Afrique du Sud: Mandela aurait eu 100 ans ce mercredi.

 

L’Afrique du Sud célèbre cette semaine le centième anniversaire de la naissance de son héros Nelson Mandela.

De son vivant déjà, le prix Nobel de la paix 1993 était vénéré bien au-delà des frontières de l’Afrique. Pour avoir arraché son pays au régime raciste de l’apartheid, et renoncé à toute vengeance contre la minorité blanche, qui l’avait emprisonné durant vingt-sept longues années.

Ni brisé ni amer, il avait commencé au début des années 1990 à construire une Afrique du Sud nouvelle, une «Nation arc-en-ciel», qu’il voulait exemplaire. «Je ne doute pas un seul instant que lorsque j’entrerai dans l’éternité, j’aurai le sourire aux lèvres», avait-il dit alors, lors des premières années heureuses de sa présidence (1994-1999).

Icône de la réconciliation

Qualifié un jour d’«icône mondiale de la réconciliation» par Desmond Tutu, l’une des hautes figures de la lutte anti-apartheid, celui que ses compatriotes appelaient «Madiba» incarnait des valeurs d’autant plus universelles qu’il n’a jamais prôné ni religion ni idéologie. Juste un humanisme à l’africaine, profondément nourri de la culture de son peuple, les Xhosas.

Ni Lénine, ni Gandhi, Mandela ne s’est jamais enfermé non plus dans une ascèse révolutionnaire. Jeune homme, il aimait le sport – il fut boxeur amateur- , les costumes bien taillés, et entretenait joyeusement une réputation de séducteur.

Pleinement humain

«Loin d’assumer un rôle divin, Mandela est au contraire pleinement et absolument humain: l’essence de l’être humain dans tout ce que ce mot devrait, pourrait signifier», écrivit à son propos sa compatriote Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature.

«Il a souffert et végété en prison pendant plus d’un tiers de sa vie, pour en sortir sans un mot de vengeance», dit Gordimer. «Il a supporté tout cela, c’est évident, non seulement parce que la liberté de son peuple est son souffle vital, mais parce qu’il est l’un de ces rares êtres pour qui la famille humaine est sa propre famille.»

Ses actes, magnifiés par de semblables hommages, ont fini par créer autour de Mandela une sorte de culte qu’il n’a jamais souhaité. «L’un des problèmes qui m’inquiétaient profondément en prison concernait la fausse image que j’avais sans le vouloir projetée dans le monde», dit-il lui-même un jour à un journaliste: «On me considérait comme un saint. Je ne l’ai jamais été.»

Un élève nommé Nelson

Né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l’ethnie xhosa, le futur leader de la rébellion noire est prénommé par son père Rolihlahla: «Celui par qui les problèmes arrivent».

C’est son institutrice, conformément à la pratique de l’époque, qui lui attribue arbitrairement le prénom de Nelson, à son entrée à l’école primaire.

Rebelle précoce, le jeune Nelson commence sa vie par deux ruptures: étudiant, il est exclu de l’université de Fort Hare (sud) après un conflit avec la direction. Peu après, il fuit sa famille, à 22 ans, pour échapper à un mariage arrangé.

Et débarque, plein d’espoir, à Johannesburg la tumultueuse. C’est là que le bouillant jeune homme prend la pleine mesure de la ségrégation raciale qui segmente sa société.

Concept d’apartheid

Avec Walter Sisulu, Oliver Tambo et d’autres jeunes loups, il prend rapidement les rênes de l’ANC, pour porter la lutte contre le régime blanc, qui a «inventé» en 1948 le concept d’apartheid: le «développement séparé des races».

Après le semi-échec de campagnes de mobilisation non violentes, inspirées des méthodes du Mahatma Gandhi, l’ANC est interdit en 1960. Mandela, arrêté à plusieurs reprises, passe à la clandestinité, et décide d’engager le mouvement sur la voie de la lutte armée.

Vingt-sept ans en prison

Capturé, il est emprisonné en 1962. Et bientôt envoyé au bagne terrible de Robben Island, au large du Cap. Pendant des années, sous un soleil de plomb, dans une poussière qui va endommager ses poumons à jamais, il casse des cailloux. Sans jamais s’avilir.

Vingt-sept ans plus tard, en 1990, le voilà libre. Et c’est en homme libre qu’il négocie pied à pied avec le régime à bout de souffle l’organisation d’élections enfin universelles et démocratiques.

Symboliquement, la toute dernière apparition publique de «l’icône mondiale» n’avait pas été réservée à ses compatriotes, mais à l’humanité tout entière: il avait salué la foule le soir de la finale de la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud, en direct devant des milliards de téléspectateurs. Dans le stade de Soweto, où le monde entier s’était donné rendez-vous en décembre 2013 pour lui dire adieu.

(nxp/ats)