Russie 2018 : 20 supporters sénégalais sous les verrous.

 

20 supporters sénégalais sont retenus dans les prisons russes après la coupe du monde. Ils voulaient profiter de l’évènement pour immigrer dans ce pays réputé hostile aux migrants clandestins. Un de ses migrants clandestins sénégalais s’est confié au journal L’Observateur.

«Je voudrais tout d’abord dire que j’assume entièrement le fait de parler de notre situation, à visage découvert, pour que les autorités sénégalaise et nos proches sachent ce nous vivons ici. Je m’appelle Ousseynou Sow. J’ai 33 ans. Ayant appris que la possibilité d’assister à la Coupe du monde de football était offerte aux Sénégalais, je me suis dit que c’était une occasion rêvée de tenter l’émigration, une fois la compétition terminée. Maçon depuis quelques années, j’avais pu thésauriser 1 200 000 FCfa que j’ai versé pour le transport, la restauration et l’hébergement en Russie. Aussitôt après l’élimination du Sénégal, des Nigérians nous ont approchés et nous ont proposé de nous faire traverser la frontière pour rallier l’Italie.

Comme la majeure partie des candidats, je n’ai pas hésité à débourser la somme de 400 000 FCfa, pour enfin, réaliser mon souhait. Je ne saurais dire ce que les autres ont payé, mais ils ont dû casquer comme moi. Mon ambition était, bien entendu, de gagner honnêtement ma vie pour pouvoir suppléer mon père vieillissant dans les charges familiales, mais également aider mon jumeau, Assane, à me rejoindre plus tard. Hélas, le rêve que je nourrissais de travailler et d’amasser de l’argent en Italie s’est brisé sur le mur de la frontière entre l’Estonie. J’ai été arrêté sans ménagement et conduit dans un centre où je séjourne, avec 19 autres Sénégalais, depuis 2 mois et 10 jours. Je souhaite ardemment rentrer au Sénégal, mais je ne mentirai sur nos conditions de détention.

Certainement, pour la participation honorable de notre équipe nationale au rendez-vous du football mondial et le comportement exemplaire des supporters, nous sommes assez bien traités par les chefs de chambre. Les difficultés majeures auxquelles nous sommes confrontés tournent autour de la bouffe que nous ne connaissons pas, le court moment de 10 minutes qui nous est accordé pour la promenade et bien entendu, la nostalgie du pays et de nos proches. Ceux qui sont chargés de nous surveiller ont, il faut le reconnaître, de l’humanisme à revendre. C’est à partir du téléphone de l’un d’eux que je communique avec vous.»

L’Indifférence du Consul du Sénégal décriée

«ll ne fait pas de doute que nous sommes dans l’illégalité, mais un tel état de fait ne saurait justifier l’attitude du Consul du Sénégal qui, mis au courant de notre situation, aurait dit que cela ne le regarde pas. Je ne veux pas m’ériger en donneur de leçons, mais une autorité digne du nom ne devrait réagir de la sorte. Des Nigérians et Ghanéens qui étaient dans la même situation que nous ont bénéficié de l’assistance de leur Etat et sont rentrés depuis longtemps.

Quatre filles et une dame faisaient partie des candidats à l’émigration clandestine détenus dans le centre. Finalement, elles ont été relâchées et sont rentrées au Sénégal. Comment elles ont fait pour être libérées, je ne saurais le dire. Disons qu’elles sont plus chanceuses que nous.

Plus de 2 mois dans un lieu de privation de liberté et à l’étranger est certainement un mal moindre par rapport à ce que vivent d’autres, mais nous commençons à sentir les contrecoups de notre détention. Nous supplions le Président Macky Sall de nous venir en aide pour qu’on puisse rentrer dans les meilleurs délais, car nous n’avons rien à faire ici.»

IGFM avec L’Observateur