Art-gri-culture, un nouveau concept d’un artiste de Tambacounda pour un retour à la terre

 

Le rappeur Mamadou Sène alias Nigger Two, de Tambacounda (est) a fait part de son engagement à contribuer au retour des jeunes à la terre, par le biais d’un concept dénommé Art-gri-culture, alliant le rap à la pratique de l’agriculture. “Nous avons créé un nouveau concept qui s’appelle Art-gri-culture, c’est histoire de joindre l’art à l’agriculture”, a expliqué le rappeur, qui partageait son expérience jeudi lors d’un CRD d’information sur le Projet d’appui à la réduction de la migration à travers la création d’emplois ruraux (PACERSEN).

Les responsables de ce projet ambitionnent de réaliser 30 fermes familiales dans la région de Tambacounda.

Dans son quartier de Médina Coura, riverain d’une vallée morte traversant la commune de Tambacounda, le rappeur, président d’une association culturelle locale et promoteur d’un festival, exploite par lui-même un potager pour sa consommation familiale, vendant le surplus à ses voisins.

Nigger Two a dit que l’idée de ce potager lui a été inspirée lors d’un voyage en France où il était allé prendre part à ce festival dont une prochaine édition se tiendra dans la commune de Tambacounda, selon l’artiste.

“En voyageant entre Paris et Nantes, raconte Mamadou Sène, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas d’espace laissé en friche, tout était cultivé”, une découverte qui lui a fait prendre conscience de la place que les Français par exemple accordent à l’agriculture.

De retour au bercail, il en était arrivé à la réflexion suivante : “Beaucoup de nos jeunes frères qui migrent vers là-bas, bravant le désert, risquant d’être faits esclaves en Libye ou d’être engloutis dans la Méditerranée, finissent par cultiver la terre pour s’en sortir, une fois sur place. Pourquoi ne pas le faire ici ?”.

Il a dit avoir ainsi “aménagé un espace’’ chez lui, dénommé “Terra Nostra” (notre terre). “C’est là-bas que nous pratiquons l’art-gri-culture”, explique l’artiste, qui anime aussi une émission à la chaîne de télévision régionale RTS 3.

“Le matin, quand je me lève après avoir prié, j’arrose mon jardin où je cultive du gombo, des choux, de la menthe, du piment, du +diakhatou+”, confie le rappeur au sujet de ce qui est désormais devenue son “mode de vie”.

Si son premier objectif est de “conscientiser la jeunesse”, il note avoir senti déjà l’impact de cette initiative, dans la mesure où sa famille n’achète plus certains légumes. “Pour faire notre thé, on n’achète plus de +nana+”, dit-il, ajoutant que ses voisins viennent s’approvisionner en légumes à des prix plus accessibles que ceux pratiqués au marché.

L’Art-gri-culture commence à faire des émules, car beaucoup de ses voisins se disent prêts à s’y lancer, se réjouit Nigger Two, avant de solliciter le soutien des autorités pour agrandir son exploitation dont la superficie actuelle est selon lui assez réduite.

 

ADI/BK / APS /