Une candidature si différente… (Par Amadou Tidiane Wone)

 

 

Au Sénégal, pays des hommes futés, le ballet dont la finalité est toujours le passage de l’opposition au pouvoir, est de plus en plus élaboré. Les pas qui le rythment sont de plus en plus sophistiqués. La chorégraphie des valses, dont les rondes finissent toujours à la salle des banquets du Palais de la République est de plus en plus complexe. Quoique la chute en soit toujours prévisible ! La salle des banquets… Tout un programme ! Dans une ambiance carnavalesque de hontes bues, de dédits et de trahisons nocturnes, les zéros du jour convoient, avec un fort renfort de « Ndiaga Ndiaye », des foules sans convictions, qui se déchireront à la faveur de l’enveloppe présidentielle, sensée pourtant sceller des retrouvailles. Cette déchéance mercantile de la politique est favorisée par le morcellement extrême de l’opposition, avec pour effet l’atomisation de ses forces jadis significatives. Les partis politiques historiques, notamment de gauche, en sont réduits à des appareils désincarnés, sans âmes. Or, il en faut. Même en politique ! Les partis, dits de masses, ont donc fini par imposer leur conception quantitative du militantisme. Plus on « mobilise » selon le terme consacré, plus on existe politiquement. Sauf que les « mobilisations » ne sont pas des adhésions. Tout au plus des voyages organisés pour les nombreux oisifs qui symbolisent l’échec de notre système éducatif et la faillite de nos politiques d’emplois. Tout cela a pour conséquence une perte de sens de l’engagement en politique, ainsi que la démotivation des militants authentiques remplacés par des « mange-mil » et des rentiers, des courtiers et des contrebandiers de suffrages… La foire aux parrainages en cours, orchestrée par le pouvoir offre, à cet égard, des anecdotes comiques si elles n’avaient des conséquences dramatiques sur la moralité voire la mortalité de notre système politique.

Dans la fièvre croissante de l’imminence de l’élection présidentielle de février 2019, les enchères explosent en effet ! Les zélateurs de tout poil rivalisent d’ardeur à trouver des « moyens », mot fétiche qui légitime toutes sortes de détournements et de compromissions. Mot sacré et consacré pour circonvenir les « porteurs de voix » , comme on dit chez nous, sans pour autant démontrer comment … A ne pouvoir suivre cette frénésie dépensière, le doute s’installe dans certains états-majors de l’opposition qui découvrent la face hideuse des coulisses de la politique : les achats de conscience, les menaces, la corruption etc… Alors, pour boucler la boucle, certains dirigeants qui manquent d’épaisseur se diront poussés par leurs bases (sic) à les convoyer vers la salle des… banquets. Le seul mur des lamentations politiques si prompt à exaucer les prières financières et à soulager la misère militante. En espèces pour la plèbe, en postes et autres sinécure pour les dirigeants. « Qui est fou ? » vous diront certains déshonorés, le regard vide…
En définitive, on devrait de plus en plus parler des oppositions tant les approches et les impostures( !) sont diverses, multiples et… déroutantes ! Il y’aurait ainsi 97 prétendants potentiels à la magistrature suprême du Sénégal.

Il y’a environ 300 partis politiques et surement autant d’organisations de la société dite civile… un seul enjeu, le Pouvoir et aussi… les fonds politiques ?

Mais qui sont tous ces braves gens qui veulent tous notre bonheur ?

Esquissons une nomenclature grossière du landerneau politique sénégalais : Il y’a d’abord les partis historiques et leurs appendices, nés de scissions successives au gré de la volonté de puissance de seconds couteaux désireux de jouer les premiers rôles, ou simplement mus par leurs intérêts à court terme. Il y’a, depuis peu, des chevauchées solitaires de hauts fonctionnaires qui s’insurgent au départ contre la conduite des affaires de l’Etat dans leur domaine d’activité. Ils finissent par élargir leur champ d’action en s’engageant en politique. Il y’a les lanceurs d’alertes d’avant, ainsi que les chroniqueurs d’alors, qui finissent par se demander s’ils ne feraient pas mieux que les acteurs qu’ils jugent. Certains sont devenus d’ailleurs des pantouflards au sommet, ils se caractérisent par un silence assourdissant face à la multiplication des dérives qui leur faisaient pousser des cris d’orfraie. Il y’ a les « retenez moi ou je fais un malheur ! » Ils sont au pouvoir mais ne s’estiment pas traités à leur juste valeur, ils hantent les médias, ils éructent et menacent, ils sont juste des épouvantails qui jouent à nous faire peur. Épouvantables… Il y’ a les aventuriers riches ou pauvres. Ils se promènent en politique. Juste pour voir et se faire voir. En cas d’échec, ils retourneront à leurs affaires ou à leurs misères. L’aura d’anciens candidats à la présidentielle en prime. Il y’a les hommes d’affaires tombés en politique. Ils sont liquides, très liquides. Sans attirer des foules, ils existent par les médias qui les suivent comme les abeilles butinent un champ de fleurs Et puis il y’a, au milieu de tout ce capharnaüm les lobbies : des communicateurs traditionnels aux chefs religieux, en sus des affairistes et entremetteurs en tous genres, des footballeurs retraités aux chanteurs en vogue, puis des lutteurs vieillissants aux péripatéticiennes en mode camouflage. Toute cette faune veille à ce qu’une part du gâteau lui soit garantie quel que soit le régime. Ils sont ceux qui savent prendre les couleurs du jour. Sans états d’âmes. Jamais perdants. Toujours gagnants. Toutes ces composantes ont en commun un intérêt pour le Pouvoir, son exercice ou la jouissance de ses avantages. A y regarder de près, la cause du Peuple n’est pas au cœur de leurs préoccupations. C’est pour cela que les radios et télévisions, ainsi que les nouveaux médias, sont pris d’assaut par toutes sortes d’individus qui prennent la parole sur tous les sujets de proximité qui sont au cœur des attentes des citoyens. Ils sont écoutés, sinon subis par tous. Il y’a enfin, avec l’avènement de WhatsApp, de nouveaux tribuns. Un nouvel art oratoire s’est en effet développé, donnant la parole aux 70% de non francophones que compte notre pays. On s’en réjouirait si le discours majoritaire n’était pas déviant. Avec comme catalyseur de l’audimat, l’outrance et la démesure : Plus c’est gros et plus ça passe ! Et plus on partage… « partazeleeen ! » hurlait l’un des plus célèbres de cette nouvelle profession…Tant qu’ils déversent la bile des oubliés du système, ces nouveaux tribuns fascinent. On s’esclaffe dans les chaumières, on en sourit dans les salons, on s’énerve en haut lieu mais on s’accommode tous d’une dévalorisation de la parole publique. Tant qu’elle ne reste que parole… Pendant ce temps la Politique, au sens élevé du terme, s’est vidée de sa substance honorable pour investir le champ calculateur des fonctions à occuper et des avantages à partager. Il n’est plus question de… mourir pour la patrie, encore moins pour des idées. Il n’est question, à notre époque, que de jouissance et de réjouissances ! A tous les niveaux. Et pourtant, la vie politique mériterait un autre sens. Plus spirituel. Plus intellectuel. Moins matériel. Moins véniel, moins lubrique.
Par la magie des réseaux sociaux, je devrais dire le sortilège, les mythes tombent donc les uns après les autres. Les faiblesses des personnalités publiques s’étalent au grand jour. Aucun mot de trop n’a de chance, désormais de tomber dans l’oubli. Des vidéos assassines se chargeront de vous les rappeler et de les mondialiser. Il va falloir se méfier même de ses confidents ! Triste époque où l’on ne peut plus converser avec insouciance. Toujours rester sur ses gardes. Gare à la traitrise des compagnons de belote. Ne rien dire qui puisse être retenu contre soi est devenu impératif. Ah ! Ces objets dits intelligents qui devaient nous simplifier la vie et qui nous la complique. Ah ces réseaux, dits sociaux, qui minent la société et distendent les relations… humaines.

Ce tableau apocalyptique pourrait-être cependant le prélude à un big bang salvateur, si la majorité silencieuse sait se dresser et se mobiliser pour changer le cours de l’Histoire de notre pays. Et remettre sur les rails un train du progrès conduit par des élites décomplexées et courageuses, lucides et prêtes au sacrifice. Il faut qu’une majorité d’hommes et de femmes de notre pays se disent, en un sursaut refondateur : ma voix compte!

Cela est l’enjeu crucial de la prochaine élection présidentielle de février 2019. Il va falloir se donner les moyens de poser le débat Politique de la prochaine campagne électorale dans des termes qui sollicitent la réflexion et élaborent des propositions concrètes, innovantes et alternatives à toutes les errances depuis 60 ans. On ne doit, sous aucun prétexte, laisser notre pays dériver vers des lendemains périlleux. Par paresse ou par lassitude. Chaque voix doit dire et défendre un choix de société avec, en ligne de mire l’avenir et la sécurité de nos enfants. Sans tambours ni tamtams…

C’est à cet égard que j’invite les sénégalais à examiner attentivement une candidature différente… Je les appelle à entendre le silence de mon candidat le Président Cheikh Hajibou SOUMARE. Un silence qui détonne dans une atmosphère de surenchère verbale. Un silence studieux et de travail en profondeur sur les défis complexes qui attendent un futur Président de la République. Le cap du parrainage passé, le moment de partager les fruits des cogitations en cours viendra. L’agitation n’est pas nécessaire à qui mesure l’ampleur du chantier. Le spectaculaire n’est pas à l’ordre du jour… C’est de sueur et de labeur dont il sera question. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » disait la fable…

C’est pourquoi et d’ores et déjà, je lance un appel à tous ceux qui veulent s’engager, pour un mandat de missionnaires au service du Sénégal, à rejoindre une coalition large et puissante qui fera la différence. En engageant résolument les ruptures et les changements nécessaires. Avec intelligence. Sans jactances ni bravades intempestives, mais avec une claire conscience des écueils et des vents contraires. Il nous faut, ici et maintenant, consacrer une majorité sociale forte qui doit s’exprimer à travers le soutien à une candidature consensuelle de rupture et de mission. Pour remettre de l’ordre et redonner du cœur à l’ouvrage à tous, soutenons le Président Cheikh Hajibou Soumaré. Tant son parcours que son tempérament l’y prédisposent. Il fera le job, sans vanité, mais avec l’abnégation d’un grand commis de l’Etat. J’en suis davantage convaincu. Jour après jour.

Avec Habibou, jusqu’au bout ! Incha Allah.
Amadou Tidiane WONE