Cinq candidats pour un siège… : PORTRAITS

La présidentielle du 24 février prochain s’annonce moins compliquée et fort heureusement pour les électeurs qui n’auront pas à revivre le syndrome des dernières législatives. En effet, le Conseil constitutionnel vient de confirmer la « prophétie » du premier ministre Boun Abdallah Dionne. Alors qui succédera au président au palais de la République ? Macky Sall candidat à sa propre succession, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Me Madické Niang ou encore Issa Sall? La fameuse course au titre présidentiel est lancée ! Le 24 février, 5 candidats concourront pour le titre de président de la République 2019. Les sénégalais auront la lourde tâche de désigner leur prochain Président. Voici les portraits des candidats retenus par le Conseil constitutionnel…

Ousmane Sonko, la révélation.

Ousmane Sonko, marié à deux épouses dont l’une d’elles a été exhibée fièrement  lors d’un meeting,  est le « Thomas Sankara » du Sénégal. Son franc parler, son courage, ses sorties à l’Assemblée nationale, son éloquence  et sa maîtrise parfaite des problèmes du pays, lui confèrent une certaine notoriété et une crédibilité sans cesse grandissante surtout auprès de la jeunesse. Radié de l’administration, Ousmane Sonko ne s’est pas contenté de dénoncer les failles du régime en place. Il a pour la postérité, produit un ouvrage « pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation ».
Dans cet ouvrage il accuse le clan Sall d’avoir violé le code pétrolier et la Constitution. Et dans son nouveau livre « solutions », l’ancien inspecteur des impôts rappelle au lecteur la nécessité de disposer d’un modèle économique conceptualisé et défini par nous et pour nous afin de  ne pas répéter les vaines tentatives de sortie de crise depuis notre indépendance. Ce garçon beau, longiligne, à la barbe bien entretenu est né le 15 juillet 1974 à Thiès. Ce musulman pratiquant est très élégant. En effet, les costumes européens et les tenues traditionnelles lui vont bien, de même que les tenues relax (chemises pantalons et chapeaux. Chef du parti  « Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-Les Patriotes) », cet ancien de l’ENA  est un électron libre de ses mouvements, actes et déclarations. Ce qui fait de lui le chouchou des médias publics et privés. Sa jeunesse, son expertise, son franc parler, sa droiture, ses convictions, ses dons d’orateur  hors-pair, sa force de proposition, font de lui un adversaire coriace à surveiller de près, pourvu, qu’une erreur politique, qui se paie souvent cash, ne vienne entacher sa marche vers le sommet de l’État.

Idrissa Seck, l’enfant adulé du Cayor

On l’aime ou on ne l’aime pas, mais ses sorties ne laissent personne indifférent.  Aucun sénégalais ne nie son intelligence, son génie et ses dons d’orateur hors-pair.  Surnommé “ndamaal cayor” , ce personnage né le 09 août 1959 à Thiès, est un homme d’État et de défi. Teint noir, le sourire facile et le crâne toujours rasé, Idrissa Seck a une mise impeccable. Les costumes européens et les tenues traditionnelles, qu’il sait alterner, selon les circonstances, lui vont bien. Élève modèle, il adhéra très jeune au PDS,  un parti d’opposition dirigé par Me Abdoulaye Wade où il a eu un brillant parcours politique. Ses nominations, à la station de Numéro 2 du PDS et ensuite au poste stratégique de Directeur de campagne du candidat Wade, en sont une parfaite illustration. En dehors d’une carrière politique bien remplie, il a eu à occuper des responsabilités au niveau le plus élevé de l’appareil de l’État, en qualité de ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation dans le gouvernement élargi du Président Abdou Diouf, ensuite de ministre d’Etat, Directeur du Cabinet du Président Wade et enfin de Premier ministre de ce dernier. Alors que tout lui souriait, Idrissa Seck  connut un triste sort et une traversée du désert. Il se vit reprocher sa gestion des chantiers dits de Thiès et écopera d’une  incarcération en prison en juillet  2005. La majorité parlementaire libérale ayant voté le 31 juillet  2005 sa mise en accusation, devant la Haute cour de justice, pour détournement de fonds dans les chantiers de Thiès, corruption, faux et usage de faux, atteinte à la Défense nationale et à la Sûreté de l’État. Il est libéré discrètement le 7 février 2006, après 199 jours passés en prison. Un supposé Protocole de Rebeuss est passé par là selon certains informateurs. Aujourd’hui Idy plus que jamais, est déterminé a briguer le suffrage des sénégalais pour accéder au palais présidentiel tant convoité.

Macky Sall : Cet enfant aux origines modestes qui vient de loin

Macky Sall, partage son destin avec une certaine  Marième Faye Sall, avec qui, il a trois bouts de bois de Dieu. Cette femme bien sénégalaise au palais est, selon certains propos, une femme courtoise, charitable et très pieuse qui apporte un soutien inconditionnel à son mari de président, via un engagement personnel et à travers la Fondation “Servir le Sénégal”. Macky Sall issu du Fouta lointain, a passé une grande partie de son enfance  à Fatick où il fut magistrat de la ville. Les cultures sérère et pulaar l’ont façonné. Ce métissage a forgé son caractère et sa personnalité. Un parcours bien développé dans son livre de 168 pages intitulé “Le Sénégal de cœur” où le président Macky Sall a tracé toutes les étapes de sa vie. De sa vie, l’on retiendra aussi son engagement en politique alors qu’il était encore au lycée. Après un bref passage à And-Jëf, il divorce avec le dit mouvement et adhère au  PDS, en fin 1980.

Son militantisme, son génie politique et sa patience, lui ont permis de gravir tous les échelons et de se hisser au sommet de la hiérarchie de ce parti. Il devint Président des cadres du parti, et participait à ce titre à la campagne du « SOPI » de  l’élection présidentielle sénégalaise de 2000 qui porta Abdoulaye Wade à la tête du pays.
Il atteint alors le summum de sa carrière politique en avril 2004 avec sa nomination, comme Vice-président du Comité directeur du PDS.  Il a été successivement ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique, puis ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte-parole du gouvernement. Macky Sall est nommé Premier ministre le 21 avril 2004, station qu’il occupa trois ans durant, détenant ainsi le record de longévité de cette position précaire sous l’ère Wade.  Et comme Idrissa Seck , Macky Sall a connu aussi la disgrâce. Sa rupture avec son mentor Wade s’est manifestée publiquement quand Macky, a voulu convoquer et auditionner Karim Wade, le fils du président, sur les travaux de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique (l’ANOCI).  Cette audace et ce courage ont irrité le président Wade. Et ce qui devait arriver arriva. Son poste de numéro 2 du PDS est supprimé et son mandat de Président de l’Assemblée nationale réduit de cinq à un an. En outre,  il est accusé de blanchiment d’argent et obtint un non-lieu.  Acculé, il finit par abdiquer et démissionner. Atteint dans son amour propre et dans sa dignité, il quitte le PDS le 9 novembre 2008 et renonce à tous ses privilèges et avantages. Il crée son propre parti APR  le 1er décembre 2008 et remporte en 2012 la présidentielle. Aujourd’hui candidat à sa propre succession, il essuie les tirs groupés de l’opposition qui lui reproche de piétiner les acquis démocratiques en  multipliant les interdictions de manifestation citoyenne et politique au Sénégal et en  muselant l’opposition.

 El Hadj Issa Sall « Le PUR 100 »

Ce samedi 8 décembre 2018, le parti de Moustapha Sy a décliné son programme dénommé Pur 100. C’est la réponse aux « 100 questions que les Sénégalais se posent ». El Hadji Issa Sall, candidat du Parti de l’unité et du rassemblement, a été investi candidat à la candidature pour la présidentielle de février 2019. Requinqué par une foule immense massée aux Allées du Centenaire, il a expliqué que Pur 100 « met l’homme au début, au centre et à la fin de tout ».  El Hadji Issa Sall, directeur de l’Université du Sahel intègre le PUR dans le respect des lois et règlements en vigueur au Sénégal. Le slogan du Parti est « Vérité ». Il a pour devise « Justice – Développement – Solidarité ». Ce slogan et cette devise reposent sur les principes d’un idéal de justice sociale et de solidarité nationale. Le PUR œuvre pour l’édification d’une société juste et prospère soutenue par un développement intégral et intégré. Cette vision s’inscrit dans une logique d’unification de toutes les couches sociales et de rassemblement de toutes les forces vives de la nation pour l’avènement d’une société sénégalaise bâtie sur le respect de ses valeurs et de sa culture. El Hadji Issa Sall s’est engagé, une fois élu, à faire ses preuves en 100 jours. « On ne va pas nommer plus de 20 ministres pour réduire le train de vie de l’État et gagner en cohérence et efficacité. Il s’engage aussi  à supprimer « les agences budgétivores telles que le Conseil économique social et environnemental et le Haut conseil des collectivités territoriales. Une promesse de candidat…

Maître Madické Niang, « le candidat qui rassure »

«  Le Président Macky Sall doit comprendre que la voie de la dignité, ce n’est pas le fait de vouloir coûte que coûte réaliser un coup de force ». Me Madicke Niang tenait ses propos alors qu’il discutait avec Me Mame Adama Guèye de la plateforme mise en place par ce dernier pour éviter des fraudes lors de l’échéance du 24 février prochain. L’ancien compagnon de Me Abdoulaye Wade qui parle « des probabilités de rejet de la candidature de Karim Wade, persiste et signe : «venez soutenir ma candidature». Le président de la «coalition Madické Niang » qui se dit être «le candidat qui rassure», martèle qu’il fera tout son possible pour que l’élection présidentielle puisse se passer normalement comme dans n’importe quelle grande démocratie. Né à Saint-Louis le 25 septembre 1953, Me Madické Niang est un avocat. Il a connu ses  heures de gloire avec celui qui deviendra son mentor et ami quoique confrère, Me Abdoulaye Wade. Fervent talibé mouride, il faisait souvent office de négociateur entre le pouvoir libéral de Me Wade et Touba, la capitale du mouridisme. Il a été ministre de la Justice dans plusieurs gouvernements, mais aussi ministre des affaires étrangères. Il ira à la présidentielle du 24 février 2019 pour, dira t-il, préserver l’avenir du PDS qui doit absolument présenter un candidat à la prochaine présidentielle.

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