CRISE UKRAINIENNE: Après la Suisse, la Serbie prorusse présidera l’OSCE

Les Serbes prorusses seront-ils en mesure d’assurer en 2015 une médiation aussi neutre que celle de la Suisse dans le conflit ukrainien? Le président de la Confédération, Didier Burkhalter, qui assure actuellement la présidence tournante de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), veut le croire.

La Serbie est «capable de jouer ce rôle», a-t-il déclaré hier à Berlin, au lendemain d’une réunion tripartite entre la Suisse, la Serbie et l’Allemagne, pays qui reprendra la présidence en 2016. «Nous travaillons actuellement avec les Serbes pour qu’ils soient en mesure d’assurer ce rôle. Et il est très difficile, je peux vous l’assurer», a-t-il ajouté.

Les Occidentaux restent néanmoins très sceptiques sur les capacités de Belgrade à rester neutre à la tête d’une organisation qui a pour but de nouer le dialogue entre l’Est et l’Ouest. Car si la Serbie a ouvert des négociations pour adhérer à l’Union européenne (UE), elle tient à soigner ses relations étroites avec la Russie, un allié historique, stratégique et économique.

Belgrade refuse catégoriquement toutes les sanctions décidées par l’UE contre Moscou. A l’occasion du 70e anniversaire de la libération de Belgrade, à la mi-octobre, les Serbes ont organisé leur plus grande parade militaire depuis trente ans en accueillant chaleureusement Vladimir Poutine.

Le prochain président de l’OSCE, le ministre serbe des Affaires étrangères, Ivica Dacic, assure néanmoins qu’il restera impartial dans le conflit ukrainien. «Nous aspirons à garder une position neutre comme la Suisse dans les négociations. (…) Dans la phase de préparation, j’ai eu des entretiens à Kiev mais aussi à Moscou. Cela donnera de bons résultats», a-t-il assuré hier à Berlin. «Nous voulons travailler ensemble avec Monsieur Burkhalter mais aussi avec l’Allemagne», a-t-il ajouté.

Pour Ivica Dacic, les relations étroites avec Moscou ne seront pas un obstacle. «Nous sommes des amis de la Russie et de l’Ukraine. Nous sommes des nations très proches l’une de l’autre car nous avons les mêmes racines slaves. Mais nous ne tiendrons pas compte des amitiés réciproques dans les discussions et les négociations. Nous n’avons pas l’objectif d’appartenir à un camp. Nous voulons construite des ponts entre la Russie et l’Ukraine, et nous serons en mesure de résoudre ce conflit», a-t-il assuré.

La Serbie ne sera pas toute seule pour assurer cette tâche, insiste le président de la Confédération. «La Suisse a un plan d’action commun avec Belgrade. Nous travaillons ensemble dans une troïka avec l’Allemagne et cette collaboration sera plus étroite qu’auparavant en raison d’une situation exceptionnelle», ajoute-t-il.

(TDG)