatique et les logiciels», a expliqué M. Avramopoulos.

La proposition de la Commission doit encore être approuvée par le Parlement européen et les Etats membres. Si tel était le cas, la Suisse, en tant que membre de l’espace Schengen, devrait également appliquer les nouvelles règles. Un refus helvétique pourrait provoquer son exclusion de Schengen.

 

Nouvelle enveloppe pour la Turquie

La réforme est surtout destinée à réduire l’immigration en provenance du Proche-Orient et d’Afrique. Quelque 1,8 million de réfugiés et migrants sont arrivés depuis 2014 en Europe en traversant la Méditerranée, selon les chiffres de l’ONU. Des arrivées massives qui ont provoqué de vives tensions dans l’UE.

Depuis, celle-ci a tenté de contrôler l’afflux de migrants par un durcissement de ses frontières extérieures et de sa politique migratoire, ainsi qu’un financement de pays tiers pour les inciter à bloquer les flux de migrants vers l’Europe. Un exemple: l’accord conclu en 2016 avec la Turquie, qui a permis de refermer presque totalement la «route des Balkans».

 

Enveloppe d’aide

Mercredi, Dimitris Avramopoulos a annoncé que la deuxième enveloppe d’aide, d’un montant de 3 milliards d’euros, allait être versée à la Turquie. L’origine des fonds doit cependant encore être discutée par les Etats membres. Certains rechignent à mettre la main au porte-monnaie. De nombreuses critiques se sont également élevées contre cette aide, vue comme un adoubement européen du régime turc, accusé de dérive autoritaire.

Interrogé sur ce sujet, Dimitris Avramopoulos a souligné que l’argent n’était pas remis aux autorités, mais directement aux organisations humanitaires. Il s’est dit par ailleurs confiant qu’un accord sera trouvé à propos de cette nouvelle tranche d’aide. «Pas besoin de vous dire ce qui va se passer, si l’entente avec la Turquie n’existe plus».

(nxp/ats)