Lombardie: La Ligue du Nord fait barrage aux mosquées

 

A l’initiative de la Ligue du Nord, la région Lombardie vient d’adopter la semaine dernière, le 27 janvier, une loi visant à empêcher la construction de nouvelles mosquées. Certes, le texte est censé s’appliquer aux lieux de culte de toutes les religions. Mais cet œcuménisme de façade est destiné à éviter que la loi régionale, si elle n’avait visé que les mosquées, ne soit déclarée inconstitutionnelle en raison de son caractère discriminant. La Ligue du Nord n’a d’ailleurs pas fait mystère que son unique but est de bloquer la construction de trois mosquées prévues à Milan.

La nouvelle législation fait obligation au maître d’ouvrage de prévoir un parking d’une surface au moins égale au double de celle du bâtiment. Il devra également équiper le lieu de culte de caméras de surveillance reliées à une salle de contrôle des forces de l’ordre. L’édifice devra être accepté par une commission chargée d’en vérifier la conformité au «paysage lombard». Enfin, la construction pourra être soumise à un référendum de la population locale. C’est sur ce dernier point que compte la Ligue pour empêcher l’édification de nouvelles mosquées.

Le «Jour du cochon»
L’initiative a divisé le Conseil régional. «A la lumière des derniers événements survenus en France, il ne s’agit pas de limiter la liberté religieuse mais de fixer des règles pour protéger les citoyens de l’arrogance de ceux qui prétendent faire la loi chez nous», a déclaré Roberto Anelli, de la Ligue du Nord. Le Nouveau centre droit (Ncd) et Forza Italia ont voté comme la Ligue. En revanche, la gauche et le mouvement 5 étoiles (M5S) ont condamné «une norme idéologique contraire au dialogue et à la transparence».

L’islamophobie est depuis longtemps le fonds de commerce de la Ligue du Nord. A la fin des années 2000, le député européen Mario Borghesio s’était illustré en déversant de l’urine de porc à Lodi et à Bolzano sur des terrains destinés à la construction de mosquées. A Bologne, le député Roberto Calderoli avait institué un «jour du cochon», où les propriétaires de porcs étaient invités à promener leurs animaux sur les lieux de culte musulmans.

Plus fort que Berlusconi
Cette dérive s’est toutefois accentuée avec le virage à droite effectué par Matteo Salvini, le nouveau leader de la Ligue du Nord. Abandonnant les thèmes du fédéralisme, Matteo Salvini s’est aligné sur les thèses de Marine Le Pen dont il fût l’invité d’honneur lors du congrès du Front national en décembre dernier. Lutte contre l’immigration et l’islam, soutien à la Russie de Vladimir Poutine et baisse des impôts (tranche unique de 15%) sont la base d’un programme populiste mais très efficace. La Ligue est créditée de 14% d’intentions de vote en Italie et Salvini d’un indice de confiance de 26%. Ce dernier est désormais plus populaire que Silvio Berlusconi et, en cas de primaires dans son camp, il serait le candidat de la droite.

Pourtant, une étude de la fondation Leone Moressa publiée la semaine dernière démontre que l’immigration est une ressource pour l’Italie. Alors que les PME traditionnelles ont subi de plein fouet la crise, les 2,4 millions d’immigrés qui travaillent en Italie, la plupart comme petits entrepreneurs, ont généré un chiffre d’affaires de 123 milliards d’euros, soit 8,8% du PIB. Conclusion du rapport: «L’intégration des étrangers est non seulement un devoir moral… mais une opportunité dont l’Italie ne peut pas se passer.»

(24 heures)