[LA CHOUETTE DE MINERVE 12] Qui pour être Maire dans nos communes ?

 

 

Dieu sait qu’il y a dans la région naturelle du Sénégal oriental, des maires très mal lotis, aussi bien au plan physique, moral qu’intellectuel. Ils ont du mal à réaliser qu’ils ont d’énormes attributions et pouvoirs pour impulser et poursuivre le développement de leurs terroirs. Ils naviguent de séminaires en séminaires ou entre le trésor et des fournisseurs de la place, et seuls eux ou leurs ouailles pourraient dire réellement ce qu’ils font pour sortir leurs administrés de l’étau du mal développement.

La loi N°2013-10 du 28 novembre 2013 portant code général des Collectivités locales, en ses dispositions prises à l’article 106, donne 14 attributions et pouvoirs au maire.

L’article 108 en rajoute : « Dans sa circonscription, le maire est le représentant du pouvoir exécutif auprès de la population. A ce titre, il est chargé, sous l’autorité de l’Etat, de la publication et de l’exécution des lois, des règlements et des décisions du pouvoir exécutif, de l’exécution des mesures de sûreté générale, des fonctions spéciales qui lui sont attribuées par les lois et règlement ».

L’article 108 poursuit, « le maire est officier de l’état civil ».

Parcourez la région naturelle du Sénégal oriental et procédez à une sorte d’audit de nos maires, je donne ma langue au chat, peu d’entre eux pourraient présenter à leurs mandants un bilan plus ou moins passable.

D’abord, ils sont loin d’avoir l’étoffe d’un bon maire. Ni leur physique, ni leurs comportements, encore moins leurs niveaux intellectuels et leurs carnets d’adresses par endroits moins garnis que ceux d’un cocher, ne doivent point leur permettre d’oser postuler à cette station extrêmement importante pour la vie de nos communautés.

La loi doit être encadrée car, il est très clairement établi que même pour un intellectuel, il va falloir apprendre certaines choses, à plus forte raison un analphabète parfait ou lettré inapte à décoder un budget, qui a même du mal à bien tenir un cartable.

Disons le haut et fort, il y a malheureusement pas mal de municipalités dont les populations vont devoir chercher à rattraper 5 ans de retard. Des conseils municipaux qui se résument au seul maire, des maires qui quotidiennement squattent les bureaux des trésoriers payeurs, des maires qui utilisent leurs véhicules à d’autres fins, (à ce propos, il y en a qui ont déjà endommagé leurs véhicules), des maires qui sont à longueur de journée dans des gargotes de la place pour je ne sais quelles raisons, des maires qui urinent même en pleine rue, j’en ai vraiment honte, et par moments ulcérés !

J’aimerai bien que l’on me dise combien de maires de la région naturelle du Sénégal oriental font dans la redevabilité?

Combien de maires initient et mettent en œuvre des programmes cohérents avec des outils appropriés de planification ?

Combien de maires rendent publics leurs comptes administratifs ?

Combien de maires ficèlent un budget participatif ?

Combien de maires conçoivent et développent un bon programme de coopération internationale ?

Combien de maires plaident pour entrer dans les bonnes grâces des projets et programmes de l’Etat central ?

Combien de maires se soucient réellement de l’emploi des jeunes ?

Combien de maires concoctent et font institutionnaliser des programmes culturels appropriés ? Combien de maires se soucient du genre ?

Mon humble avis est et demeure que la loi doit être revisitée en profondeur avant 2019. Que celui qui porte une liste et qui remporte les consultations électorales deviennent de facto le maire, et nous éviter certains deals malsains qui nous conduisent à des dérapages aux conséquences désastreuses. Que le niveau du conseiller soit revisité pour avoir des débats d’orientation de haute facture qui tiennent réellement en compte le désir du plein épanouissement des populations. Le développement local est suffisamment sérieux pour que l’on puisse se payer le luxe de le laisser, au nom de je ne sais quelle démocratie, entre des mains inexpertes, même si l’on appartient à la mouvance présidentielle. Il faut que les jeunes cadres suent à grosses gouttes pour occuper le terrain et éviter qu’il ne soit occupé, comme ce fut malheureusement le cas, par des adeptes et praticiens de la médiocratie.

Ousmane DIA.