Des agents de Randgold et des voyageurs braqués par une bande armée

Une équipe de géologues et leurs manœuvres ont passé une journée du jeudi très longue et fastidieuse. A leur retour d’une mission de reconnaissance géologique, et au moment de rallier la base de Kharakhéna, ils sont tombés sur une bande armée qui les a dépouillés d’une partie de leur matériel. Plus loin vers Sayansoutou, le lendemain, la même bande s’y en est prise à de paisibles voyageurs dont certains seront molestés et blessés.

S’il ya une chose sur laquelle tous les habitants de la région naturelle du Sénégal oriental sont au moins d’accord, c’est que l’on sent l’absence de l’Etat dans la plupart des zones d’opérations minières, du moins sur le plan sécuritaire. Jeudi dernier en plein jour, une bande de six individus armés d’AK 47 et de machettes, a fait irruption dans le secteur de Kharakhéna, un nouveau site d’orpaillage traditionnel en pleine expansion situé dans la communauté rurale de Bembou. Les malfrats ont mis des abattis sur la piste reliant la base de la compagnie Randgold à l’un de ses sites de reconnaissance géologique, sommé, en tirant sur les pneus de leur véhicule les membres de l’une des équipes (un chauffeur, deux géologues et deux manœuvres) de s’arrêter et de leur donner de l’argent. « Quand nous avions répondu que nous n’en avions pas, ils nous ont demandé de nous déshabiller afin qu’ils puissent procéder aux vérifications nécessaires. Quand ils ont trouvé de l’argent sur le chauffeur, ils l’ont roué de coups de machette et ont tout de suite subtilisé nos boussoles, GPS et téléphones portables. Ils n’ont finalement emporté que les GPS et les téléphones et tiré des coups de feu en l’air quand ils nous ont demandé de nous éloigner de là ». Le chauffeur et l’un des géologues s’en tireront avec quelques blessures. Ces bandits encagoulés, selon l’une des victimes, parleraient bambara et mossi. La base de Randgold située à Kharakhéna à notre passage vendredi était désertée par les travailleurs de la dite compagnie. Excepté le concierge et le jardinier, tous ont rejoint Kédougou pour récupérer de cette frayeur et se mettre à l’abri. Alertés, les pandores de la brigade de Saraya sont arrivés sur les lieux, fouillé les coins et recoins de Kharakhéna, mais c’était sans compter avec l’expertise des membres de ce gang qui ont vite pris le large.

Le lendemain matin vendredi, ils se sont signalés dans les villages maliens de Borolla et Farinkounda qui font face aux villages sénégalais de Sayansoutou et Worotokoti pour s’attaquer à des motocyclistes qu’ils dépouilleront de leurs biens, avant de prendre la clef des champs à l’intérieur du Sénégal. C’est la deuxième fois dans ce secteur en moins d’un mois car, les 29 et 30 mars derniers ils y avaient procédé de la même manière. Les habitants de Worotokoti avaient réussi à mettre la main sur le sac d’un des assaillants dans lequel ils avaient trouvé des munitions.


Les populations exigent le renforcement du dispositif sécuritaire

Le chef de village de Kharakhéna, le président du conseil rural de Missira Sirimana, le directeur intérimaire de l’école de Kharakhéna, les nombreux orpailleurs qui commencent à s’installer dans la zone, tous invitent l’Etat à concevoir et mettre en œuvre une politique sécuritaire adéquate et suffisamment dissuasive. « Nous saluons les efforts des pandores de la brigade de Saraya qui sillonnent chaque jour la zone, mais cela s’avère insuffisant eu égard à l’étendue du secteur qui fait frontière avec la Guinée et le Mali. Ces actes de grand banditisme deviennent monnaie courante ici, et personne ne dort du sommeil des justes car la contrée n’est pas encore couverte par le réseau Gsm » a expliqué Amath Sène le chef de l’établissement scolaire du village. Sayba Keita, le fils du chef de village lui emboitera le pas pour implorer la puissance publique à implanter dans la zone un cantonnement militaire et à augmenter les postes de gendarmerie bien équipés. Personne ne comprend dans cette zone que les populations et les compagnies soient laissées à elles mêmes dans la mesure où les entreprises minières investissent énormément d’argent pour les besoins de l’exploration et des centaines et des centaines de millions de nos francs y circulent, le transport et le commerce se développent, le volume démographique augmente du fait de l’orpaillage traditionnel. Pour rappel, dans la zone de Sambarabougou, le crâne d’un orpailleur qui détenait une quantité non négligeable d’or y avait été fracassé par des bandits qui avaient aussi mis à sac plusieurs équipements marchands du dit village. Malgré les opérations de sécurisation et d’assainissement de la gendarmerie, la peur peine à être installée dans le camp des malfrats.

 

Boubacar Dembo Tamba / Tambacounda.info /