«Ce que Me Wade m’a dit au téléphone…»

 

En conférence de presse, le leader du parti Pastef/Les Patriotes a fait des révélations sur sa proximité avec l’ancien Président Me Abdoulaye Wade présentement au Qatar. Il dit avoir longuement échangé hier, au téléphone avec Me Wade sur le combat qu’il est en train de mener pour le redressement du Sénégal, sa sortie qui a suscité moult polémiques. Ousmane Sonko est également revenu sur les menaces de mort dont il fait l’objet. Non sans inviter le Président Macky Sall à assurer sa sécurité. Il a abordé le meurtre de sa militante, Mariama Sagna, et l’irruption des gendarmes au domicile de sa mère à Ziguinchor.

Echanges avec Me Wade : «Abdoulaye Wade ne mérite pas le traitement qui lui est infligé aujourd’hui. Si j’étais président de la République, je le réhabiliterais entièrement dans ses fonctions d’ancien Président. Ils(les tenants du pouvoir, Ndlr) ont sorti cette vidéo parce qu’ils ont été informés des démarches pour une rencontre et des discussions avec le Président Abdoulaye Wade. Ce matin (hier, Ndlr), j’ai discuté pendant une heure avec le Président Abdoulaye Wade. Et il m’a dit : ‘’Il faut dire publiquement que tu mènes un combat propre et tu as tout mon soutien.’’ Je peux annoncer que dans les tous prochains jours, je me rendrai au Qatar pour des discussions approfondies avec Me Abdoulaye Wade.»

Menaces de mort. «Nous avons écrit au ministre de l’Intérieur qui, lui-même, m’a publiquement menacé, pour que l’Etat assure ma protection. Espérons simplement que Macky Sall, même si j’en doute fort, aura l’élégance du Président Abdoulaye Wade qui, en 2012, lui avait accordé cette même protection. A défaut, nous avisons toute l’opinion nationale et internationale, que tout ce qui nous arrivera, sera de la responsabilité exclusive de Macky Sall et son régime. Aujourd’hui, on agite des arguments de terrorisme tantôt, demain de violence, après-demain d’argent illicite ou de drogue. Nous n’excluons qu’ils profitent de nos événements pour s’introduire chez nous afin d’y glisser quelques substances prohibées et faire ensuite débarquer les limiers. A la seule évocation du nom de Ousmane Sonko, ce sont des hystéries globales au cœur du Palais. Je ne réponds pas aux attaques des petits gigolos. Macky Sall est mon interlocuteur direct.»

Assassinat de Mariama Sagna. «Un personnage influent du parti au pouvoir (Apr) a franchi le Rubicon, en déclarant que la victime, Mariama Sagna, a été retrouvée avec de fortes sommes d’argent. Comment a-t-il pu accéder à une telle information au sujet de sommes d’argent que les enquêteurs eux-mêmes n’ont pas vues ? Etait-il de connivence ou en communication avec les présumés meurtriers pour avoir cette fausse information ? Dans les Procès-verbaux (Pv) de la Gendarmerie, il n’est nulle part mentionné que de l’argent a été trouvé chez la défunte. Le strict minimum dans un Etat de droit serait que cette personne soit convoquée. Pourquoi le Procureur ne convoque pas cette personne ? C’est parce qu’elle appartient au régime. Et dans ce pays quand vous appartenez au régime, vous pouvez vous permettre de tout. Vous pouvez insulter qui vous voulez, détourner de l’argent et il n’y aura pas de suite. Pis, un autre allié du pouvoir a fait une sortie médiatique pour affirmer connaître le meurtrier. Il y a des éléments d’une stratégie organisée pour écarter la candidature de Ousmane Sonko à l’élection présidentielle. Nous ne prenons pas toutes ces déclarations à la légère. Elles participent d’un vaste complot ourdi par le régime de Macky Sall pour nous écarter de la course aux moyens de machinations judiciaires. Dans un contexte de douleur, si on entend certaines déclarations politiques, cela suppose que ces personnes n’ont pas compati. C’est le lieu de féliciter la Gendarmerie nationale pour son excellent travail. Puisqu’au jour d’aujourd’hui, il semblerait que tous les suspects ont finalement été appréhendés. Sur le principe, autant nous félicitons la Gendarmerie, autant nous déplorons l’attitude du procureur de la République. Il y a la précipitation du Parquet de vouloir communiquer sur ce dossier (mort de Mariama Sagna, Ndlr), alors qu’il y a énormément de crimes en cours d’instruction de traitement sur lesquels, il n’y a pas eu de conférences de presse. Je tiens à rappeler que le procureur de la République est rattaché au Procureur général qui, lui-même, reçoit ses instructions de la Chancellerie, donc du Président Macky Sall directement. Le Parquet s’est empressé de qualifier le mobile, alors que l’assassin présumé n’était pas mis aux arrêts. Le Procureur s’est empressé de déclarer sur un ton péremptoire qu’il n’y aucun mobile politique à ce crime.»

Gendarmes au domicile de sa mère. «Il y a des éléments de stratégie pour écarter le candidat Ousmane Sonko de la course. J’insiste, je signe et je persiste, malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur, il y a eu l’intervention d’un gendarme reconnu, identifié. Je ne fais pas un focus sur ce gendarme qui n’est qu’un agent qui agissait sous ordre. Ce qui nous intéresse, c’est qui est derrière ce gendarme, accompagné d’autres et d’un chauffeur qui se sont rendus à mon domicile familial (à Ziguinchor) pour se livrer à un harcèlement et réclamer nos fiches de parrainage. Après leur intervention auprès des responsables politiques en charge de la collecte des signatures, ils sont retournés à la Caserne avec des renseignements. Les officiers de police judiciaire ont procédé à l’audition des responsables politiques et un procès-verbal en a ainsi été dressé et signé de façon obligée par les responsables politiques de Pastef en l’absence d’avocats. La stratégie consistait à procéder à une arrestation des responsables qui seraient mis en garde à vue puis déférés au Parquet. Sous ce prétexte, moi-même Ousmane Sonko, j’allais être interpellé. Nous avons constitué un avocat en la personne de Me Djiby Diagne, pour endiguer cette stratégie. La Gendarmerie précise que les responsables de Pastef ont été entendus dans le cadre normal de la procédure. En effet, il s’agit d’une forfaiture et nos avocats y travail pour la manifestation de la vérité et pour le respect des principes de la démocratie. Ainsi, une citation directe a été servie à tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire et l’audience sera convoquée le 7 novembre 2018 à Ziguinchor. Nous les poursuivrons pour association de malfaiteurs, violation de domicile, voie de faits et abus d’autorité.»

iGFM