Procès d’«El Chapo» Ses SMS à sa maîtresse lus devant sa femme.

 

Des textos échangés entre Joaquin Guzman, alias «El Chapo», et l’une de ses maîtresses, lus à l’audience mercredi, témoignent des ambitions du narcotrafiquant mexicain dans le trafic de drogue, de l’Australie aux États-Unis. Les enquêteurs sont parvenus à intercepter ces messages avec la collaboration du spécialiste en télécommunications du cartel de Sinaloa, que dirigeait «El Chapo».

Nombre de ces messages, envoyés en 2011 et 2012, ont été présentés à l’audience mercredi, notamment des SMS enflammés d’«El Chapo» à l’une de ses maîtresses, alors que son épouse, Emma Coronel, était présente dans le prétoire et n’a pas cillé. «Tu es la personne la plus importante pour moi», écrit Joaquin Guzman à Agustina Cabanillas Acosta, alias «Fiera». «Je t’adore.»

«Notre Kiki n’a peur de rien»

L’audience a parfois failli basculer dans le vaudeville, avec l’épouse, le mari volage et la maîtresse truculente qui, en sus, parle d’«El Chapo» comme d’un «idiot» dans un message envoyé à l’une de ses amies. «Je n’ai pas confiance en ces BlackBerry qu’il me donne, poursuit-elle, parce que ce salaud peut me localiser.»

Les jurés ont par ailleurs eu droit à la lecture d’un échange de SMS surréaliste entre le criminel et son épouse, Emma Coronel Aispuro. Le couple parle de ses jumelles Emaly et Maria, nées le 15 août 2011 et surnommées Mali et Kiki. «Notre Kiki n’a peur de rien. Je vais lui donner un AK-47 pour qu’elle puisse passer du temps avec moi», a écrit «El Chapo» à sa femme, le jour des 6 mois de leurs filles.

Deux sociétés-écrans

Mais d’autres messages sont plus professionnels et démontrent les ambitions du narcotrafiquant, qui évoque la création de deux sociétés-écrans en Allemagne et en Équateur pour pouvoir exporter de la drogue en «Europe, au Canada, en Australie et aussi aux États-Unis». Dans un autre SMS, il mentionne l’acquisition de 630 à 700 tonnes de cocaïne au Belize.

La collaboration du spécialiste technique Cristian Rodriguez, devenu indicateur, a permis aux enquêteurs de glaner de précieuses informations sur le fonctionnement du cartel.
Outre des textos, le FBI a pu intercepter plus de 100 appels téléphoniques entre «El Chapo» et ses proches, mais aussi avec les membres du cartel.

Prévu pour durer environ quatre mois, le procès de Joaquin Guzman, accusé d’avoir dirigé durant plus de vingt ans le cartel de Sinaloa, a débuté il y a près de deux mois.
Les autorités américaines affirment que, sous sa direction, le cartel a acheminé aux États-Unis plus de 154 tonnes de cocaïne, pour une valeur estimée à 14 milliards de dollars.

(joc/afp)