Grande- Bretagne: Theresa May remporte le vote de défiance

 

La Première ministre britannique Theresa May a survécu mercredi soir à la fronde des défenseurs d’un Brexit dur au sein du Parti conservateur. La motion de défiance interne lancée par ces derniers a été rejetée par 200 sur 315 députés appelés à se prononcer.

Le scrutin, monté à la hâte entre mardi et mercredi, s’est déroulé au sein du groupe parlementaire conservateur à la Chambre des communes, après la collecte de 48 lettres de parlementaires mardi soir. Ils ont réussi à réunir 117 voix, un total insuffisant pour contraindre la dirigeante à quitter à la fois sa fonction de chef de file du Parti conservateur et son poste de Première ministre.

Cette motion de défiance, qui trahit la fragilité politique de Theresa May, a malgré tout le mérite de lui permettre de compter le nombre de ses partisans alors que les prétendants à sa succession se font plus pressants à l’approche du 29 mars 2019, date officielle du Brexit.

Vote au Parlement

La Première ministre achève ses nouvelles discussions avec les Européens pour tenter d’obtenir des garanties supplémentaires et présenter l’accord de divorce au Parlement. Elle avait une première fois repoussé le vote prévu mardi, car elle semblait assurée de le perdre. Le nouveau vote se déroulerait avant le 21 janvier.

Si le texte est voté, ce qui n’est pas gagné puisqu’un bon tiers des députés conservateurs ont voté contre Theresa May mercredi soir, une sortie ordonnée de l’UE s’ensuit. S’il est rejeté, le gouvernement aura 21 jours pour indiquer ce qu’il compte faire. D’autres scénarios d’accord, tel celui sur le modèle de la Norvège, qui dispose d’un accès au marché unique sans être membre de l’UE, sont évoqués comme susceptibles d’obtenir le soutien d’une majorité de députés. Mais cela signifierait dans tous les cas une nouvelle discussion avec Bruxelles.

Pas d’accord

Si le texte est rejeté par la chambre des Communes, cela pourrait entraîner un Brexit sans accord au 29 mars 2019. Les relations économiques entre le Royaume-Uni et l’UE seraient alors régies par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Une multitude de contrôles douaniers et réglementaires devraient être mis en place en urgence.

Theresa May assure que son gouvernement «accélère les préparatifs» en vue de cette hypothèse, redoutée tout particulièrement des milieux économiques. Cela entraînerait une chute de la livre et plongerait les entreprises dans l’incertitude. Pénuries de médicaments, embouteillages monstres aux abords des ports, avions cloués au sol, perte de croissance… Ces perspectives sont balayées par certains députés de la majorité pour qui «une absence d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord».

Elections

Le rejet de l’accord pourrait signer pour de bon la fin de Theresa May, voire l’acculer à la démission s’il est recalé à une écrasante majorité. Une motion de censure contre le gouvernement pourrait être soumise au vote du Parlement par l’opposition travailliste et aboutir, étant donné la faiblesse de la majorité d’une dizaine de voix sur laquelle s’appuie Theresa May. Elle conduirait alors à la formation d’un nouveau gouvernement dans les deux semaines ou à l’organisation de nouvelles élections législatives, ce que souhaite le Labour, principal parti d’opposition.

Une arrivée au pouvoir du leader travailliste Jeremy Corbyn, résolument ancré à gauche, est la perspective qu’agite Theresa May pour convaincre les députés de son camp de se ranger derrière elle.

Pas de Brexit La Première ministre a toujours fermement rejeté la perspective d’un second référendum, souhaitée par bon nombre d’europhiles dans l’espoir qu’il inverse le résultat de la consultation du 23 juin 2016, qui avait adopté le Brexit avec 52% des voix.

Le Labour a prévenu qu’au cas où de nouvelles élections ne seraient pas à l’agenda, il pourrait se positionner en faveur de l’organisation d’un tel scrutin, une hypothèse qui pourrait alors disposer du soutien d’une majorité hétéroclite à la chambre des Communes.

La mise en oeuvre d’un nouveau vote prendrait toutefois des mois et repousserait la date du divorce. Enfin rien ne dit qu’une telle consultation donnerait un résultat différent, les sondages n’enregistrant qu’une légère avance pour le vote europhile.

(nxp/ats)