Makacolibantan : dénonçant l’absence de lycée, le non bitumage de la route et la gestion du forage par un comité ad hoc, les populations de la cité religieuse ont donné de la voix.

 

La cité religieuse de Makacolibantan a rompu d’avec son calme olympien. Dénonçant l’absence de lycée dans la localité, la gestion du forage par un comité ad hoc et le non bitumage du tronçon Maka-Koussanar, distant seulement de 35km, les populations sont descendues dans la rue pour exiger une prise en charge de leurs doléances.

Makacolibantan, cette cité religieuse située dans le département de Tambacounda et jadis réputée très calme, a vibré ce weekend aux rythmes des cris et autres klaxons de motos des marcheurs et autres protestataires. Ils réclament l’érection d’un lycée dans la commune sans quoi, fulminent-ils la carrière de leurs enfants serait menacée. Ils exigent aussi le bitumage des 35 km qui les séparent de la RN1 et qui rendent leur contrée quasi inaccessible, surtout durant la saison des pluies.

Sous un soleil de plomb, ils ont marché dans les différentes artères de la commune pour se faire entendre. Pancartes, brassards rouges et autres banderoles bien brandies, ils ont manifesté leur courroux et demandé à ce que leurs doléances soient prises en charge, au risque de les voir passer à la vitesse supérieure. « Nous n’en pouvons plus de voir la situation continuer », ont fulminé les marcheurs. Leur porte-parole, Kalidou Bâ soutiendra que la quasi-totalité des élèves de la contrée ont vu leurs études arrêtées, faute de tuteurs à Tambacounda et Koussanar. S’il y avait un lycée sur place, leurs études n’allaient pas s’interrompre, explique le jeune. Et pourtant, se désole-t-il, des localités moins nanties que la nôtre et moins peuplées en élèves sont dotées de lycée. Aujourd’hui, plusieurs dizaines de potaches sont là désœuvrés du seul fait du manque de lycée. D’ailleurs rappelle le porte-parole, le cœur meurtri, en 2015, la commune avait enregistré plusieurs décès de jeunes dans la méditerranée parce que ces derniers qui ne pouvaient plus continuer leurs études dans la commune avaient pris les chemins de l’émigration clandestine. Près d’une vingtaine en avait payé les frais du voyage sans retour, rugit le jeune Bâ. C’est pourquoi, martèle-t-il, il est temps que l’État érige un lycée dans la cité pour freiner la déperdition scolaire. « Il est temps », rugissent les marcheurs. Pour le point relatif à la route, son non bitumage fait que la localité qui n’est qu’à 35 km de la RN1, reste très enclavée. Pendant l’hivernage, rallier la commune est un véritable parcours du combattant. «  Nous exigeons son bitumage au risque de voter contre le régime », fulminent les protestataires. A chaque fois qu’il y a évacuation de malade, ce dernier a mille chances de ne pas arriver à Tambacounda, tellement les conditions de voyage sont difficiles. L’État doit savoir que Makacolibantan est un foyer religieux comme tous les autres foyers. Et qu’il doit lui être accordé un programme spécial comme ça a été le cas partout. Sinon, alertent-ils, nous nous ferons entendre et prendrons toutes nos responsabilités, clament-ils en chœur. La gestion du forage par un comité ad hoc dont ils estiment que le mandat est arrivé à terme a aussi été inscrite dans les doléances. Les populations disent vouloir mettre en place un comité qu’elles auront choisi et installé.

Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /