SARAYA : Randgold et orpailleurs de Tinkoto, c’est comme deux larrons en foire !

 

Ailleurs dans le monde, il est connu qu’entre exploitants traditionnels du métal précieux et compagnies minières, ce n’est pas souvent le parfait amour. Mais dans le permis de Randgold Resources, dans la contrée de Tinkoto, orpailleurs et industriels font bon ménage du fait de l’implication forte de l’entreprise dans la résolution des problèmes sociaux de leurs communautés voisines, quand bien même elle est toujours en exploration.

Massawa, une petite bourgade au nom dépassant les frontières du pays, le quart après treize heures n’avait pas encore sonné que notre tacot pointât son museau. Les averses de la veille ont cédé la place aux chapes de plomb d’un soleil qui nous en voulait visiblement.

Le village de Massawa a donné son nom à « Massawa Gold Project », de la compagnie Randgold Resources, présente dans les parages depuis un peu plus d’un quart de siècle. Dans la base de l’entreprise coincée quelque part entre de belles collines et une forêt luxuriante rappelant les comptes des mille et nuits de la mystérieuse Afrique, quelques employés naviguaient entre leurs bungalows et le réfectoire, histoire de se mettre quelque chose sous la dent. Aucun signe de nervosité, l’atmosphère est bon enfant, un chauffeur s’affairait au tour de sa bagnole pour déposer les techniciennes de surfaces venues des villages voisins dont Tinkoto. Tous étaient d’accord qu’entre leur boîte et les communautés riveraines, surtout les orpailleurs, il n’y a et ne saurait y avoir de problèmes.

Nous continuons notre odyssée pour vérifier tout cela et, sept kilomètres plus loin, nous arrivons au mythique village de Tinkoto. En cours de route, quelques indices de cette belle cohabitation font surface, des mômes du village de Mandancoli travaillant dans les champs accourent en tendant la main et en scandant « cadeau, cadeau ». Nous posons la question à un employé de Randgold, celui-ci nous fait comprendre que ce sont eux qui les ont habitués à cela, en leur balançant des bouteilles d’eau par ci ou de petits cartons de jus par là.

A Tinkoto, le chef de village Bambo Cissokho était absent, tout comme son adjoint Makhan Cissokho et non moins «Diouratigui », comprenez chef du site d’orpaillage. Joint par nos services pour nous faire une idée de la qualité des rapports entre la compagnie Randgold et les orpailleurs, Bambo Cissokho explique : « Vous me faites peur si vous me parlez de problèmes ou de potentiel conflit qui existerait entre Randgold et nous. Je vous vois venir, vous voulez faire allusion au projet de sondage de la compagnie dans notre couloir. Je voudrai d’ailleurs à ce sujet préciser que ce couloir officiel se situe dans le permis de Randgold, qui n’était pas obligé de nous céder cette partie. Quand la compagnie a décidé d’y opérer des sondages pour un laps de temps, elle a eu l’amabilité de nous réunir tous pour nous parler de ce projet et des risques que nous encourions si nous ne leur cédons pas momentanément cette partie. Nous avons apprécié cette démarche et donné notre assentiment et cela est dépassé maintenant. Il pourrait y avoir des difficultés si un beau jour Randgold nous demandait de quitter tout bonnement mais, tel n’est pas le cas et je salue à sa juste valeur notre cohabitation qui nous a valu beaucoup de motifs de satisfaction car, souvenez-vous, ce village était dévoré par les flammes, et c’est Randgold qui nous a redonné goût à la vie en reconstruisant le village, en y mettant deux forages, une structure de santé et une école équipées, entre autres belle interventions en faveur des toutes les couches de nos populations, et cela continue de fort belle manière ».

Makhan Cissokho, le « Diouratigui » lui emboîte le pas pour laisser entendre ceci : « Plus de dix ans de cohabitation ce n’est pas dix jours, et jusqu’ici, nous n’avons pas connu de problèmes avec Randgold. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, peut être que la compagnie pourrait être amenée à nous déguerpir de notre couloir et, si un tel cas devait advenir, il pourrait y avoir des soucis mais jusqu’ici, tout se passe bien. Par respect pour nous, les responsables de la compagnie communiquent bien avec nous sur l’essentiel de leurs projets ».

A Mandancoli, Kanouméry, Tinkoto et Massawa, les communautés soutiendront être en bons termes avec Randgold et elles invoquent le tout puissant pour que cela se consolide car, elles soutiendront dur comme fer avoir la claire conscience qu’une fois que la compagnie entre en production (et c’est un vœu pieux dans le patelin), elles bénéficieront d’une importante politique de responsabilité sociétale.

Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /