Nicaragua: Etudiants assiégés: «Ils veulent nous assassiner»

 

A Managua, des policiers et des paramilitaires assiégeaient depuis samedi vers 01h00 (heure suisse) l’église de la Divine Miséricorde, située dans le sud-ouest de la capitale près de l’Université nationale autonome (UNAN). Des dizaines d’étudiants se sont réfugiés dans l’église pour fuir une attaque contre l’UNAN où ils étaient auparavant retranchés.

«Nous ne voulons pas mourir», «Aidez-nous», criaient des jeunes gens désespérés au milieu des bruits de tirs, selon la retransmission en direct fournie par trois journalistes locaux bloqués dans l’église. «Ils veulent nous assassiner tous», a déclaré un étudiant à la chaîne 100% Noticias depuis l’intérieur de l’église.

Durant la nuit, peu avant minuit, le curé était sorti portant le drapeau du Vatican pour évacuer des blessés graves ainsi qu’un journaliste américain du Washington Post, Joshua Partlow, après une négociation avec l’Eglise catholique.

Grève générale suivie

Vendredi, deux personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans des violences à Masaya. Le président Ortega avait mobilisé ses partisans pour marcher sur cette ville, en réponse à la grève générale. Des fidèles du président étaient partis de Managua à bord de centaines de véhicules et motos, agitant des drapeaux rouge et noir du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), le parti au pouvoir.

M. Ortega et son épouse Rosario Murillo, également sa vice-présidente, se trouvaient dans ce convoi qui commémorait un épisode-clef de la révolution sandiniste de 1979. «Nous invitons tout le monde (…) à choisir le chemin de la paix», a lancé M. Ortega devant un commissariat de police à Masaya, protégé par nombre de policiers antiémeute lourdement armés.

La grève générale de vendredi était la deuxième depuis celle du 14 juin au cours de laquelle quatre personnes sont mortes. Lancée à l’appel de l’Alliance civique pour la démocratie et la justice, coalition de l’opposition qui inclut des secteurs de la société civile, elle a été suivie à 90% selon l’opposition. Les médias proches du pouvoir faisaient état d’une situation normale dans certaines zones.

Peur des pillages

La plupart des marchés, banques, magasins, stations-service et restaurants à travers le pays sont restés fermés vendredi, en réponse à l’appel des adversaires du chef de l’Etat ou par peur des pillages, a constaté l’AFP.

Au total, plus de 270 personnes ont été tuées et quelque 2000 blessées dans les violences qui secouent le Nicaragua depuis trois mois, selon la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH). Daniel Ortega est accusé d’avoir mis en place une «dictature» marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.

(dri/afp)