Football – Coupe du monde: J’ai voulu voir Messi, j’ai vu Modric et Rakitic

 

Trois fois, dans ma carrière, j’ai eu l’honneur de voir Cristiano Ronaldo en vrai. Alors pour que je sois en paix avec moi-même, il convenait d’équilibrer un peu avec un autre monstre sacré du football actuel (et de toujours, finalement, l’histoire le dira certainement au final) pendant qu’il est encore temps: Lionel Messi. Pour ce faire, il y avait sans doute plus simple, mais on n’aime pas forcément la facilité à «20 minutes». Alors on s’est monté une opération commando, direction Nijni Novgorod.

Je vous l’avais déjà conté: cette ville placée à quelque 400 kilomètres plein est de Moscou n’est pas la plus joviale qui soit. Toute sa partie ouest est bouclée par les forces de sécurité et son centre-ville est presque aussi animé en soirée que celui du Brassus l’hiver quand le Marchairuz est fermé. Enfin, sauf les soirs de Mondial, quand les Croates sont contents et lorsque les Argentine ont plein de choses à noyer dans la bière comme dans la chanson.

Le pire, c’est qu’on n’a sans doute encore rien vu question sécurisation des lieux. Dans quelques heures, ce sont les Anglais qui vont débarquer sur place, pour y affronter dimanche le Panama et il faudra alors y retourner et se retaper huit heures de train pour la forme, via des arrêts aussi improbables que «Kovrov, ville de la gloire militaire» ou la sympathique gare de «Km 421». Bref, c’est le métier et sans doute un des plus beaux du monde quand on aime ça.

«La Pulga» fascine tellement donc, qu’un Chinois du nom de M. Xue a payé plus de 600 francs, quatre fois la valeur nominative d’un billet, pour le voir la semaine passée à Moscou. Sauf que ce pauvre fan s’est fait arnaquer et qu’il n’a jamais vu la couleur de son ticket. Le fautif s’est finalement arrêté et M. Xue a pu voir son idole en action dimanche dernier contre l’Islande (1-1), en passant une nouvelle fois à la caisse. Pas de chance, le quintuple Ballon d’Or était déjà passé lui aussi, mais à côté de son match et a raté un penalty… Il y a des jours comme ça.

Aller voir comment s’en sortirait Messi face à la Croatie n’était pas qu’un vieux plaisir solitaire inassouvi, loin de là. Car le petit Argentin avait une revanche à prendre contre lui-même, après avoir manqué de donner la victoire aux siens quelques jours plus tôt. Et puis, en face, il y avait aussi une des formations les plus excitantes pour ceux qui aiment le football: la Croatie. C’est aussi, peut-être la dernière qui sonne pour admirer «Leo»… Le Barcelonais a, en effet, déjà pris une fois sa retraite internationale! La prochaine sera sans doute davantage définitive et se rapproche dangereusement, tellement l’homme a vécu de désillusions en Albiceleste.

On entend toujours que l’homme ne court que quand il y en a besoin et se focaliser sur lui durant une partie peut vite devenir fascinant. Lors du premier quart d’heure de jeu, le No 10 argentin n’a dû courir que deux fois à haute intensité. La première fois, il s’est créé une occasion de but sur un ballon piqué par Meza. La deuxième fois, il était à l’avant-dernière passe sur une grosse opportunité, finalement annihilée par Lovren, de ce même milieu de terrain de l’Independiente. Je commençais à me régaler.

Sauf que les choses se sont gâtées. Messi n’a pas su où se placer dans l’étonnant et bancal 3-4-3 de Jorge Sampoli, le gardien Caballero a tenté une pichenette qu’il ne maîtrise pas et les deux génies Ivan Rakitic et Luka Modric se sont chargés du reste. Un but chacun, un régal permanent pour les yeux, des passes lasers qu’on n’avait pas vu venir du haut de la tribunes et, aussi, des statistiques qui frôlent la perfection. Pour paraphraser Thierry Roland: je n’ai pas fait le voyage pour rien.

20minutes