Affaire Benalla: L’ex-collaborateur de Macron attendu au Sénat

 

Alexandre Benalla, à l’origine de la plus grave crise politique essuyée par Emmanuel Macron depuis son élection, est convoqué mercredi par les sénateurs français qui attendent des réponses sur le rôle qu’a pu avoir cet ex-collaborateur dans la protection du président.

M. Benalla, 27 ans, doit être auditionné mercredi matin par la commission d’enquête du Sénat. Il avait été filmé en train de frapper un manifestant à Paris le 1er mai, alors qu’il assistait aux défilés en tant qu’observateur au sein des forces de l’ordre.

La décision de l’auditionner, malgré son inculpation pour violences en réunion, a été prise au regard notamment des «contradictions» apparues lors des précédentes auditions, selon le président de la commission d’enquête Philippe Bas (LR, droite). Mais aussi parce que l’intéressé, qui s’est exprimé à plusieurs reprises dans la presse, avait lui-même dit cet été avoir «plutôt envie» d’être auditionné.

La semaine passée, avant même de recevoir sa convocation, M. Benalla annonçait qu’il se refuserait à y répondre, puis admettait qu’il y était «contraint». Son avocat envisage toutefois de demander le huis clos, alors que toutes les auditions de la commission ont été publiques.

«Le président et les rapporteurs statueront si une telle demande est faite», s’est borné à commenter le sénateur Jean-Pierre Sueur, co-rapporteur socialiste de la commission, interrogé lundi par l’AFP.

Vive tension

La question de l’audition de l’ancien collaborateur du président français a provoqué une vive tension entre le Sénat et l’exécutif. La ministre de la Justice Nicole Belloubet a ainsi à plusieurs reprises défendu la séparation des pouvoirs, plaidant que la commission ne devait pas empiéter sur l’instruction en cours. Elle a aussi affirmé que personne n’était «dupe» de l’«instrumentalisation» politique de l’affaire Benalla.

Ce dont se défendent les sénateurs. «Nous avons beaucoup de questions à lui poser indépendamment de ce qui relève stricto sensu de la justice», «ce qui nous intéresse c’est le fonctionnement de l’État», martèle M. Sueur.

Christophe Castaner, secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement et patron du parti présidentiel, LREM, a lancé un autre type de mise en garde: une commission d’enquête qui voudrait «s’arroger un pouvoir de destitution» du chef de l’État «commettrait une faute constitutionnelle».

«Nous serons vigilants sur la séparation des pouvoirs entre le législatif et le judiciaire, comme nous sommes vigilants sur la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif», s’est défendu Jean-Pierre Sueur.

Selon le magazine L’Obs, Emmanuel Macron aurait appelé mardi le président du Sénat Gérard Larcher (LR) pour lui demander de garantir les équilibres institutionnels, estimant en substance que la commission sénatoriale sur l’affaire Benalla s’en éloignait.

Propos présidentiels hautains

Le président français, en baisse dans les sondages, est confronté à une rentrée politiquement difficile, avec une croissance plus faible que prévu. Et il a été accusé à plusieurs reprises de propos hautains sur la question sociale.

Le «Benallagate» a débuté le 18 juillet quand le quotidien Le Monde a révélé qu’un jeune homme barbu, coiffé d’un casque de policier, qui avait molesté deux manifestants le 1er mai à Paris, n’était autre qu’un proche collaborateur du président Macron.

À ce stade, la commission d’enquête n’a pas obtenu toutes les réponses à ses interrogations sur le rôle joué à l’Élysée par M. Benalla. Elle cherche en particulier à établir s’il a rempli une fonction de protection personnelle du président, ce qui relèverait d’un «dysfonctionnement» des services de l’État, cette tâche sensible étant dévolue à des unités d’élite de la police et de la gendarmerie.

Selon le chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch, supérieur direct de M. Benalla, ce dernier était chargé de l’organisation «des déplacements nationaux du président» et «des événements au palais de l’Élysée» ou encore de la «coordination» des deux services de sécurité de l’Élysée.

«On s’approche de la reconnaissance qu’il jouait bien un rôle en matière de sécurité», déclarait M. Bas à l’issue des dernières auditions. Mais «il y a toujours un refus d’admettre qu’il pouvait avoir un rôle de protection rapprochée», relevait-il. Malgré «un permis de port d’arme» et de nombreuses images où on le voit au côté du président.

(nxp/afp)