Chambre criminelle : pour lui avoir empêché d’avoir des relations sexuelles avec sa femme, Lamine Cissé tue son propre père et prend la perpétuité.

Lamine Cissé, la vingtaine dépassée, souffrirait réellement de la déviation sexuelle. Le fait d’avoir tué son père qui lui aurait interdit d’accéder à sa femme qui venait fraichement de donner naissance à un bébé pour entretenir avec elle des rapports sexuels en est une parfaite illustration. La chambre criminelle du tribunal de grande instance de Tambacounda devant laquelle il comparaissait le reconnait coupable des faits et lui inflige une peine de prison à perpétuité.

Les faits pour lesquels lamine Cissé dit Moro comparaissait devant la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Tambacounda remontent dans la nuit du 10 au 11 février 2013. Il est accusé d’avoir tué son père à Cissecounda, un village situé dans l’arrondissement de Makacolibantan. Cultivateur de son état, il a asséné un coup de pilon mortel à son propre père qui n’a pas survécu à ses blessures, avant de prendre la poudre d’escampette. D’après les procès verbaux, Lamine a porté un coup de pilon sur la tête de son père parce que, ce dernier lui aurait interdit d’accéder à sa femme avec qui il voulait entretenir des relations sexuelles. La femme précise-t-on, avait un bébé de moins de 3 mois au moment des faits. Pour la sauver d’ailleurs, elle était affectée chez la maman de son mari. Ayant résisté pendant prés de trois mois sans avoir entretenu de rapports avec sa dame, le moment était venu pour lui cette nuit du 10 au 11 février de coucher avec elle. L’accusé est allé réveiller sa mère pour qu’elle lui remette sa femme pour qu’ils entretiennent des relations intimes. S’étant vu opposer un refus catégorique par sa propre maman, Lamine commençait à créer un boucan jusqu’à ce que son papa s’en saisisse pour intervenir. Suite aux explications fournies par la maman, le vieux finit par demander à son fils de quitter la chambre de sa mère où logeait depuis quelques mois sa dulcinée. Se sentant vexé et très furieux, il donne un coup de pilon à son père avant que celui-ci ne s’affale de tout son corps sur le sol. Son forfait commis, il disparait dans la nature pour atterrir en territoire gambien où il sera appréhendé et remis aux pandores sénégalais quelques jours seulement après sa cavale.

Devant la barre, il soutient ne pas posséder toutes ses facultés mentales, avant d’ajouter qu’il a agi sous le coup de la colère. Mieux, poursuit-il, il aurait des soupçons que son père couchait avec sa propre femme, ce qui a davantage ravivé sa colère. Toutefois, il dit ne pas asséner un coup de pilon à son père sur la tête mais plutôt sur le dos, même si le certificat de genre de mort délivré par le médecin légiste le lendemain des faits, parle de mort par traumatisme crânien. Devant les enquêteurs comme devant la barre, il soutient avoir donné un coup à son père mais que nullement, il n’avait l’intention de lui donner la mort. « Ce sont les soupçons que j’avais sur lui qui ont fait que je ne pouvais plus me contrôler », rétorque-t-il. Sa maman comme les témoins interrogés attestent tous que Lamine souffre de problèmes mentaux et qu’il a même une fois été interné à Djinkoré, un asile de malades mentaux se trouvant à quelques encablures de Tambacounda.

L’avocat général dans son réquisitoire soutient qu’il y a bel et bien homicide et que c’est le coup reçu qui est à l’origine de la mort de Nghaly Cissé, la victime. « Il n’est pas mort par hémorragie mais plutôt par traumatisme crânien », justifie l’avocat général qui pense que l’accusé a volontairement donné la mort à son père. Suffisant pour qu’il parle de parricide et demande l’application de la prison à perpétuité à l‘accusé et d’ordonner la confiscation du pilon avec lequel il s’est servi pour donner la mort à son père.

L’avocat de la défense, prenant le contre-pied du parquet, soutient que personne ne peut attester avec certitude que c’est Lamine Cissé qui a asséné ce coup à son père. « Il ne lui a pas porté un coup sur la tête mais plutôt dans le dos », défend-il. Mieux, poursuit la défense, « beaucoup d’éléments militent en faveur de la disqualification de coup mortel. L’accusé avait par devers lui un couteau et un pilon, s’il avait l’intention de donner la mort, il aurait pu se servir du couteau pour rapidement exécuter sa victime, d’autant plus qu’elle était tombée à terre ». Toujours selon l’avocat de l’accusé, il lui aurait asséné plusieurs coups de pilon.

La chambre, dans son délibéré, a suivi le parquet dans son réquisitoire et a condamné l’accusé à une peine de prison de travaux forcés à perpétuité.

Abdoulaye FALL / www.tambacounda.info /