Tirana: La révolte étudiante enfle en Albanie

 

Des milliers d’étudiants albanais ont participé mardi à Tirana à la plus grosse manifestation depuis le début de leur mouvement la semaine dernière pour demander une baisse de leurs frais de scolarité, beaucoup mettant en garde contre une «radicalisation».

Entamée il y a une semaine, cette mobilisation étudiante est inédite dans les universités depuis les manifestations de 1990 contre le régime communiste, relèvent les médias locaux.

«Nos revendications ne sont pas négociables, il faut que le gouvernement les accepte sinon nous radicaliserons notre mouvement», dit à l’AFP Ilir Curri, étudiant de 21 ans, venu de l’université de Shkodra (nord).

Epaulés par quelques centaines de lycéens, les étudiants ont manifesté notamment devant le ministère de l’Education, jetant des oeufs, certains tentant de brûler les drapeaux des trois principales formations politiques, le Parti socialiste (au pouvoir), le Parti démocratique (droite) et le Mouvement social de l’Intégration (MSI, centre).

«Réduisez les frais!», «Nous voulons du travail, de l’éducation!», «Nous sommes unis, la politique veut nous diviser!», ont scandé les manifestants dont beaucoup portaient des drapeaux albanais et européens.

«Nos revendications ne sont qu’économiques»

Initialement, ils entendaient protester contre la facturation des examens de rattrapage, mesure à laquelle le gouvernement a vite renoncé.

Mais leurs revendications se sont étoffées: baisse des frais de scolarité, hausse du budget de l’Education, meilleure représentation dans les universités, lutte contre la corruption du corps professoral pour obtenir un diplôme, etc.

«Notre manifestation n’est pas politique, nos revendications ne sont qu’économiques», dit Arben Mali, étudiant en économie de Vlora (sud).

Les étudiants ont refusé des offres de dialogue du Premier ministre Edi Rama qui les appelait sur Facebook à «bâtir un pont de communication avec le gouvernement».

Un jeune sur trois est au chômage

«Nous n’allons pas désigner de représentants, nous sommes tous des représentants, le Premier ministre (…) peut se joindre à nous pour qu’on discute ici de nos problèmes», a lancé sous les vivats Aïda Ceka, étudiante en sciences sociales de 22 ans, venue s’adresser à la foule au micro.

Journaliste et analyste politique, Lufti Dervishi, décèle dans cette protestation le «signe que la colère est dans son neuvième mois de grossesse et peut se transformer en mouvement contre l’arrogance et l’indifférence du pouvoir face aux réalités sociales».

Dans les universités publiques, qui accueillent quelque 110’000 étudiants, les frais de scolarité varient de 160 à 2560 euros, somme importante dans ce pays pauvre où le salaire moyen est de 350 euros environ.

Le budget de l’Education ne pèse que pour 3,3% du Produit national brut de ce pays parmi les plus pauvres d’Europe. Un jeune sur trois est au chômage (contre 14% au niveau national), une situation qui nourrit un exode massif.

(nxp/afp)