France: Michel Fourniret a été condamné à la perpétuité.

 

Michel Fourniret a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité vendredi pour l’assassinat de Farida Hammiche. Il a tué la femme d’un ex-codétenu du tueur en série afin de lui dérober le magot du «gang de postiches». Son ex-femme, Monique Olivier, a elle été condamnée à 20 ans pour complicité.

Ces condamnations viennent se confondre avec celles déjà prononcées contre le couple en 2008 pour le meurtre de sept femmes et jeunes filles pour lesquels Michel Fourniret a été condamné à la perpétuité réelle et Monique Olivier de la perpétuité, avec 28 ans de sûreté.

La cour d’assises a partiellement suivi les réquisitions du ministère public qui avait demandé la peine maximale pour les deux accusés. Monique Olivier a été condamnée à 20 ans notamment en raison de «ses aveux passés», qui ont permis de révéler l’affaire a précisé la cour.

Vol d’or

Les quatre jours de ce procès «hors norme» comme l’a qualifié Yolaine Bancarel, l’avocate de la famille Hammiche, n’auront toutefois pas permis de lever le voile sur la principale zone d’ombre, à savoir l’endroit où Michel Fourniret a dissimulé le cadavre. Cet assassinat est le seul crime crapuleux imputé jusque-là au tueur en série, afin de dérober à la victime un stock d’or, déterré dans un cimetière du Val-d’Oise par Farida Hammiche et l’accusé.

C’est le braqueur Jean-Pierre Hellegouarch, mari de Farida Hammiche et ancien compagnon de cellule de Fourniret, qui leur avait révélé le lieu de la cache, alors qu’il se trouvait lui-même sous les verrous.

Ce trésor aurait pu appartenir au «gang des postiches», une célèbre équipe de braqueurs des années 1980, sans que cela n’ait jamais pu être établi avec certitude.

Un «jeu»

Fourniret, 76 ans aujourd’hui, «c’est celui qui s’amuse, c’est celui qui joue» mais c’est surtout «celui qui, sans elle, n’est rien», a insisté Me Bancarel, plaçant Monique Olivier, 70 ans, au même niveau de responsabilité.

Tout au long du procès, l’ex-femme du tueur en série a éludé les questions, rejetant la responsabilité sur son co-accusé, minimisant son rôle, les yeux souvent rivés au sol. «Je la regarde depuis le début. Vous l’avez vue ciller pendant ces quatre jours?», a demandé Me Bancarel aux jurés. «Quelle a été son attitude? Pas de voix chevrotante, pas de larme, aucune émotion», a détaillé l’avocate.

Pour autant, «Monique Olivier est toujours connectée à notre monde», a souligné son avocat, Richard Delgenes, demandant aux jurés d’opérer une distinction avec Michel Fourniret. Il a rappelé qu’en 2008 devant la cour d’assises des Ardennes, «on a fait une différence» puisque Monique Olivier n’a pas écopé de la perpétuité réelle comme son ex-mari.

«La banalité du mal»

Michel Fourniret a lui endossé le costume du «dingue» et du «sale type» comme il s’est lui-même décrit jeudi lors de son interrogatoire sur le fond. Il parle par énigmes, hurle parfois avant de se calmer tout aussi vite. Et continue de narguer les parties civiles en restant évasif sur le lieu où il a dissimulé le corps de Farida Hammiche, jamais retrouvé. Sur la manière dont il l’a assassinée, il a joué de sa mémoire «vieillissante».

«Vraisemblablement par étranglement», a-t-il avancé, sans émotion. Michel Fourniret, c’est «la banalité du mal», a insisté dans sa plaidoirie Didier Seban, avocat de Jean-Pierre Hellegouarch, ancien braqueur et veuf de Farida Hammiche. L’avocat de Fourniret, Grégory Vavasseur, a reconnu que «les parties se retrouvent sur un point: la calamité d’un parcours judiciaire assez incroyable». «Tout ce que je dis est parfaitement inutile», a-t-il insisté, soulignant quand même la sévérité d’une peine de perpétuité pour un meurtre crapuleux.

«M. Fourniret est hanté par trop de fantômes et sa peine, elle n’est plus judiciaire», a plaidé Me Vavasseur. «Dans sa solitude absolue, il ne lui reste que deux compagnons, un jeu d’échec avec lequel il joue contre lui-même et quelques pages blanches éparses qu’il noircit, comme il a noirci sa propre existence. M. Fourniret a déjà pris perpétuité, il sera perpétuellement face à une ombre».

(nxp/ats)