Genève: Le plasticien Tambacoundois Ousmane Dia expose à Nest Gallery.

Artiste plasticien, Ousmane Dia vit et travaille à Genève depuis plus de 18 ans. Diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Dakar, il complète ses études avec un Post-grade en sculpture à l’Ecole Supérieure d’Arts Visuels de Genève et obtient son diplôme en 2001. Ce 29 Août, et ce jusqu’au 31 Octobre prochain, il expose à Nest Gallery de Genève sur le thème « Délivrance ».

Dès 1999, Ousmane Dia participe à de nombreuses expositions individuelles et collectives en Suisse, au Sénégal, en France et aux Etats-Unis notamment. Ses œuvres prennent racine dans le vécu et font souvent écho à l’actualité, telle sa performance / exposition «Discours d’un pyromane» présentée en 2010 à la Faculté de Géographie de la Sorbonne en réponse au Discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, ou sa sculpture monumentale «Hommage à Odell Barnes Jr», exposée dans de nombreux lieux depuis 2004, ou encore sa série de dessins de janvier 2015 «Marche pour la liberté et la limite de l’expression» suite aux malheureux événement du journal satirique Charlie Hebdo.

En 2002, Ousmane Dia présentait une maquette d’objet symbole mandat du Palais des Nations Unies dans le cadre de l’exposition nationale suisse Expo.02. La sculpture finale de 6 mètres de haut est montrée à l’Arteplage d’Yverdon. Il avait alors pris la chaise comme symbole.

Depuis il travaille la chaise, inlassablement, méticuleusement la même. Dans ses œuvres, la chaise est devenue omniprésente dans son travail. D’abord une recherche formelle elle devient obsessionnelle. Elle est la palette de l’artiste. Dans les dernières pièces, qui seront présentées à la Nest Gallery, la chaise prend ses aises. Elle tourbillonne, elle danse, elle témoigne, elle affirme.

Les Chaises d’Ousmane DIA : Hospitalité et Pouvoir

La chaise est partout symbole de pouvoir et d’autorité mais aussi d’hospitalité. Dans cette série des Chaises, les références aux pouvoir sont omniprésentes. La chasse au pouvoir, l’usurpation de pouvoir, la mégalomanie du pouvoir, autant de causes de dérèglement, de déséquilibre de nos sociétés. On peut aussi interpréter ces pièces comme des Tour de Babel où la communication est devenue impossible que ce soit au sein de la famille ou entre les nations, lorsque chacun reste campé sur sa position et que le manque d’équilibre entraîne la confusion…

«Pouvoir et opposition», «Putch», «50 ans sous perfusion», «Poids d’une nation», «Arbre à palabre», …les titres explicites d’Ousmane Dia nous donnent quelques clés de lecture comme la magnifique pièce «A Wounded Woman is a Wounded Nation» (Une femme blessée est une nation blessée) une structure bancale reposant sur une chaise – une société bancale reposant sur une femme meurtrie… Mais on pourrait s’asseoir longuement sous «L’Arbre à Palabre» – où il y est certainement plus question d’hospitalité et de dialogue et où chaque siège est intrinsèquement liée é l’autre – pour débattre du discours qui se dégage des Chaises d’Ousmane Dia.

La grande force de ce travail est justement une adéquation parfaite entre la recherche plastique, purement formelle – recherche d’équilibre – épuration de l’objet symbole – et du discours. Chacun faisant référence à l’autre.

Aussi ne peut-on voir dans ce siège unique la métaphore d’un monde égalitaire ?

Maya White