Neuf ans vécus en France: entretien avec Demba Niang

Propos recueillis par Michaël Rodriguez / tambacounda.info

demba
“Il faut donner aux migrants  les moyens de développer des projets en Afrique, au lieu de les donner à l’Etat et de laisser les ministres manger cet argent”

 

Demba Niang est président de l’Association de lutte anti-érosion de la Falémé (ALAEF) et vit à Djimbé. Il a vécu neuf ans en France. Cet ancien émigré regrette d’être parti  en France car en plus des tracasseries policières, les conditions de travail et de vie étaient catastrophiques. “A l’usine, on était contraint de faire ce qu’on peut et même ce qu’on ne peut pas. Il y avait une cadence à respecter, des gens tournaient en costumes cravates et nous interdisaient de fumer des cigarettes et de discuter avec des amis .”


Quand et dans quelles circonstances avez-vous émigré?
J’ai quitté le Sénégal en août 1974. Avant, je suis resté deux mois et demi à Dakar pour obtenir un visa. Ce n’était pas facile, parce que l’ambassade de France exigeait un contrat de travail. J’ai donc dû attendre que mon frère, qui était déjà là-bas, me trouve des papiers. Il m’a arrangé des papiers de la mairie de Paris, où il avait des amis.

Qu’est-ce qui vous a poussé à partir ?
Au début des années 1970, il ne pleuvait pas au Sénégal. La sécheresse a persisté quatre ou cinq ans. La famine était très forte dans les villages du département de Bakel. On ne vivait que de la semoule que le gouvernement distribuait à la population. Il y avait beaucoup de terres, mais ce n’était pas possible de la cultiver sans eau. J’ai commencé par émigrer à Tambacounda et à Dakar pour faire des travaux de manœuvre, vendre de l’eau, du bois mort. Mais ce n’était pas facile: à l’époque j’étais payé 1500 francs CFA (4 francs suisses) par mois. J’ai donc commencé à comprendre je devais aller à l’étranger pour chercher les moyens de travailler en Afrique. J’avais vraiment envie de faire du jardinage, l’idée m’était venue en voyant dans un film une famille chinoise en train de travailler tranquillement en pleine brousse.

Beaucoup d’autres personnes ont-elles quitté le village en même temps ?
La migration a commencé vers 1962-1963; mon frère est parti en 63. C’était de la migration sociale: les gens allaient pour chercher des habits et revenir, ensuite ils partaient de nouveau cinq ou six ans plus tard. Mais ils n’avaient pas vraiment l’intention de rester là-bas ou de faire des investissements.
La deuxième vague d’émigration c’était la nôtre. Nous avons passablement changé le système d’émigration : nous avons commencé à acheter des vaches, des chèvres, à construire des maisons. Nous étions huit du village à partir dans la même période. Ensuite, l’introduction de la carte de séjour obligatoire en janvier 1975 a fait pressentir aux gens qu’un jour, ce serait très difficile de partir en France.

Dans votre esprit, combien de temps pensiez-vous rester en France ?

Je n’avais pas de date précise. Je savais que quand j’aurais l’équipement complet pour cultiver au moins un quart d’hectare, je rentrerais. Une fois que j’ai été embauché dans une usine automobile, chez Renault, j’ai commencé à investir dans l’équipement, j’achetais des motopompes toutes petites. Chaque fois que je venais en vacances, j’apportais quelque chose. J’ai fait des démonstrations, j’ai laissé les gens jouer avec, j’avais l’impression qu’ils avaient envie de manipuler ces outils d’irrigation.

Votre arrivée en France a-t-elle été un choc?
D’abord j’ai compris que la vie n’était pas facile pour nous en France, avec la carte de séjour et les tracasseries policières. J’ai vraiment regretté d’être parti. Le travail m’a découragé davantage. A l’usine, on était contraint de faire ce qu’on peut et même ce qu’on ne peut pas. Il y avait une cadence à respecter, des gens tournaient en costumes cravates et nous interdisaient de fumer des cigarettes et de discuter avec des amis. Et les conditions de vie en habitation m’ont encore davantage découragé : il fallait dormir à deux dans le lit d’une personne, et à quatre dans une chambre. C’était un foyer, mais même pas un foyer construit pour les migrants. C’était une maison abandonnée, en cours de restauration ; la mairie de Paris cherchait les moyens pour continuer les travaux. Il n’y avait ni eau ni électricité. Le chauffage à gaz nous bombardait les poumons, il ne répondait pas aux normes et enfumait les chambres. Il y a eu beaucoup de morts à  cause de ça.

Si vous regrettiez d’être parti, pourquoi n’être pas rentré plus vite?
Je n’avais pas encore atteint mon objectif d’équipement. Il fallait aussi soutenir la famille, je lui envoyais la plus grande part de mes revenus et je me débrouillais avec le reste.

Pendant vos neufs années en France, aviez-vous des contacts avec la population?
J’ai revu des gens qui m’employaient à Tambacounda, des pères d’une église française. Nous nous sommes fréquentés, ils venaient nous voir au foyer, c’est ce qui m’a mis en contact avec des Français. Sinon, j’ai un peu côtoyé des gens avec qui je travaillais à l’usine. Il fallait toujours se familiariser avec ses chefs pour avoir ce qu’on voulait, par exemple des vacances pour voir la famille, un mois payé et un mois sans solde.

Que vous a apporté votre séjour en France ?
D’abord une formation professionnelle et une ouverture. Cela m’a permis de comprendre que le monde n’est pas petit, qu’il faut voyager pour être évolué et pour trouver les moyens de se développer. Cela m’a aussi apporté des contacts, surtout avec des Africains frères, des gens de villages dispersés qu’on ne côtoyait pas en Afrique. Enfin, j’ai compris le mode de vie de l’Europe et la différence d’échelle entre son développement et celui de l’Afrique. Cela m’a permis de devenir un grand combattant contre le sous-développement. L’agriculture moderne et le mode de vie des paysans français m’ont permis de comprendre ce qu’est un paysan.

Comment avez-vous rencontré des paysans français ?

Par la formation et par des voyages d’étude. Dans les années 1979-1980, dans notre foyer, il y avait des ONG qui s’occupaient des migrants. Ils leur proposaient des formations, des cours d’alphabétisation et des voyages d’étude pour découvrir le paysage français. Il y avait des migrants établis en France depuis 30 ou 40 ans qui ne connaissaient que Paris. Les ONG sont venues nous sortir de notre isolement.

Ce voyage a-t-il changé l’idée que vous vous faisiez de la France, de l’Europe?
Quand j’ai découvert la campagne, j’ai compris que les gens qui sont à Paris ne sont pas des Français. C’étaient tous des gens comme nous, des immigrés, des ouvriers. Un paysan français est beaucoup plus approchable que le Parisien. La haine qui existait entre les migrants et les gens de Paris n’existait pas à la campagne.

Vous parlez carrément de haine?
Entre les gens de couleur et les gens de Paris, il y avait une grande méfiance. Les gens de Paris méprisaient les migrants et les migrants méprisaient les gens de Paris, parce qu’ils étaient frustrés d’être mal considérés. Donc tout le monde était fâché : les gens de Paris parce que nous avions envahi leur ville avec un mode de vie différent, le migrant parce qu’on le méprisait, on ne le trouvait pas propre et on lui reprochait de faire pendre son linge en plein air, de répandre ses odeurs de cuisine dans tout le quartier. Nous avions l’habitude de crier fort, en pleine nuit comme en plein jour, et ça fâchait les voisins.
A la campagne, c’est différent : le paysan t’approche, t’encourage, te parle, te montre toute sa vie. Il n’y a pas de différence, ce sont des gens qui mettent des bottes et des gants pour aller travailler. La vie est proche de celle que nous avions laissée en Afrique.

Comment se manifestaient les tensions à Paris entre les migrants et la population locale ?
Par des insultes, des coups de feu même, pour menacer les gens quand ils ne se taisaient pas. Une fois, dans un foyer du 20e arrondissement de Paris, les gens nous ont vus égorger des moutons à l’occasion d’une fête. Ils ont ouvert leurs fenêtres et tiré sur nous avec des balles sous prétexte que nous étions des criminels, nous assassinions les moutons. Alors la mairie de Paris a édicté une loi pour interdire l’égorgement des moutons dans les foyers, ça m’a marqué. Tout ce que les Parisiens manifestaient contre les migrants était aussitôt repris par le gouvernement. Chaque fois qu’on voulait se comporter conformément à notre culture, les gens appelaient la police.

Avez-vous été actif dans les milieux syndicaux durant votre expérience chez Renault?

Oui, j’étais délégué à la CGT. Nous avons fait grève et occupé l’usine pour empêcher que d’autres travaillent à notre place. Nous demandions des augmentations de salaires et une diminution de la cadence. Les patrons accéléraient sans cesse la chaîne, on en était à 1000 voitures par jour! Les migrants demandaient aussi des congés pour aller voir leur famille, des mesures pour le regroupement familial et une amélioration des conditions de logement. Le combat a été très violent. Les vigiles nous ont frappés, des collègues à moi ont été tués. Après 21 jours d’occupation, nous avons gagné.

Cela vous a sans doute beaucoup apporté pour votre combat en Afrique…?

Oui. En créant ici des organisations paysannes, nous avons voulu permettre aux gens de la base de prendre le pouvoir. Aujourd’hui, même le chef de village ne peut pas contredire nos décisions.
Il faut continuer à contredire les lois des capitalistes, même si nous ne sommes pas très forts ici pour mener des luttes. L’opposition n’est pas très solide. Si on n’a pas le pouvoir, on est rebelle. Mais on a la chance de pouvoir parler, et les migrants y sont pour beaucoup.

Comment avez-vous préparé votre retour au Sénégal?
A l’époque, les migrants pouvaient toucher deux sortes d’aide au retour. La première concernait ceux qui voulaient tenter de réaliser un projet personnel sur place; la seconde consistait à rendre sa carte de séjour et à rentrer définitivement. Cette dernière variante était le fruit d’un accord entre les entreprises et le gouvernement. Le migrant touchait cinq ans de salaire, c’était beaucoup d’argent ! Mais moi ça ne m’a pas tenté, j’ai su que c’était un piège. Prendre cet argent sans avoir de projet, c’était risquer de tout jeter à la poubelle sitôt arrivé et de se retrouver rapidement à zéro.
Il fallait préparer un projet avant pour que cet argent puisse être utile. Je  ne voulais pas rendre ma carte de séjour parce que je ne savais pas si mon projet collait bien à la réalité africaine. Comme je n’étais pas candidat au retour définitif, je ne pouvais toucher que la moitié de la somme, 6 millions. J’avais beaucoup de matériel mais pas de fonds de roulement, alors Dieu merci, avec les 6 millions pour lesquels j’ai vendu mon emploi, j’ai pu avoir assez d’autonomie financière pour démarrer mon projet.
Avant de partir, l’entreprise m’a donné un papier disant que si dans les six mois ça ne marchait pas, je pouvais reprendre mon ancien emploi. Mais j’ai déchiré le papier pour ne pas être partagé. J’ai voulu que ça marche.

Le retour a-t-il été difficile?
Le problème que j’ai eu, c’est pour trouver une terre à cultiver. Il y a une loi qui dit que si quelqu’un exploite une terre pendant trois ans, elle est à lui. Donc les gens ont refusé de donner des terres à ceux qui voulaient faire des jardins.
En 1984, les collectivités locales récupéraient toutes les terres inexploitées et les donnaient aux candidats. J’ai demandé une affectation à la communauté rurale, j’ai dû désigner un lieu, mais le propriétaire ancestral de cette zone s’y est opposé. Finalement j’ai pu m’arranger avec le village, les gens m’ont aidé à négocier avec le propriétaire, je lui ai donné quelque chose pour qu’il me cède la parcelle.
Ce n’était pas facile, les gens me répudiaient, ils ne comprenaient pas pourquoi j’avais quitté la France et disaient que si l’agriculture était vraiment importante, les gens ne seraient pas partis en France. Le frère qui m’avait amené en France et que j’ai laissé là-bas a dit à mes parents que j’étais un paresseux, que je n’avais pas voulu faire le travail des “toubabs” (des Blancs, ndlr), que j’étais juste venu pour qu’il me nourrisse et me loge. Il a dit qu’il ne me soutiendrait plus et que je n’avais qu’à me débrouiller tout seul. J’ai eu une déchirure familiale difficile.

Et votre famille sur place, comment a-t-elle réagi ?
Ma famille m’a demandé ce que je faisais là, elle attendait des mandats à chaque fin de mois pour acheter du riz, du mil, du sucre. Au lieu de ça, je revenais m’ajouter aux pauvres. J’ai construit une case dans mon jardin, j’ai quitté carrément le village, je suis devenu « un fou ». Si les chèvres ou les vaches approchaient de mon périmètre c’était mauvais. On se méfiait, parce que j’avais dit que je préférais mourir plutôt que de laisser les gens saboter mon travail.
Je surveillais le périmètre nuit et jour, les éleveurs disaient qu’il ne fallait pas laisser aller les animaux vers « le fou ». J’avais des insecticides que je mettais dans l’eau tout autour du jardin. Si un animal s’aventurait dans le périmètre et buvait l’eau, il crevait. Les animaux mouraient juste autour de mon jardin! Les éleveurs sont allés voir le préfet pour dire que j’étais en train d’empoisonner les animaux dans toute la zone. Le préfet est arrivé avec les gendarmes, j’ai expliqué que j’avais bien fait une clôture mais que je n’arrivais pas à empêcher les animaux de divaguer dans mon périmètre. Alors les autorités ont dit que les vaches ne devaient pas s’aventurer à moins de 3km de mon périmètre.
Un jour, je suis allé en voyage d’étude au Mali pour voir des agriculteurs. Au bout de deux jours, quand je suis rentré, j’ai trouvé un terrain vide. Les gens avaient divagué mon périmètre pour me décourager. A ce moment là, il y avait beaucoup de verdure, j’avais arrêté de mettre des calebasses empoisonnées depuis l’intervention du préfet. J’ai appelé le Service de l’agriculture de Bakel pour faire le constat, je l’ai déposé au tribunal mais il n’y a jamais eu de suite.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour être à nouveau accepté dans le village ?
Entre six et huit ans, voir même dix ans. Cela a commencé à changer quand les gens ont vu que des étrangers venaient visiter mon périmètre, il y avait des toubabs autour de moi. C’était devenu une sorte d’animation. Et quand les éleveurs peuls ont commencé à me solliciter pour du foin de maïs que j’avais en permanence, petit à petit les gens ont commencé à comprendre l’importance de ce que j’étais en train de faire. Parce qu’un Africain pauvre dans une case qui reçoit le visite de Blancs en voiture de luxe, ce n’est pas petit! Un jour, les ministres français de l’agriculture et de la santé ont organisé une visite en Afrique et le GRDR (Groupe de recherche et de réalisations pour le développement rural) a programmé une visite de mon jardin. Vingt-cinq voitures autour de mon périmètre ! Quand j’ai raconté au village qu’il y avait presque cinq ministres et dix députés, les gens ont dit : «Il ne faut pas laisser Demba tout seul, c’est tout le village qui est honoré!». Et c’est devenu une fête.

Qu’est-ce qui avait changé dans votre pays pendant votre absence?
J’ai vu beaucoup de programmes de l’Etat sur place qui se sont cassés la gueule faute de leadership. La politique de développement visait simplement à satisfaire un électorat. Tout le monde était dépendant de la date des élections pour obtenir une école, un dispensaire, une route… Tous les programmes ont été politisés, c’est un grand changement qui a eu lieu. Maintenant les gens commencent à comprendre que les cadeaux empoisonnés ne leur servent à rien. Parce que le député qui était un enfant du village, il va prendre ses bagages au bout de ses deux mandats pour s’installer à Dakar. Pour le voir, il faudra désormais demander une audience. Donc qui est perdant? Celui qui l’a élu!

Comment évaluez-vous les effets de l’émigration dans votre région?

Les aspects positifs sont nombreux. C’est l’émigration qui a permis à ces villages d’émerger dans le développement. S’il n’y avait pas eu l’émigration, je pense que des villages entiers seraient allés s’installer ailleurs. Les aspects positifs sont plus nombreux que les aspects négatifs. Mais il y a quand même un aspect qui me fait mal : la migration a vidé les villages et stoppé l’effort physique des populations. Personne n’a plus le courage de travailler pour subvenir à ses besoins, tout dépend des migrants. Ils ont rendu tout le monde paresseux.

Que répondez-vous aux jeunes qui vous disent vouloir émigrer ?

Par le maraîchage, j’essaie de montrer aux jeunes qu’on peut travailler ici sans aller en France. Trois ans après mon retour, j’ai fait une liste de huit jeunes avec qui je voulais travailler pour leur montrer qu’ils peuvent subvenir à leurs besoins à partir de mon jardin. Quand ils ont obtenu les moyens… ils ont investi cet argent pour partir en Europe, en Côte d’Ivoire ou en Afrique centrale! Mon combat, c’est de montrer qu’on peut vivre tranquillement en Afrique. Aujourd’hui, aller en France c’est encore dépendre de la famille qui est là-bas. Tous les migrants déplorent la charge que représentent  pour eux les clandestins: ils les logent, les nourrissent et les rapatrient. Tout le monde est devenu clandestin, parce que même celui qui a des papiers est obligé de les prêter à son frère ou à son cousin pour lui permettre de se déplacer en France. Je ne vois pas l’intérêt d’aller là-bas si c’est pour vivre toujours dans la peur de la police et ne même pas avoir le droit de franchir la frontière pour aller voir sa famille. C’est se prendre en otage soi-même.

Que pensez-vous du durcissement des politiques migratoires en Europe ?
Les pays européens sont complices de la venue des immigrés. Ils veulent quelque chose et son contraire. Ils disent que les migrants ne doivent pas venir mais, par derrière, ils ont une politique de coopération bilatérale entre les états qui encourage leur venue. En France, les entreprises n’emploient que de la main d’œuvre au noir, comme ça elles la paient moins. Les clandestins n’ont pas le droit à la grève, pas le droit à la parole. «Travailleur, tais-toi parce que tu sais que je sais ». Il y a même des employeurs qui leur disent de photocopier les papiers d’un cousin. Ils sont complices.

Selon vous, faudrait-il une politique d’immigration plus ouverte ?

Ou bien les pays européens sont d’accord de garder les migrants parce que ça leur apporte quelque chose, ou bien ils les aident à revenir et à travailler en Afrique. La main d’œuvre étrangère employée en Europe – et en France en particulier – est considérable, cela les gouvernements français et sénégalais le reconnaissent. Mais si la France veut aider au développement de l’Afrique, elle doit comprendre qu’il y a d’autres moyens que de donner les milliards de l’Union européenne pour développer les périmètres agricoles en Afrique, tout en laissant la main d’œuvre en Europe. Tous les milliards qu’on est en train de distribuer aux états avec les programmes bilatéraux ou multilatéraux servent juste à camoufler le vide que les Européens ont créé en Afrique. Il n’y a pas d’actifs. Ni ingénieurs, ni moniteurs, ni enseignants, ni docteurs : personne n’est là pour travailler avec les milliards qu’ils vont envoyer ici. Il faut donner aux migrants les moyens de développer des projets en Afrique, au lieu de les donner à l’Etat et de laisser les ministres manger cet argent.