Lula se dit victime d’une «farce judiciaire»

 

L’ancien président brésilien Lula a stigmatisé la «farce judiciaire» dont il s’estime victime, après son incarcération pour «corruption», et exigé une élection présidentielle «démocratique», avec «toutes les forces politiques» dont la sienne, dans une tribune publiée jeudi par le quotidien français Le Monde.

«En tant que président, j’ai défendu, par tous les moyens, la lutte contre la corruption et je n’accepte pas qu’on m’impute ce type de crime par le biais d’une farce judiciaire», écrit Luiz Inacio Lula da Silva.

Lula a été condamné à 12 ans et un mois de prison pour corruption et incarcéré depuis début avril, ce qui l’empêchera probablement de se représenter à la présidentielle lors du scrutin d’octobre.

Ces élections «ne seront démocratiques que si toutes les forces politiques peuvent y participer de façon libre et juste», juge-t-il, présentant sa candidature comme «une proposition pour que le Brésil retrouve le chemin de l’inclusion sociale, du dialogue démocratique, de la souveraineté nationale et de la croissance économique pour la construction d’un pays plus juste et solidaire».

Brasilia a répondu à Lula jeudi, par la voix d’Eliseu Padilha, ministre de la Maison civile et équivalent d’un chef de gouvernement, lors d’une audioconférence avec des médias étrangers.

«Le dossier de l’ex-président Lula est dicté par le pouvoir judiciaire. Au Brésil nous respectons la séparation des pouvoirs, et nous n’allons pas remettre en question une décision du pouvoir judiciaire», a dit ce proche du président Michel Temer.

Lula «a eu une procédure formelle, où le droit à la contradiction et le droit de la défense ont été respectés», a insisté M. Padilha.

«Nous ne reconnaissons à aucun autre Etat le droit de remettre en cause une décision de la justice brésilienne», a-t-il par ailleurs déclaré, en référence à l’appel lancé par l’ex-président français François Hollande et cinq ex-chefs de gouvernement européens de gauche en faveur d’une participation de Lula à l’élection. Brasila avait déjà réagi très sèchement la veille.

«Le chemin de la démocratie»

Dans sa tribune qui sonne comme un discours de campagne, Lula poursuit: «Je suis candidat (…) parce que je sais que je peux faire en sorte que le pays reprenne le chemin de la démocratie et du développement pour notre peuple».

«Je suis candidat pour rendre aux pauvres et aux exclus leur dignité, pour garantir leurs droits et leur donner l’espoir d’une vie meilleure», ajoute Lula qui souligne «dominer, avec une forte marge, les enquêtes d’intentions de vote au Brésil».

«Au cours des huit années durant lesquelles j’ai gouverné ce pays (2003 à 2010, ndlr), nous avons sorti de l’extrême misère 36 millions de personnes. Notre pays a connu un prestige international exceptionnel», affirme-t-il.

Aujourd’hui, «après le coup d’Etat parlementaire, qui a ouvert la voie à un programme néolibéral», le taux de chômage atteint 13,1 %, contre 4,7 % en décembre 2014. «La pauvreté a augmenté, la faim vient rôder et les portes des universités se ferment à nouveau pour les enfants de la classe ouvrière. Les investissements pour la recherche s’effondrent» et le Brésil «est devenu un paria de la politique étrangère».

«Candidat à la présidence, j’ai promis, j’ai lutté et j’ai tenu ma promesse afin que tous les Brésiliens aient droit à trois repas par jour et ne connaissent pas la faim que j’ai connue enfant. Je n’ai pas soumis mon pays et ses richesses naturelles aux intérêts étrangers», affirme Lula.

(nxp/afp)