Tambacounda : un quinquagénaire écope de 10 ans de travaux forcés pour trafic international de

La chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Tambacounda a condamné lundi à 10 ans de travaux forcés Amadou Diallo, reconnu coupable de trafic international de drogue, portant sur 12 kilos de cannabis.

Les faits pour lesquels M. Diallo était devant la barre remontent au 18 janvier 2013 quand des éléments de la subdivision de la douane de Tambacounda en poste à Koumpentoum avaient saisi une charrette avec deux individus à son bord.

Le véhicule hippomobile transportait aussi 14 paquets de cannabis d’un poids total de 12 kilogrammes, d’une valeur estimée à 1,440 million de francs CFA.

Le cocher et le passager se nommaient respectivement Mamadou Sow et Amadou Diallo. M. Diallo s’était présenté comme le propriétaire du sac incriminé, indiquant à l’interrogatoire avoir acheté la drogue en Gambie, à Saré Ngay. Il aurait même précisé que le conditionnement avait été assuré par son fournisseur.

A son départ de la Gambie, il avait enfourché un vélo pour se rendre à Koussanar, mais celui-ci était tombé en panne, et il avait dû solliciter les services d’un charretier près du village de Sankabaré. Pour le prix du transport, ils étaient tombés d’accord sur la somme de 2000 francs, a poursuivi l’accusé, selon le porcès-verbal de la douane.

Inculpé de trafic international de drogue et de contrebande, Amadou Diallo avait reconnu les faits, affirmant que le charretier Mamadou Sow était hors de cause, concernant la drogue, selon le mandat de dépôt.

Ce qui concordait avec les déclarations de Mamadou Sow qui avait affirmé n’être lié à Amadou Diallo que par un contrat de transport, en contrepartie du montant de 2.000 francs. M. Sow avait précisé qu’il ne connaissait d’ailleurs pas M. Diallo auparavant.

Interrogé au fond, Diallo était revenu sur ses assertions, en soutenant que la drogue appartenait à ses deux apprentis qui travaillaient dans un chantier à la frontière gambienne. Là aussi il avait disculpé son cocher.

Devant la chambre criminelle, Amadou Diallo s’est présenté comme un maître-maçon, alors que devant le juge d’instruction, selon l’avocat général, il se disait agriculteur.

L’accusé a soutenu que c’est en allant chercher ses deux apprentis, pour démarrer un nouveau chantier à Maka, qu’il avait été arrêté par les douaniers. C’était au moment où il avait déjà demandé à ses deux apprentis de ramener le vélo défectueux au village, pour monter à bord d’une charrette, à quelques kilomètres de Sankabaré.

Pour jauger la véracité de ses affirmations, le président de la chambre le soumet à une série de questions, allant jusque dans le détail, par exemple, le nom du propriétaire du chantier, la nature du travail qui lui était assigné à Maka, le salaire qu’il devait recevoir à la fin. Des questions auxquelles il répond avec assurance.

Mais quand il s’est s’agi du devis pour lequel l’accusé a déclaré avoir fait le déplacement de Maka à Tamba, il note qu’il n’est pas en mesure d’avancer un chiffre. Sa tâche, a-t-il-dit se limitait juste à indiquer au propriétaire les quantités nécessaires pour chaque type de matériau.

Dans la foulée du juge, l’avocat général Demba Traoré demande à l’accusé de lui dire à quel niveau le prix d’une tonne de ciment était en 2012. ‘’30.000 francs’’, lance-t-il, non sans se faire rectifier aussitôt par le représentant du ministère public, qui a précisé qu’il était plutôt de 75.000 francs à Tambacounda.

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a relevé qu’en réalité M. Diallo était allé se procurer du cannabis en Gambie qu’il a mis sur son vélo, et arrivé à Sankabaré, il a transposé sa marchandise sur une charrette ; Il a eu la malchance de rencontrer des douaniers qui, ce jour, ont contrôlé leur charrette, alors que d’habitude ils ne le font qu’avec les voitures.

Il a souligné l’apparition de ces apprentis, dont personne ne peut prouver l’existence. Depuis le début (du procès), M. Diallo ‘’n’a pas dit la vérité’’, a-t-il dit. ‘’Il disait qu’il était agriculteur, aujourd’hui, il se fait passer pour un maçon, alors qu’il n’en est pas un’’, a-t-il poursuivi, demandant à la chambre de le condamner à 10 ans de travaux forcés.

L’avocat de la défense Me Abdou Gning a, pour sa part, demandé à la Chambre d’acquitter son client. ‘’Je vous demande d’acquitter M. Diallo, je ne dirai même pas de trafic international, mais de trafic tout court’’, a-t-il lancé avec emphase.

Pour Me Gning, l’accusation était ‘’en panne ce matin’’, en recourant à des ‘’arguments cosmétiques’’, du type ‘’prix d’une tonne de ciment’’ ; lesquels ne sont pas suffisants, à ses yeux, pour entrer en voie de condamnation à 10 ans d’un citoyen qui ‘’a le droit à la liberté comme nous tous’’.

Il a estimé qu’il appartenait à l’instruction de trouver les deux apprentis dont a fait état son client, et qui ‘’ne sont pas sortis de (son) imaginaire’’. Ces apprentis ne sont pas revenus quand il a été arrêté, parce qu’ils savaient ce qui les attendait, a-t-il laissé entendre.

Le conseil de Diallo a également attiré l’attention du juge sur la nécessité au moment de délibérer, de prendre en compte le fait qu’ ‘’un homme arrêté est un homme réduit à sa plus simple expression. Il peut même dire des incohérences’’. Il lui a demandé également d’avoir à l’esprit la ‘’sagesse’’ de Diallo, 57 ans, qui, tout au long de la procédure, a dédouané le cocher.

Après délibérations, la chambre a suivi l’avocat général dans son réquisitoire, condamnant Amadou Diallo à 10 ans de travaux forcés.

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