[Tamba Portrait] Aminata Djigo, « Djigui Sembe », 2ème vice-présidente du Conseil Départemental

Cette femme a tout pour plaire. Elle est au foyer, elle est dans les champs et depuis trois, jours dans les instances de décision, à la deuxième vice présidence du conseil départemental de Tambacounda. Aminata Djigo a un franc parler déroutant et des convictions fortes dont celle consistant à croire que l’un des rôles d’un cadre intellectuel est de se battre pour promouvoir la richesse et c’est peut être pourquoi, elle excelle maintenant dans l’agro industrie.

Aminata Djigo a vécu un quart de siècle à Tambacounda, et pour illustrer son attachement à ce terroir, ces chaudes larmes qu’elle a versées un jour de l’année 1995, quand on lui avait annoncé son affectation au lycée Vanvo. Aminata a fait des pieds et des mains pour rester à Tambacounda. Ce professeur de Lettres a officié une décennie durant au lycée Mame Cheikh Mbaye et a contribué à la formations de plusieurs cadres de la région, et comme elle est adepte de la perfection et cherche toujours à en faire davantage, elle a un moment rangé la craie pour postuler à la tête d’un projet de l’Usaid appelé Usaid/PAEM (Projet d’Appui à l’Enseignement Moyen). Sept années durant, « Djigui Sembé » a étalé à la face du monde une autre facette de sa très forte personnalité, celle d’un manager hors pair. 17 collèges flambant neuf entièrement équipés d’un coût de 100 millions de nos francs l’unité, sortiront de terre et le concept de collèges de proximité venait d’être lancé, proximité géographique, proximité avec les parents et implication de ces derniers dans la gestion des dits établissement, histoire de transcender avec brio l’épineuse problématique de l’accès. Ce défi une fois relevé à la très grande satisfaction des populations, surtout avec le somptueux collège de Fongolimbi perché sur une colline à partir de laquelle vous avez une belle vue sur la république de Guinée voisine, Mme Dia née Aminata Djigo a encore satisfait aux exigences managériales d’un autre projet de l’Usaid dénommé Usaid/EDB (Education De Base). Ici, au bout d’un an et demi, elle dira avoir comme impression de s’enliser dans une indescriptible routine. « Puisqu’avec les 17 collèges de proximité construits sur l’étendue de la région naturelle du Sénégal Oriental la question de l’accès était pratiquement résolue, il fallait faire dans la qualité, c’est pourquoi j’ai préféré opté pour le projet Usaid/EPQ (Education Pour la Qualité » nous a-t-elle confié dans sa jolie robe de jacobine. Quatre années durant, Mme Dia a mouillé le maillot surtout pour la limitation à une portion congrue du taux de redoublement en 6e avec la mise en œuvre du volet remédiation de ce projet qui prenait en charge les élèves de 6e dans les cinq compétences de base en français et en mathématiques. Ami Djigo a aussi beaucoup fait pour l’accès et le maintien des filles à l’école parce qu’elle fait partie de celles qui ont sué à grosses gouttes pour que la fondation « Sonatel » octroie des bourses aux filles issues de familles aux revenus limités.

Aminata Djigo, « Djigui Sembé » qui a depuis ses années de lycée mis les pieds dans le plat en politique avec un parti de gauche, a décidé de descendre dans le landerneau politique à Tambacounda, parce qu’elle avait réalisé que c’était la meilleure manière de plaider certaine causes et de les défendre une fois installé dans les sphères de décision. « J’avais du mal à comprendre que le conseil régional promette de mettre l’eau et l’électricité dans les collèges et que ce ne soit guère réalisé », expliquera celle que certains habitants de la région appellent la « Dame de fer ». En 2009, la coalition « Sopi » l’enrôle et elle devient conseillère régionale. Au sein de cette institution, elle présidera la commission « Coopération Décentralisée » et deviendra en 2011 membre du Conseil des Collectivités territoriales  de l’Uemoa (le Sénégal avait six représentants).

Aujourd’hui, Aminata Djigo est élue conseillère départementale sous le manteau de Benno Bok Yaakaar, et ce « Yaakaar » porté sur elle par ses pairs qu’elle n’a d’ailleurs jamais cessé de remercié, qui fait qu’elle aujourd’hui la deuxième vice présidente de cette institution, la toute première dans l’histoire du Sénégal. Il n’y a qu’à espérer que « Djigui Sembé » apportera toute son expérience à la bonne marche du conseil départemental drivé par une équipe de jeunes visiblement pressés de montrer à la face du monde qu’il était plus que jamais temps d’envoyer à la retraite certains politiques qui avaient fini de se fossiliser.

Aminata Djigo, pertinemment convaincue que le seul moyen de promouvoir la richesse est la création de petites et moyennes entreprises ou industries, excelle depuis trois saisons dans les activités agropastorales avec ses 15 ha de terre que son entreprise individuelle « Aminata Business Coopération » exploite et où elle élève 1300 sujets dans un poulailler construit et bien équipé à cet effet. Et comme elle ne manque pas de cordes à son arc, Aminata Djigo et une de ses amies ont porté sur les fonds baptismaux une autre entreprise dénommée « Sen Business » pour le développement d’activités agro industrielles sur 40 ha.

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