Me Assane Dioma Ndiaye :”Macky a proféré de réelles menaces contre la société civile”

 

 

C’est à Diourbel que Me Assane Dioma Ndiaye a répondu, ce lundi, au Président Macky Sall après ses propos que le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) considère comme des menaces contre la société civile. Le droit-de-l’hommiste s’est confié à Seneweb dans cet entretien exclusif.

Seneweb : Assimilez-vous les récents propos du Chef de l’État à des menaces à l’endroit de la société civile ?

Me Assane Dioma Ndiaye : Le Président Macky Sall a proféré de réelles menaces contre la société civile. Quand un Président de la République va jusqu’à citer nommément un défenseur des droits de l’homme et le qualifie de cagoulard, et que quelques jours plus tard on convoque des bailleurs de certaines ONG à la police, c’est du harcèlement et même des entraves à l’action de la société civile. Et d’ailleurs, l’organisation mondiale contre la torture (Omct) qui s’occupe des questions liées à des menaces et toutes sortes de persécutions contre les défenseurs des droits de l’homme, sera saisie. Ces menaces sont impardonnables. C’est comme en temps de guerre, on ne doit pas s’attaquer aux hôpitaux et aux écoles. Les membres de la société civile sont des sentinelles de la démocratie.

Certaines prises de position des membres de la société civile ne laissent-elles pas penser à une connotation ou motivation politique ? 

Si les membres de la société civile voulaient faire de la politique, cela aurait été encore plus simple pour eux. Aujourd’hui,. Il faut bien avouer que la politique est un raccourci, un ascenseur social, d’autant plus qu’il y a moins de risques.

Donc le fait que quelqu’un s’affiche comme étant de la société civile ne peut pas être une manière déguisée par rapport à une autre face cachée parce que tout le monde a le droit de faire de la politique.

Il nous faut davantage de tolérance en Afrique et surtout qu’on sache qu’il n’y a plus de vérité absolue. Que tout le monde sache que le règne du pouvoir absolu est révolu.

D’aucuns reprochent à la société civile d’être plus proche de l’opposition que du pouvoir. Qu’en dites-vous ?

Et plus qu’un mal, la société civile doit être un baromètre de mesure de l’action publique, de l’action gouvernementale et surtout du principe de recevabilité pour voir si à partir du feed back qui émane de la société civile de savoir si on ne doit pas se réajuster et savoir ce qui ne marche pas. Ça doit être à l’avantage des gouvernants.

Les tenants du régime ne doivent pas se dire que la société civile est un facteur de blocage, de désaveu social, ou même d’entrave à une probable élection. Cela relève d’un état d’esprit anachronique à ce troisième millénaire. Il faut qu’ils sachent que la sanction positive ou négative relève de la souveraineté populaire.

Ce qui est encore plus problématique c’est le fait que ces attaques interviennent à quelques trois mois de l’élection présidentielle. Il y a ces craintes qui pèsent sur toute velléité d’aller à contre-courant d’une volonté exprimée.

Dans tous les pays où cela a été constaté, on a assisté à des choses regrettables et à des évènements incontrôlables. Parce que quand le chef s’exprime, l’arrière-garde ou la base a tendance à suivre. Ce qui est une incitation à des actes incontrôlés.

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