[LA CHOUETTE DE MINERVE 15] Campagne cauchemardesque pour les producteurs, à quoi joue Macky ?

 

Pourtant tous les ingrédients d’une très belle campagne étaient réunis avec la mise à disposition à temps d’intrants et de semences de qualité, la fourniture d’équipements agricoles qui ont tout de même fait bouger les lignes dans le domaine de l’accroissement de la production. Hélas, jusqu’aujourd’hui, l’arachide brûle les paumes des producteurs. Les autorités peinent à transcender cette épineuse problématique, pour des sénégalais dont le seul revenu est l’arachide, cela est peu admissible.

Le directeur général de la Sonacos doit cesser de nous pomper l’air avec ses sorties qui, bien loin de convaincre les sénégalais, enfoncent davantage les pouvoirs publics centraux. Il suffit de faire un tour vers Lyndiane pour se rendre compte que la commercialisation de l’arachide est une véritable catastrophe et, cela illustre quelque part, un amateurisme que rien ne doit pouvoir justifier. Des producteurs ont fait évacuer leurs graines depuis le 7 février, jusqu’ici ils peinent à entrer dans leurs fonds.

D’autres, comme certains de la région de Tambacounda, n’ont guère vu le moindre acheteur faute de points de collecte. « Nous avons nos enfants à nourrir, à habiller, dont il faut s’occuper de leur scolarité mais, nos seuls revenus annuels tardent faute d’une campagne bien organisée » m’a laissé entendre un ami agriculteur à Tambacounda.

Quelques questions troublantes se posent à moi:

– Pourquoi est-ce que le régime des coopératives agricoles n’est remis en selle quand on sait que c’est sous leur magistère que les paysans diront vivre les lettres de noblesse de la campagne de commercialisation agricole ?

– Pourquoi ne pas créer des points secondaires de collecte dans le pays et organiser les choses de sorte que plus personne n’attendra plus d’un mois sans voir la couleur de son argent ?

– Qui sont ces pseudo opérateurs réellement tapis dans le système et qui tournent autour des décideurs leur racontant des contre-vérités mettant dans une situation plus que difficile les producteurs et leurs familles ?

– Pourquoi le président Macky Sall regarde le ver grandir et pourrir le fruit sans piper mot ?

Mon intime conviction est et demeure qu’il est plus que jamais urgent, mieux que quelque projet que ce soit, de trouver une issue salvatrice à ce problème national, et qui commence à perdurer. Les cultivateurs Tambacoundois en ont marre.

Ousmane DIA / artiste plasticien / gestionnaire et médiateur culturel / enseignant d’arts visuels à Genève.