Lettre ouverte à Macky Sall, Président de la République du Sénégal

Monsieur Le Président,

En regardant rétrospectivement 4 ans de votre mandat à la tête de notre pays, en tant que quatrième président de la République du Sénégal, je ne peux m’empêcher de penser à cette journée du 31 janvier 2012 qui a vu la mort de Mamadou Diop, venu comme de nombreux patriotes défendre notre constitution ; venu, comme vous et moi, à ce rassemblement historique organisé par la coalition M-23 à la place de l’obélisque.

Monsieur Le Président,

Les enjeux, lesquels à l’époque, nous ont amené à nous asseoir vous et moi côte à côte à Colobane, dans les rangs de l’opposition, sont toujours d’actualité : La Constitution rien que la constitution. Aujourd’hui je suis toujours dans l’opposition et vous vous incarnez le pouvoir. Les concertations pour la revue du code électoral (16 juin-3 aout 2016) ont montré de profondes divergences entre vous et nous. Il n’est pas question pour moi de toutes les mentionner en détails ici. Je voudrais juste rappeler quelques principes qui me semblent fondamentaux et donner rapidement mon point de vue concernant quelques points de notre code électoral.

D’abord, nous sommes convaincus que le bulletin unique est à adopter. Comme de nombreux observateurs et acteurs politiques, je considère que celui-ci allègerait le scrutin et encouragerait l’électeur qui n’aurait pas à être à la merci des acheteurs de conscience qui lui demanderaient des preuves de vote contre de l’argent. Nous demandons également la nomination d’une personne neutre et consensuelle pour l’organisation des élections en dehors et dissocier le ministère des élections du ministère de l’intérieur comme cela a déjà été dans le passé avec notamment Cheikh Guèye sous Abdoulaye Wade ou plus loin la nomination du Général Cissé avec Abdou Diouf. Cela aiderait à un apaisement du climat politique en vue d’élections régulières et transparentes. En outre le ministre de l’intérieur ne peut être habilité, en aucun cas, à proclamer les résultats. Ensuite la loi sur la bi nationalité n’a pas besoin d’être changée. Le rajout d’un alinéa à l’article 114 du code électoral selon lequel, le candidat à la présidentielle possédant une double nationalité doit renoncer à la nationalité autre que celle sénégalaise 5 ans avant le jour de la présidentielle n’apporterait aucune amélioration aux dispositions déjà existantes en la matière. Nous considérons que le simple abandon de la nationalité autre avant le dépôt de sa candidature suffit. Dans un autre ordre d’idée, le Président de la République et le ministre de la Justice ne doivent pas siéger au Conseil Supérieur de la Magistrature comme successivement Président et Vice-Président tel que recommandé par de nombreux acteurs et experts dont le juge Babacar N’gom. En plus d’un pouvoir de gestion financière, d’ordonnateur et de nomination des magistrats ce nouveau Conseil de la Magistrature aiderait à renforcer la séparation des pouvoirs et à avoir une justice pleinement indépendante. Cette réforme aiderait par conséquent à l’organisation d’élections plus transparentes avec des juges plus indépendants. De même, nous vous demandons de démissionner de votre rôle de dirigeant d’un parti politique car un Président de la République doit se situer au dessus des considérations partisanes et se consacrer entièrement aux affaires de l’Etat. Enfin pour ce qui est de la refonte partielle du fichier électoral, nous sommes d’accord sur le principe. Mais nous ne pouvons être en phase avec la stratégie consistant à la radiation automatique des électeurs qui ne se signaleront pas pendant la refonte avec toutes les possibilités de fraude quelle ouvre. En revanche nous demandons un audit du fichier, une mise à jour à partir des registres de décès issus des structures habilitées et sa publication en ligne pour que chaque citoyen puisse y avoir accès et en faire la vérification à n’importe quel moment.

Monsieur le Président,

Voici les points qu’ils nous tenaient à cœur, le Rassemblement Démocratique des Républicains et moi même, de porter à votre connaissance pour l’organisation d’élections libres, justes et transparentes. Merci d’en prendre compte et de les verser au débat.

Elhadji Malick Badji / Secrétaire General du Rassemblement Démocratique des Républicains / (RDR)