Le Tambacoundois Sidy Diallo, est le prix OIF 2014 de la biennale Dak’Art

Il a attiré les regards lors de la cérémonie d’ouverture de la onzième édition de la biennale de l’art africain contemporain. Non pas seulement par son look, mais surtout par sa jeunesse. Sidy Diallo, il s’appelle, est le prix OIF 2014 de la biennale. EnQuête vous le présente.

”Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre d’années”. Cet adage sied bien à Sidy Diallo qui a été le plus jeune primé de la biennale de l’art africain contemporain 2014, s’il n’est le plus jeune de l’histoire du Dak’Art. Âgé tout juste de 27 ans, il s’est adjugé le prix mis en jeu par l’organisation internationale de la francophonie (OIF). Cette distinction n’a sûrement pas surpris ses anciens professeurs et ceux qui le connaissent bien. En effet, Sidy Diallo se présente comme un artiste ambitieux qui vise toujours loin. 

Sorti de l’école nationale des arts (Ena), il y a tout juste un an, il a été major de sa promotion. Il doit cette réussite à son ambition et à sa vision. ‘’Les gens disaient que pour être primé à la biennale, il fallait de l’expérience. Mais moi, je ne voulais pas attendre. J’ai tenté ma chance et j’ai vu mes œuvres sélectionnées, ensuite j’ai eu un prix’’, confie-t-il. Donc, croire en lui lui a permis d’accéder aujourd’hui à ce stade. ‘’Avant même que je sorte de l’école, je me suis trouvé une technique individuelle et très personnelle de travailler. Je me suis toujours dit qu’il me fallait un concept qui me soit propre. Points, itinéraires et développement est ma ligne de travail’’, confie-t-il, sur un débit assez rapide. 

Panafricaniste convaincu

Teint clair, taille moyenne avec un joli minois et la tête en mode Afro, Sidy Diallo a donc trouvé son chemin, alors qu’il était étudiant. Ce concept, qu’il qualifie de ‘’fort’’, lui a valu cette distinction. Les œuvres qu’il a présentées épousent parfaite sa vision de l’art. ‘’Not for sell’’ (nldr : à ne pas vendre, en langue anglaise) est le titre de l’une de ses deux œuvres primées.

Un cerveau y est dessiné en composition de masse grâce à des points. ‘’L’idée est de dire aux gens qu’on a besoin de croissance économique et que les fils de l’Afrique ne doivent pas aller s’installer en Europe ou ailleurs qu’en Afrique, après les études. Notre continent a le plus besoin de ce qu’ils donnent aux autres continents’’, explique-t-il. 

Ainsi, il dénonce le ”brain drain” (la fuite des cerveaux). ’’Renaissance 1’’ est le titre de la seconde œuvre distinguée. ‘’Je ne sais comment la décrire, dit-il. Je dirais que c’est une œuvre métaphysique. J’essaie de faire une comparaison entre l’état primitif de l’Afrique, à travers une chaise et une couronne royale et celui de l’homme, à travers un singe. Ceci est un appel au retour aux sources. L’Afrique ne peut pas se développer sans l’agriculture”. Sidy Diallo est un panafricaniste convaincu qui croit aux lendemains meilleurs promis au continent noir. 

Enseignant et infographe

Encore étudiant, l’artiste refusait d’accrocher ses œuvres n’importe où. Le temps de la biennale, les amateurs pourront admirer ses œuvres à la galerie Attis sur la Corniche ouest. ‘’Quand j’étais étudiant, je me disais qu’il ne fallait pas que j’expose n’importe où et cette exigence est encore valable aujourd’hui’’, fait-il savoir.

Aujourd’hui, il prend très au sérieux son travail qui n’était au début qu’un passe-temps. L’art est devenu aujourd’hui son unique source de revenus. Mais ce n’est sûrement pas la vente des tableaux qui le font vivre. Sidy Diallo n’a participé qu’une seule fois à une exposition collective et c’était lors du parcours. L’exposition ‘’In’’ de la biennale lui permet de montrer une fois encore ses œuvres et cette fois-ci à un large public. Après la biennale, il retournera à la ‘’craie’’. Il est enseignant d’art au Cem de Kayar et également infographe dans une imprimerie de la place. 

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