Crise migratoire: De nombreux corps rejetés sur la plage à Djibouti

 

Les recherches se sont poursuivies mercredi au large de Djibouti au lendemain du naufrage de deux embarcations de migrants surchargées, qui a fait au moins 43 morts alors que des dizaines d’autres personnes seraient encore portées disparues.

Le bilan est passé mercredi à 43 morts, a annoncé à l’AFP Lalini Veerassamy, qui dirige la mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Djibouti.

Le naufrage a eu lieu mardi environ 30 minutes après que les bateaux surchargés eurent quitté, par une mer agitée, la localité de Godoria, située sur la côte nord-est de Djibouti. Leur destination était le Yémen, selon l’OIM.

Une journaliste de l’AFP a vu aux environs d’Obock, une petite ville portuaire située au sud de Godoria, de nombreux corps rejetés sur la plage, pour certains à moitié enfouis dans le sable. Les secouristes les enveloppaient dans un drap blanc avant de les évacuer.

Cinq corps avaient été récupérés mardi soir, les autres l’ont été mercredi, selon l’OIM.

Ils fuient la guerre au Yémen

Au total, 16 survivants ont été retrouvés, a précisé l’OIM, en disant «apporter son soutien aux autorités djiboutiennes, qui continuent à patrouiller le littoral en quête d’autres survivants».

Le nombre total de personnes se trouvant à bord des deux embarcations reste peu clair.

Un des survivants a estimé à 130 le nombre de personnes à bord du bateau sur lequel il se trouvait, mais n’a pu préciser le nombre de passagers dans la seconde embarcation, a indiqué l’OIM, laissant craindre que le bilan des morts n’augmente encore.

Deux rescapés ont été retrouvés très vite après le naufrage, et «quelques» autres ont été emmenés mardi soir vers un centre pour migrants géré par l’OIM à Obock, a expliqué Mme Veerassamy.

Le détroit de Bab al-Mandeb, qui sépare Djibouti du Yémen a la particularité de voir des bateaux de migrants passer dans les deux sens: des migrants fuyant la guerre au Yémen croisent des bateaux remplis de migrants africains en quête de travail dans la péninsule arabique via une route passant par le nord du Yémen.

Situé près de la Somalie instable et de l’Éthiopie, Djibouti est devenu ces dernières années un point de transit important pour les migrants. Mais les traversées se sont souvent révélées périlleuses.

Catastrophe

En 2018, au moins 30 migrants de Somalie et d’Éthiopie qui tentaient sans doute de gagner Djibouti se sont noyés lorsque leur bateau a chaviré au large du Yémen. Des coups de feu auraient été tirés sur les passagers.

En août 2017, des dizaines de migrants de Somalie et d’Éthiopie qui se trouvaient à bord de deux bateaux à destination du Yémen sont morts après que des trafiquants d’êtres humains les eurent jetés à la mer.

«Le nombre de nouvelles arrivées au Yémen a augmenté de manière continue depuis 2012, malgré la profonde insécurité et violence qui y règnent», a indiqué l’OIM dans un rapport récent.

En 2017, quelque 100’000 migrants ont ainsi rejoint le Yémen. Mais certains d’entre eux rebroussent chemin face à la guerre et la crise humanitaire qui ravagent le pays.

Selon l’OIM, plus de 200’000 migrants ont fui le Yémen en 2016 et 2017.

Le Yémen est déchiré depuis fin 2014 par un conflit qui a fait, depuis l’intervention militaire en mars 2015 d’une coalition sous commandement saoudien, quelque 10’000 morts et plus de 56’000 blessés selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des ONG estiment que le bilan réel des victimes directes et indirectes du conflit est bien plus élevé.

En décembre, les Nations unies ont prévenu que près de 80% de la population, soit approximativement 24 millions de personnes, avaient besoin d’une assistance humanitaire.

«Ce n’est pas un pays au bord de la catastrophe, c’est un pays qui est déjà en situation de catastrophe», avait affirmé en décembre le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, David Beasley.

(nxp/afp)