[CONTRIBUTION] Lettre ouverte au président Macky SALL : Tambacounda va mal, le compte n’y est toujours pas pour l’émergence…

 

Monsieur le Président,

Au moment où vous apprêtez à fouler le sol de notre très chère région, Tambacounda, je me permets de vous adresser ce cri du cœur au nom des populations de Tamba. Je me permets d’être le porte-voix de cette masse silencieuse et marginalisée de l’émergence tant chantée, mais qui reste digne et fidèle. Cette même population, qui, depuis votre accession à la magistrature suprême a fait le choix de vous accompagner en votant toujours massivement pour votre majorité. Il parait aussi que la fidélité ne paye pas, certes, mais elle le restera, c’est son ADN.

Monsieur le président, savez vous que la jeunesse tambacoundoise est laissée à elle-même ? L’écrasante majorité de cette jeunesse passe son temps autour des « 3 normaux », histoire de tuer le temps, sans perspective d’avenir, sauf qu’à devenir d’éternels « jarkatamen » qui frotte chaque jour au danger de la circulation.

Monsieur le président, savez-vous que ma chère région est privée de tout ce qui rendrait une ville dynamique et attractive ? La Sodefitex étant dans une situation de sommeil artificiel. Nous ne pouvons pas développer une région si le paquet n’est pas mis sur la formation et l’employabilité de sa jeunesse.

Monsieur le président, j’espère que les notabilités de notre Ville, notamment ceux à qui les populations ont porté la charge de la gestion locale, auront le courage de vous conduire aux abords de la gouvernance afin que vous visitiez notre sous-préfecture, une honte pour un Etat qui fait du patriotisme son crédo, le bâtiment menace ruine. Et, faites changer ce drapeaux national, déchiré et sale qui flotte sur certains bâtiments publics, c’est une insulte à la République.

Monsieur le président, je vous prie de bien vouloir visiter le mouroir de Tambacounda, juste à 2 pas de l’aérodrome où se posera votre avion, et ne détournez surtout pas votre regard, vous verrez dans les yeux des « impatients » de l’hôpital régional la crainte, oui la crainte d’y passer faute de plateau technique relevé. Ils sont impatients de quitter ce lieu où guérison se joue à coup de chance.

Monsieur le président, savez vous que la quasi-totalité des quartiers périphériques de Tamba sont sans éclairage public ? Il parait que la mairie n’a pas les moyens de faire ce minimum, mais essentiel pour la sécurité des populations. Comment peut-on négliger une région aussi stratégique comme Tambacounda qui fait frontière avec au moins 4 pays, dans un contexte de terrorisme dans la sous-région ?

Son excellence, Monsieur le président de la République, pouvez-vous nous dire où en sommes nous du projet d’Université du Sénégal oriental, les premières pièrres posées depuis, ont été rasées par les eaux de pluie. Et votre ministre de l’enseignement supérieur n’a pas jugé utile de répondre aux interpellations légitimes des Tambacoundois, notamment celles du « Collectif Tambacounda Debout » à propos du calendrier des travaux. Quel mépris. Nous avons le cœur brisé lorsque nous constatons que certains de nos frères et sœurs de Tamba sont obligés de renoncer aux études supérieures fautes de moyens et d’attache familiale dans les zones universitaires. Cette Université du Sénégal oriental est essentielle pour notre région. Nous y tenons Monsieur le président. Nous tenons aussi à ce qui la future implantation industrielle pour l’exploitation de l’or du Falémé soit installée à Tamba, c’est fondamental pour le développement de notre région.

Aussi, nous avons dû attendre 6 années pour voir enfin les travaux de l’axe Tamba-Bakel démarrer, après tout, « oudé noumou la guissé nonou lalay euwalé ». Les députés issus de notre région ne comprenant ni la portée ni le sens de leur mission, nous seront évidemment toujours les derniers servis. En attendant, mes parents du Boundou vont continuer leur « jégui siraate » sur cet axe.

Monsieur le président, pouvez vous regarder les tambacoundois les yeux dans les yeux est leur confirmer que les engagements issus du conseil des ministres délocalisé tenu dans notre Ville, en avril 2013, ont été tenus ? je n’en suis pas certains, car le compte n’y est pas, et c’est un euphémisme.

Nous avions cru à l’émergence, mais permettez nous d’en douter aujourd’hui, nous constatons que nous n’en faisons pas partie. Nous disons « fièrement » que Tambacounda est une ville oubliée. La seule émergence que nous connaissons ce sont les opérations de distribution de billets de 5000 ou 10000 francs aux « nécessiteux », nous en remercions d’ailleurs tous ces responsables politiques qui pensent que l’ambition des Tambacoundois se limite à cela.

Néanmoins, nous vous disons bienvenue à Tambacounda, « dalal ak jam ». Un accueil très chaleureux vous sera réservé, comme d’habitude, parce que c’est ce que nous savons faire. Cependant, nous n’avons point de place publique comme celle de la Nation à Dakar, pour vous montrer combien nous sommes heureux de vous voir, combien nous avons encore de l’espoir pour une émergence de Tambacounda. Aussi, votre délégation ne pourra pas humer l’air frais de jardin public, parce que nous n’avons aucun espace vert, nos élus locaux manquent de vision.

Pour finir, Monsieur le président, j’ai un vœu à vous adresser, le Lycée Mame Cheikh Mbaye de Tamba est dans un piteux état, je vous demande de bien vouloir remédier à cette indignité. Un dernier vœu, Monsieur le président de la République, certains établissements publics sont toujours en chantier depuis au moins 5 ans, aidez nous à les achever, vous avez mis l’éducation nationale au cœur de vos politiques publiques, je ne doute pas donc que le nécessaire sera fait.

Monsieur le président de la République, vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez « aux dossiers Tambacounda », je vous prie d’agréer l’expression de mes respectueuses salutations.

Bienvenue dans un Tambacounda Debout !

Pape Bocar DIALLO

Diplômé en Droit et Science Politique

Université Paris XIII

bdiallob@gmail.com