Drame de l’émigration, Chômage des jeunes…: A quand des concertations sur la gestion des ressources humaines ?

 

Mardi dernier, la République s’est donnée rendez-vous au Centre international Abdou Diouf à Diamnadio pour discuter sur la gestion des ressources naturelles, au premier rang desquelles le pétrole et le gaz.

Le Président Sall a réitéré ce vendredi son souhait de tenir en compte toutes les préoccupations des uns et des autres. C’était lors de la fête de Korité. Une occasion qu’il a saisie pour renouvellement sa main-tendue envers la classe politique réticente pour qu’elle donne sa contribution sur ce dialogue.

Tout pour dire que ce dialogue, somme toute assez important, préoccupe beaucoup nos autorités, et à juste titre.

Toutefois et malheureusement, au même moment, le scandale du bateau de sauvetage italien ‘’L’Aquarius’’ avec ses 629 clandestins, ainsi que la mort de notre compatriote Assane Diallo abattu à Milan, probablement pour des raisons raciales, nous interpellent sur un autre dialogue, celui-là qui n’a jamais lieu, s’agissant précisément de la préservation et de l’utilisation de nos ressources humaines.

Il s’avère en effet que la population sénégalaise, faite de plus de 50% de jeunes, a besoin de larges concertations allant dans le sens de résorber ce besoin à la fois économique, psychologique et même émancipateur d’émigrer surtout dans les pays dits nantis.

Plus que le pétrole et le gaz, ce sont nos jeunes, nos ressources humaines qui sont notre plus grand patrimoine. Nous avons alors le devoir de stopper l’hémorragie en cours avec cette propension de notre jeunesse à penser qu’il faut fuir dare-dare leur pays pour espérer réussir dans la vie.

Des localités comme Thiaroye sur mer ont souffert de cette situation avec des dizaines de morts, ainsi de celles de Yarakh, Kayar, Saint-Louis, Dakar et bien d’autres.

Nous avions en effet perdu des centaines de jeunes dans la mer. Or, cette situation, dramatique à loisir, ne fait pas outre mesure objet de réflexions intenses au sein de l’Union africaine et de la Cedeao.

Il est important, à cet effet, que le Sénégal prenne les devants en lançant des initiatives dans ce sens pour que, en interne comme en externe, la réflexion ait lieu et que des mesures drastiques soient prises.

Ceux qui pensent d’ailleurs que le phénomène a des causes seulement économiques se trompent. Pour avoir été dans ces pays à un moment donné, j’ai pu me rendre compte que beaucoup de jeunes et des cadres qui ont des situations respectables, les abandonnent pour immigrer et se clochardiser.

Ils préfèrent souvent être ‘’pauvres’’ dans ces contrées que ‘’riches’’ dans leurs pays. Et c’est cela qui est inquiétant. Le soubassement culturel et/ou psychologique est important si l’on veut combattre ce phénomène. Les jeunes du Tiers-monde regardent le cinéma, la télévision où ce sont les plus belles personnes qui jouent ou présentent les programmes, et maquillées de surcroit par des professionnels. Les gens montrent les meilleurs endroits, contrairement à l’Afrique où ils ne filment que les bidonvilles. Face à ce contraste, ceux qui observent sont subjugués. Ils pensent que, pour réussir, il faut nécessairement aller dans ces pays. Là où leurs dirigeants prennent leurs vacances, envoient leurs épouses accoucher, emprunter de l’argent et courbent parfois l’échine devant leurs homologues…

C’est cela notre problème : L’attrait aux allures d’envoûtement de la civilisation occidentale sur nos jeunes. Et tant qu’il en sera ainsi, quel que soit notre niveau de développement (notion bien relative), nos jeunes continueront à abandonner leurs situations pour aller dans ces pays, qu’importe le risque.

Bien sûr, il y va aussi de la responsabilité d’immigrés qui, une fois de retour, versent dans des folies pour donner l’impression d’être de nouveaux  riches alors qu’ils ne peuvent même pas tenir pendant trois mois, financièrement parlant.

C’est alors pour déjouer tous ces pièges insidieux qu’il est important que nos autorités prennent à bras le corps ce phénomène.

Avant de craindre la malédiction du pétrole, il faudrait d’abord juguler celle qui nous frappe déjà, c’est-à-dire le drame de l’immigration avec son cortège de morts quotidiens.

Assane Samb / dakarmatin