
A la Chambre des communes, la majorité des députés a voté ce mardi en faveur de l’autorisation de créer des embryons à partir de l’ADN de trois personnes différentes pour empêcher la transmission de maladies graves. Après le vote de la Chambre des lords, qui ne devrait être qu’une formalité, le Royaume-Uni deviendra ainsi le premier pays à autoriser «le remplacement mitochondrial».
La technique consiste à retirer de l’ovule la mitochondrie atteinte de la mère pour la remplacer par la mitochondrie saine de la donneuse. La mutation de mitochondries, des organites présentes dans toutes les cellules humaines, dont elles produisent une partie de l’énergie, peut en effet entraîner des maladies très sévères, et souvent mortelles, affectant les capacités cognitives et comportementales des personnes atteintes.
Dans son rapport officiel sur la question, le Ministère de la santé, qui soutient le projet de loi, rejette l’affirmation que la nouvelle technique doterait l’enfant de trois parents génétiques. «Génétiquement, l’enfant aura, en effet, l’ADN de trois individus mais toutes les preuves scientifiques disponibles indiquent que les gênes contribuant aux caractéristiques et aux traits personnels viennent uniquement de l’ADN nucléaire, qui ne viendra que du père et de la mère de l’enfant.» La ministre de la Santé a par ailleurs rappelé que «seuls les cas de maladies mitochondriales sérieuses» pourront accéder à cette technologie.
Cause d’anormalités?
L’évêque anglican de Swindon, Lee Rayfield, qui siège au sein du comité d’étude lancé en 2012 sur la question, a fait savoir l’opposition de son Eglise au projet actuel. Ses doutes résident tout d’abord sur un aspect éthique: autoriser la modification de l’ovule avant qu’il ne soit fertilisé, comme le veut l’une des deux options offertes par la législation. D’un point de vue médical, la modification de l’ADN pourrait également «causer des anormalités ou influencer des qualités ou des attributs personnels significatifs» du futur enfant. Permanente, cette modification de l’ADN se transmettra à ses descendants.
L’Autorité sur la fertilisation et l’embryologie humaine, qui sera chargée de nommer les cliniques autorisées à procéder à ces opérations, a admis que les tests scientifiques n’étaient pas encore totalement aboutis et qu’ils seront donc prolongés jusqu’à l’an prochain.
La Suisse est loin d’être encore concernée par cette question, puisque le don d’ovule est encore interdit dans le pays.
(24 heures)