Bombardier : «J’ai pris un énorme risque»

 

A un mois, jour pour jour, de son prochain combat en Mma (arts martiaux mixtes) contre le Polonais Wojciech Buliński (13 victoires, dont 3 par Ko et 2 défaites), le lutteur sénégalais Bombardier respire la confiance. Le B52 de la lutte avec frappe qui est un novice (1 victoire) dans ce sport de combat, a fait face à la presse hier pour la présentation du gala du 16 décembre prochain au stadium Marius Ndiaye.

Après une entrée en lice dans le Mma réussie face à Rocky Balboa qui, à la base, n’est pas un vrai combattant dans cette discipline, vous allez vers votre premier vrai combat de Mma. N’est-ce pas un gros challenge ?

Je suis un homme de défi. J’aime toujours être le premier à faire l’inédit. Je suis le seul à être sacré deux fois roi des arènes en lutte avec frappe. Je suis le premier à aller faire un combat de lutte à Bercy, en France. Et là, je suis le premier lutteur sénégalais à me lancer dans le Mma, notamment avec un combat contre Rocky Balboa qui a eu lieu en Suisse. C’est ce combat là qui m’a permis aujourd’hui d’être reconnu dans cette discipline où je compte faire carrière. L’ambition est de faire connaître le Mma aux Sénégalais. Ça se fera à travers un grand événement qui aura lieu le 16 décembre prochain.

Autant vous avez eu un combat facile face à Balboa, autant vous êtes cette fois tombé sur du lourd. Bulinski est un champion confirmé qui a fait 14 combats de Mma ?

En sport de combat, il ne faut pas s’attendre à des choses faciles. Il faut toujours se mettre dans la tête qu’en face, l’adversaire ne te fera pas de cadeaux. Mais le plus important, c’est que je fais tout pour rendre le combat facile pour moi. Je me prépare depuis 4 mois avec beaucoup d’exigence, parce que j’ai un adversaire de taille et un grand défi à relever. L’adversaire est un géant de 2m6 sur 150 kg, qui a de l’expérience en plus.

Et pour la première fois, vous allez affronter un colosse qui a le même gabarit que vous. Ça sera un avantage ou un inconvénient ?

C’est ça qui va donner du piquant au combat. Cette fois, j’aurai en face de moi un colosse qui est même plus géant que moi. Cette fois, on ne dira pas que j’ai une proie facile, mais on dira que Bombardier a pris un gros risque. Le public va se déplacer parce que c’est ce qui fera le charme du gala. Si j’ai pris ce risque, c’est pour montrer de quoi je suis capable. On me dit que le combat contre Balboa était trop facile. En voilà un combat difficile.

Vous n’avez pas peur d’être battu à domicile et voir vos chances de faire carrière dans le Mma s’amoindrir ?

C’est un énorme risque que je prends là. C’est ça la difficulté du sport de combat. On prend toujours des risques pour percer. Si on cherche la facilité, on n’avance pas. Je dois confirmer que j’ai ma place dans le Mma.

Dans la préparation de ce combat, est-ce que vous vous êtes donné les moyens de préparer un vrai combat de Mma ?

Bien sûr, parce qu’avant de me lancer dans cette discipline, je me suis inscrit dans un club de Mma qui est à Montpellier. Je pratique cette discipline depuis 2010, donc je suis assez outillé pour ça. Je maîtrise le règlement, je connais tous les champions qui sont au top. Bulinski, j’ai visionné ses combats. Je le connais bien.

Est-il prenable ?

Bien sûr. C’est un Polonais. Le Sénégal avait battu la Pologne pour son match d’ouverture de la Coupe du monde de football Russie 2018. Je vais faire de même dans le Mma.

Est-ce que cet engagement pour le Mma veut dire que vous préparez votre reconversion, car il ne vous reste que quelques années (3 ans) dans la lutte avec frappe ?

Un autre défi m’attend en lutte avec frappe sénégalaise, c’est de reprendre la couronne du roi des arènes pour la troisième fois. J’en parle comme ça, j’ai l’impression que les gens ne me prennent pas au sérieux, mais s’il plait à Dieu, ça va se faire. J’y travaille et j’y crois fermement.

Vous avez déjà fait le deuil de la défaite face à Eumeu Sène ?

En lutte avec frappe, la roue tourne. Et ça va vite. Quand Eumeu Sène s’est fait battre en 2014 par Modou Lô, si on lui avait dit qu’il deviendra roi, il n’allait pas le croire. Un champion se construit après une défaite. La défaite face à Eumeu Sène, je l’ai digérée et aujourd’hui, je me suis fixé un nouveau challenge : reprendre le titre de roi avant d’arrêter. Je fais partie du carré d’As.

En attendant d’aller chercher le titre, qui sont vos potentiels adversaires du moment ?

Actuellement, Eumeu Sène est roi et attend le vainqueur entre Balla Gaye 2 et Modou Lô. Ces deux derniers ont été mes victimes. Imaginons qu’Eumeu Sène perde la couronne face à Balla ou Modou Lô. Celui qui deviendra roi entre ces deux derniers, voudra bien effacer la tache que je lui ai collée à son palmarès. A ce moment, je ne raterai pas l’occasion de reprendre mon bien.

Sauf que l’âge ne vous attend pas ?

J’ai 42 ans, mais dans ma tête, j’ai moins de 30 ans. Sur le plan physique et mental, je me sens comme un jeune de moins de 30 ans. Voilà pourquoi je suis contre la limite d’âge (45 ans) imposée en lutte avec frappe. J’ai 42 ans, donc il me faut réussir ce défi dans les trois prochaines saisons.

IDRISSA SANE/ iGFM