Crise migratoire: Malte exige une solution globale pour les migrants.

 

«Dix-huit jours que nous sommes otages en mer des gouvernements européens. La situation est tendue mais au moins tout le monde a recommencé à manger», a annoncé l’ONG allemande Sea-Watch. Une partie des 32 migrants qu’elle a secourus le 22 décembre avaient refusé lundi de s’alimenter.

Le navire se trouve toujours dans les eaux maltaises, où il a été autorisé à s’abriter du mauvais temps, tout comme celui d’une autre ONG allemande, Sea-Eye, qui a recueilli 17 migrants le 29 décembre.

Selon une source diplomatique européenne, les pays européens prêts à contribuer à l’accueil ont pris en compte la demande de Malte de ne pas seulement considérer les 49 des deux navires au large de Malte.

Avec les contributions annoncées par les uns et les autres, «on en est actuellement à un chiffre de 200 environ», dont une cinquantaine pour la France et la même chose pour l’Allemagne, a précisé cette source en début de soirée.

Les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Irlande, la Roumanie, Malte, le Portugal et l’Italie se sont également dits prêts à accueillir une partie des migrants, selon une source européenne. Malte veut un accord «global» incluant 249 autres migrants qu’elle a accueillis ces derniers jours.

Dissonances italiennes

En Italie, la situation n’est cependant pas claire: le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a parlé d’accueillir 15 familles, mais le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, s’y oppose catégoriquement.

«Je ne changerai jamais d’idée. Qui veut sauver des vies doit bloquer les passeurs», a commenté dans la soirée le chef de la Ligue (extrême droite) en direct à partir de son compte Facebook.

L’Espagne s’est aussi déclarée favorable tout en rappelant qu’elle avait déjà accueilli plus de 300 migrants secourus également le 22 décembre par une ONG espagnole, toujours dans les eaux internationales au large de la Libye.

Dans un communiqué publié mardi soir, le gouvernement maltais a émis l’espoir que les discussions en cours soient bouclées «dans les prochaines heures».

Redoutant de voir les arrivées dans ses eaux se multiplier à l’avenir maintenant que les navires de secours plus au sud se sont raréfiés, Malte ne veut pas d’une solution «à court terme» et cherche une solution «plus complète et globale», a expliqué à l’AFP une source gouvernementale à La Valette.

La situation dans les centres de rétention du petit pays méditerranéen de 450.000 habitants est «tendue» et l’accueil de migrants supplémentaires la «pousserait à la limite», a fait savoir cette source.

Les migrants ravitaillés

Des bénévoles venus de Malte ont apporté mardi du ravitaillement aux migrants se trouvant en mer: bouteilles d’eau, fruits et légumes, boîtes de couscous…

Mais les migrants ont été maintenus à l’intérieur des deux bateaux, pour éviter que l’un d’eux ne tente de sauter sur le ravitailleur ou à l’eau.

Le pape François a lancé pour eux un «appel pressant» dimanche aux gouvernements européens.

«Les Etats membres doivent faire preuve de solidarité concrète. Les personnes à bord ont besoin de débarquer en sécurité et sans délai supplémentaire», a pour sa part insisté mardi Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne, à Bruxelles.

En France, sept ONG ont lancé un appel pour que Paris «mette immédiatement à l’abri» les 49 migrants en leur proposant un port en Corse et à «jouer un rôle moteur pour définir, à l’échelle européenne, un mécanisme de sauvetage et d’accueil».

En Italie, une vingtaine d’associations engagées ont demandé à être reçues «en urgence» par le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, «pour faire la clarté sur les démarches menées par l’Italie pour débloquer la situation».

A moins que l’Italie et la France ne reviennent sur la fermeture de leurs ports, les côtes maltaises représentent la seule solution raisonnable pour les deux navires, mal équipés pour affronter la haute mer avec des migrants à bord.

(nxp/afp)