Affaire Khashoggi: Ryad dément les conclusions de la CIA

 

Les conclusions de la CIA selon lesquelles le prince héritier d’Arabie saoudite Mohamed ben Salman (dit «MbS») a ordonné l’assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi sont complètement fausses. Le ministre saoudien des Affaires étrangères l’a affirmé mardi.

Rapportées dans un premier temps par le Washington Post avant d’être confirmées à Reuters de source proche du dossier, les conclusions de la CIA sont à ce jour l’assertion la plus formelle associant «MbS» à la mort de Khashoggi. Le journaliste a été tué dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie) le 2 octobre.

Le mois dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan, détaillant les résultats de l’enquête turque sur la mort de Jamal Khashoggi, a déclaré que de solides preuves démontraient que le meurtre du journaliste avait été planifié. Des propos qui contredisaient déjà la version des événements livrée alors par Ryad.

Des «fuites», pas une «annonce officielle»

«Nous rejetons entièrement» les conclusions de la CIA, a déclaré Adel al-Jubeir dans un entretien au journal Al Sharq Al Awsat, propriété du royaume. «Il s’agit de fuites et non pas d’une annonce officielle, et je remarque que le rapport de la CIA est basé sur une évaluation et non pas sur une preuve concluante», a-t-il ajouté.

Ankara a assuré à Ryad que le président Erdogan ne visait pas le prince héritier Mohamed ben Salman lorsqu’il a déclaré que le meurtre de Jamal Khashoggi avait été ordonné par les plus hautes sphères du royaume wahhabite, a-t-il ajouté.

Le frère cadet en vue

Par ailleurs, des membres de la famille royale saoudienne s’activent pour empêcher le prince héritier Mohamed ben Salman d’accéder au trône à Ryad, ont dit à Reuters des sources proches de la Cour royale. Plusieurs dizaines de princes et cousins de la puissante branche Al Saoud de la famille royale veulent un changement dans l’ordre de succession mais n’agiront pas tant que le roi Salman, âgé de 82 ans, est toujours vivant. Il est en effet peu probable, ont précisé ces sources, que le roi Salman tourne le dos à son fils préféré.

Les membres de la famille royale qui ne veulent pas de «MbS» à la tête du royaume envisagent la possibilité que le prince Ahmed ben Abdoulaziz, frère cadet du roi Salman âgé de 76 ans, accède au trône après le décès de l’actuel roi. D’après l’une des sources, le prince Ahmed, aurait le soutien de membres de la famille royale, des services de sécurité et de plusieurs puissances occidentales. Ni le prince Ahmed, ni ses représentants n’ont fait de communiqué sur les informations rapportées par Reuters.

Ascension fulgurante

Mohamed ben Salman, 33 ans, a connu une ascension fulgurante depuis qu’il est sorti de l’ombre en 2014. Il a évincé en juin 2017 son cousin et aîné, le prince Mohamed ben Nayef, qui était promis au trône et occupait le poste de ministre de l’Intérieur.

En novembre dernier, «MbS» a lancé une spectaculaire purge anti-corruption touchant les plus hauts cercles de la famille royale et des milieux d’affaires. Parmi les personnalités arrêtées figuraient le prince Miteb ben Abdallah, alors relevé de ses fonctions par la très puissante Garde nationale.

(nxp/ats)