Bolivie: Battisti «sentait l’alcool» lors de son arrestation

 

Cesare Battisti devait être expulsé dimanche de manière imminente vers Rome, après son arrestation samedi en Bolivie. Cet ex-activiste d’extrême gauche italien avait été condamné à la prison à perpétuité en Italie pour quatre meurtres.

«Cesare Battisti rentrera en Italie dans les prochaines heures, avec un vol en partance de Santa Cruz», dans l’est de la Bolivie, «et direct vers Rome», a écrit sur son compte Facebook le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, après s’être entretenu par téléphone avec le président brésilien Jair Bolsonaro.

Après quelques heures d’hésitation sur une éventuelle escale au Brésil, la Bolivie a également annoncé que l’ex-activiste serait expulsé directement vers l’Italie.

Le gouvernement italien a dépêché dimanche matin un avion vers l’Amérique latine dans l’espoir d’aller immédiatement chercher son ressortissant, qui avait fui voici un mois le Brésil sur le point de l’extrader. Vers 18h40, cet avion survolait le territoire brésilien.

Condamné par contumace

Les prisons italiennes attendent Cesare Battisti «non pas à cause de ses idées politiques, mais bien pour les quatre crimes qu’il a commis ainsi que pour divers délits liés à la lutte armée et au terrorisme», a commenté le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.

Condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides et complicité de meurtres dans les années 70 en Italie, Cesare Battisti, 64 ans, vivait en exil au Brésil depuis 2004, après avoir passé près de 15 ans en France. Il a toujours clamé son innocence.

«Justice sera faite»

Jair Bolsonaro a félicité dimanche sur Twitter «les responsables de la capture du terroriste Cesare Battisti». En 2010, ce dernier avait bénéficié d’une décision du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, du Parti des Travailleurs (PT), qui avait bloqué son extradition vers l’Italie pourtant autorisée par la Cour suprême.

«Enfin, justice sera faite (concernant) l’assassin italien, qui partage les idées d’un des gouvernements les plus corrompus qui aient existé au monde», a commenté dimanche le président Bolsonaro, qui a surfé sur un fort rejet du PT pour remporter la présidentielle haut la main le 28 octobre.

Le 13 décembre, un juge de la Cour suprême du Brésil avait ordonné l’arrestation de Cesare Battisti «en vue d’une extradition». L’acte d’extradition avait été signé le lendemain par le président conservateur Michel Temer, auquel Jair Bolsonaro a succédé le 1er janvier. Mais les autorités brésiliennes avaient ensuite perdu sa trace. Selon une source gouvernementale bolivienne, il est entré «de manière illégale dans le pays».

Le fils du président brésilien, le député Eduardo Bolsonaro, a commenté l’arrestation en italien sur Twitter: «Le Brésil n’est plus une terre de bandits. Matteo Salvini, le ‘petit cadeau’ va arriver».

Fausse barbe et moustache

Une vidéo prise par la police italienne peu avant l’arrestation montre Cesare Battisti déambulant dans la rue, titubant légèrement, méconnaissable derrière des lunettes noires et portant barbe et moustache. Selon le quotidien italien Corriere della sera, qui a été le premier à annoncer la capture, sa barbe et sa moustache sont fausses.

Au moment de son arrestation, le fugitif italien détenait des papiers d’identité délivrés au Brésil, il avait 10 bolivianos (1,4 dollar) en poche et son «haleine sentait l’alcool», selon une source proche de l’enquête.

(20 minutes/afp)