Rwanda: Un journaliste arrêté pour «terrorisme» à Kigali

 

Phocas Ndayizera, 39 ans, encourt une peine de 20 ans de prison s’il est reconnu coupable. Ce journaliste rwandais travaille comme pigiste pour le service local de la BBC-radio. Il a été arrêté pour possession d’explosifs et participation à un «complot terroriste», a annoncé le Bureau rwandais d’enquêtes (RIB). Il n’avait plus été vu par ses proches depuis une semaine.

En flagrant délit

«Il a été arrêté en flagrant délit alors qu’il recevait les explosifs, dont de la dynamite», a déclaré jeudi Modeste Mbabazi, le porte-parole du RIB. «Nous enquêtions sur lui et avions fait le lien entre lui et des groupes terroristes cherchant à porter atteinte au Rwanda», a-t-il ajouté. Le RIB a été créé en début d’année pour prendre en charge la mission d’enquête de la police.

Paradé jeudi devant les médias, M. Ndayizera a déclaré n’être «jusqu’à présent, pas au courant des raisons pour lesquelles (il a) été arrêté, ni des accusations qui pèsent sur (lui)».

L’Organisation rwandaise de la presse a dit espérer qu’il bénéficie d’un procès équitable mais ne pas pouvoir s’impliquer dans le dossier car les accusations ne sont pas liées à son travail de journaliste.

«Nous sommes très inquiets, étant donné la gravité des accusations. Nous espérons qu’il aura droit à un procès juste, équitable et rapide», a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Un document qui accuse Kagame

Le service radio de la BBCen kinyarwanda est suspendu depuis 2014 au Rwanda, après que la BBC-télévision au Royaume-Uni eut diffusé un documentaire accusant le chef de l’État rwandais Paul Kagame d’avoir été impliqué dans l’attentat de 1994 contre l’avion du président d’alors, Juvénal Habyarimana.

Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi, mais aussi parmi les Hutu modérés.

Réélu en août 2017 pour un troisième mandat de sept ans, M. Kagame, homme fort du Rwanda depuis 1994, est crédité de l’important développement d’un pays exsangue au sortir du génocide. Il est aussi régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de museler toute opposition.

(nxp/afp)