Tambacounda : Feux de brousse ravageurs, coupe abusive du bois, surexploitation du charbon de bois, la situation forestière reste très alarmante

A Tambacounda, Est du Sénégal, la forêt, jadis reluisante et très peuplée d’espèces animales comme végétales, est aujourd’hui, plus que jamais très menacée. La faune et la flore menace de disparaître. La cause ? Les feux de brousse détruisent le tapis herbacée, tuent les arbres et déciment la faune. Les activités d’exploitation du charbon de bois ne sont pas aussi en reste, la coupe abusive et à outrance des arbres, pour des raisons d’habitat et de confort n’est pas à occulter. Bref, la forêt agonise, et si l’on y prend garde, elle risque de disparaître à jamais.

La forêt à Tambacounda souffre. Elle souffre de la pire des souffrances d’ailleurs, et tout cela, du fait de l’action de l’homme pourtant, principal bénéficiaire des ressources forestières. Faisant partie parmi les derniers bastions forestiers du Sénégal, Tambacounda a aujourd’hui, une forêt qui n’est plus digne de nom. Elle est menacée pour ne pas dire qu’elle agonise. Sa faune a disparu, son flore en déliquescence, entre autres maux dont elle souffre, d’où la nécessaire et urgente implication de tout le monde (agents des eaux et forêts, populations, collectivités locales etc), clame le lieutenant Babacar Dème, chef de la division protection forestière au niveau de l’inspection régional des eaux et forêts (Iref) de Tambacounda, pour la sauver. C’est en marge d’une rencontre de sensibilisation des élus locaux, menée par le bureau de sensibilisation et d’information de la direction des eaux et forêts que se prononçait le lieutenant Dème. A l’en croire, l’objectif de la mission, est de sensibiliser les élus et les populations à lutter contre les feux de brousse qui ravagent la végétation. Le lieutenant dira que la sensibilisation doit être le maître mot. « il faut encore et toujours sensibiliser, avant toute tentative de répression », soutient-il. Raison pour laquelle, argue le chef du bureau de la protection de l’environnement, la situation de la forêt est très alarmante. Les feux de brousse ont tout ravagé et détruit tout le tapis herbacé, se désole-t-il.

Prés de 25.000 ha de superficie brûlés par les feux de brousse en 2012/2013.

Les feux de brousse constituent un véritable danger pour le tapis herbacé. Ils ont fini de détruire la forêt et anéanti ses différentes ressources, confie Dème. C’est d’ailleurs, ce qui a fait que la situation de la forêt reste très alarmante. Tout le tapis herbacé est emporté par les flammes qui ne laisse rien dans leur passage. Rien que pour la saison 2012/2013, ce sont quelques 23.500 ha de la surface régionale de la forêt qui ont été détruits par les feux de brousse. Et même si la surface brûlée a connu une légère baisse car ayant été de 25.000 ha lors de la campagne 2011/2012, une explosion des feux a été notée, fulmine monsieur Dème avec plus de 250 cas recensés contre 176, la campagne précédente. Mais, cette baisse de la surface brûlée s’explique par le fait que les populations interviennent surtout quant les feux menacent les concessions, ce qui a impacté sur la baisse de la surface brûlée. N’empêche pour ce qui est des causes, elles continuent de grimper. C’est pourquoi, lance le lieutenant, il va falloir aujourd’hui, que les populations s’impliquent davantage dans la lutte en faisant de sorte que les causes soient réduites et même éliminées. Les élus locaux présents à la rencontre ont tous avancé que les récolteurs de miel, les chasseurs, les éleveurs et autres chauffeurs qui jettent les mégots de cigarette dans la nature constituent les principales causes des feux de brousse. Et raison de plus de continuer de mettre l’accent sur la sensibilisation des populations, pour une meilleure sauvegarde des ressources forestières.

Le bois, principale ressource des ménages.

A Tambacounda, les populations vivent du bois, a soutenu Dème, officier des eaux et forêts. Elle constitue la principale ressource des populations, continue l’officier. Et une étude faite déjà en 2011, révélait que 1.334 menuisiers étaient recensés dans la région. Figurez-vous que chacun d’entre eux confectionne un seul lit par mois, ce que cela va donner en volume de bois. En plus, plus d’une trentaine de scierie y sont établies, sciant chacune en moyenne entre 10 et 15 troncs d’arbres par jour. « faites le calcul, suggéra le protecteur de l’environnement, vous vous retrouverez avec un chiffre inquiétant » se désole-t-il. Et l’on sait qu’un arbre, pour atteindre la maturité, a besoin de 20 voire 30 années. Se lever un jour, pour en abattre une dizaine ou même une centaine relève de la méchanceté et de l’ignorance, rouspète Dème.

En plus du bois, il y a aussi le phénomène du charbon de bois qui aussi constitue une véritable source de déboisement et de dégradation de la forêt. Le quota alloué à la région fait plus du tiers du quota national. Selon Dème, la région fournit les 300.000 quintaux sur les 700.000 autorisés dans tout le pays. cela veut dire que la forêt est surexploitée, combiné à cela les coupes abusives de bois et les effets des feux de brousse. C’est pourquoi, je l’ai dit aux élus locaux, « il faut qu’il repense la chose et prendre en charge la question car c’est une compétence transférée ». en plus, elles (les collectivités locales), bénéficient de prés de 70% des recettes tirées de la forêt. Et quant on sait que pour cette campagne, les services des eaux et forêts ont fait entré prés de 2 milliards dans les caisses du trésor public, 1,5 milliard pour être juste, martelé l’officier en charge de la protection de l’environnement. « voyez maintenant la part des collectivités dans cette manne », elles devaient normalement être en mesure d’accompagner et protéger la forêt dont la gestion leur est transférée.

www.tambacounda.info/