France: Cinq conséquences de la crise des «gilets jaunes»

 

Voitures brûlées, magasins pillés, les images des violences samedi dernier à Paris, qui ont fait le tour du monde, «sont une catastrophe pour l’image de la France», déplore Jean-Virgile Cance, président du Groupement national des chaînes hôtelières.

Un coup au tourisme et à l’économie

Les réservations pour les fêtes de fin d’année ont déjà chuté de 10 à 15% sur un an, selon lui. Les barrages routiers et les blocages de dépôts pétroliers à travers le pays ont désorganisé plusieurs secteurs clés de l’économie, notamment le transport de marchandises et le commerce.

Dans l’agroalimentaire, les fêtes de fin d’année peuvent représenter jusqu’à 20% du chiffre d’affaires annuel, selon les professionnels du secteur, qui craignent plus de 13 milliards d’euros de manque à gagner.

Par ailleurs, les concessions des autorités auront un coût budgétaire : 4 milliards d’euros selon le gouvernement, qui assure néanmoins que le déficit français restera sous la barre des 3% du PIB exigé par l’Union européenne.

L’image écornée d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir lors d’une ascension fulgurante, s’était affiché en «réformateur» déterminé et avait promis à son arrivée de sortir la France du marasme et d’en faire une «start-up nation».

Mais sa politique est aujourd’hui perçue comme inégalitaire par une partie de l’opinion. Et l’ancien banquier d’affaires est de plus en plus souvent accusé par certains «d’arrogance» et de manque d’écoute. Sa popularité est au plus bas dans les sondages, à 23% d’avis favorables.

La fiscalité écologique en suspens

Revendication phare des «gilets jaunes», l’abandon «pour l’année 2019» des hausses de taxes sur les carburants a finalement été concédé par le gouvernement, qui a annoncé une série de concertations à travers le pays notamment sur la manière de parvenir à une transition énergétique.

Après le renoncement à la taxe poids lourds sous le président François Hollande et celui de la taxe carbone sous Nicolas Sarkozy, le recul du gouvernement est un nouveau coup de massue pour les écologistes, qui ont fustigé cette semaine une écologie «bouc émissaire» qui «se prend une balle perdue».

Une revanche des «populistes»

L’élection d’Emmanuel Macron – héraut d’une Europe forte et du multilatéralisme – avait été perçue comme une victoire pour le camp des «progressistes» après une année 2016 marquée par le Brexit et l’élection de Donald Trump.

Dans la perspective des élections européennes de mai prochain, le jeune président français s’est ainsi posé en défenseur d’un arc «progressiste» en Europe contre le «repli nationaliste», incarné à ses yeux par le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini ou le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Une remise en question du système politique

Dans leurs interventions, nombre de «gilets jaunes» fustigent avec virulence les partis politiques traditionnels – auxquels ils disent ne plus croire ou faire confiance du tout – et une «déconnexion» des élus par rapport au peuple.

Ce mouvement illustre aussi un rejet de plus en plus violent du concept de l’«hyper président» sous la Vème République, concentrant trop de pouvoirs et cible première des critiques, et qui a déjà coûté leurs postes aux ex-présidents Hollande et Sarkozy.

Autre critique parmi ces contestataires issus des classes moyennes et populaires, notamment de milieux ruraux et de villes moyennes : la sous-représentation des catégories les plus modestes au Parlement français, qui leur fait réclamer un recours accru au scrutin proportionnel et aux référendums.

(nxp/afp)