Cri de colère

 

Depuis plusieurs mois, les infirmiers et les médecins sont en grève au Sénégal. Et ils ont sans doute leurs raisons. Mais ils ne traitent plus que les urgences. En cette période d’hivernage où le paludisme sévit de façon sévère, c’est le désespoir dans les villages sénégalais où les populations n’ont pas les moyens ni matériels ni financiers de consulter un médecin de ville.

A Colibantan, la semaine passée, un enfant de 2 ans est décédé du palu. À cause de la grève, il n’y a pas eu de campagne de prévention et de nivaquinisation contre le palu cette année dans le village. Une campagne qui avait pourtant donné de très bons résultats les années passées réduisant de manière très significative le nombre de palu graves et de décès.

Pas de campagne, car la grève. Des soins réduits car la grève. Les infirmiers et les médecins en grève ne traitent que les cas d’urgence. Il faut donc être presque mort pour être soigné ! Et tant pis pour ceux qui ne semblaient pas être un cas urgent et qui ne le seront désormais plus. La mort les ayant emporté. Merci la grève. Merci les infirmiers et les médecins.

Car les victimes sont une fois de plus les populations les plus fatiguées et les plus précarisés. Victimes innocentes et silencieuses d’un système où les intérêts fussent-ils légitimes passent avant le serment d’hippocrate et l’éthique.

Vive le Sénégal et les grèves à répétition qui tuent à petit feu les espoirs des élèves et la vie des populations.

Bruno Briand Sotin  / www.tambacounda.info /