Crise migratoire: «Corridor humanitaire» pour les Vénézuéliens

 

 

L’Equateur a ouvert un «corridor humanitaire» pour faciliter le transit d’autocars transportant des centaines de Vénézuéliens tentant de se rendre au Pérou avant l’entrée en vigueur de conditions d’admission plus sévères, a annoncé le gouvernement.

«Trente-cinq (autocars transitent) en ce moment par le corridor humanitaire et nous allons continuer tant que ce sera possible», a déclaré à la presse le ministre de l’Intérieur Mauro Toscanini à Macas (sud-est).

L’Amérique latine tente de contenir la plus grande crise migratoire qu’ait connue la région.

Les Nations unies évaluent à 2,3 millions le nombre de personnes ayant préféré partir ces dernières années pour échapper à la misère au Venezuela, soit 7,5% de sa population de 30,6 millions, selon le dernier recensement.

Confronté à cet afflux, le Pérou va exiger des ressortissants vénézuéliens un passeport à partir de samedi. Jusqu’à présent, une carte d’identité suffisait. L’Equateur, pays de transit pour nombre de ces migrants cherchant à se rendre au Pérou, au Chili ou en Argentine, a mis en place une mesure similaire samedi dernier.

Le rythme des arrivées à la frontière péruvienne, jusqu’ici de 2500 à 3000 réfugiés par jour, selon les services d’immigration, devrait s’accélérer. Le Pérou, qui enregistre une croissance économique parmi les plus élevées de la région, s’attend à accueillir 100’000 réfugiés vénézuéliens dans les prochaines semaines, ce qui portera leur total à un demi-million.

De son côté, l’Equateur a ouvert un «corridor humanitaire» pour faciliter le transit d’autocars transportant des centaines de Vénézuéliens tentant de se rendre au Pérou.

Les autorités ont mis en place un service de transport gratuit. «Trente-cinq (autocars transitent) en ce moment par le corridor humanitaire et nous allons continuer tant que ce sera possible», a déclaré à la presse le ministre de l’Intérieur Mauro Toscanini.

Parcours du combattant

Au Chili, dans la zone au climat tropical à un millier de kilomètres de Lima, l’église catholique distribue aux migrants leur premier repas chaud depuis plusieurs jours. Nombre d’entre eux sont arrivés à pied. Partis du Venezuela début août, ils ont accéléré le pas pour atteindre la frontière avant ce week-end.

La décision du Pérou et de l’Equateur d’exiger un passeport revient à fermer la porte au nez de nombre de Vénézuéliens, car obtenir un passeport dans ce pays est devenu un parcours du combattant en raison de la crise économique et de la pénurie généralisée, qui affecte aussi le papier servant à imprimer les documents officiels.

Deux agences des Nations unies, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ont appelé jeudi les pays latino-américains à continuer d’accueillir les réfugiés vénézuéliens, dénonçant les nouvelles exigences aux frontières mises en place par Lima et Quito.

«Meilleur contrôle»

«Personne ne parle de fermer la frontière, il s’agit d’exercer un meilleur contrôle migratoire pour des raisons de sécurité. 80% des Vénézuéliens qui arrivent au Pérou ont leur passeport», s’est défendu le ministre péruvien de l’Intérieur Mauro Medina.

Les Vénézuéliens sont étranglés par la crise économique: l’inflation pourrait atteindre 1’000’000% fin 2018 selon le Fonds monétaire international, et le PIB devrait s’effondrer de 18%. Du coup, des millions de personnes ont préféré émigrer ces dernières années.

Région sous tension

L’exode des Vénézuéliens, mais aussi des Nicaraguayens fuyant la crise politique, met toute la région sous tension, comme l’ont montré les violences du week-end dernier à la frontière brésilienne contre des migrants vénézuéliens.

Pour protester contre «le manque de volonté» de Caracas de régler la crise migratoire, Quito a annoncé jeudi son retrait de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), une union régionale créée en 2004 à l’initiative du Venezuela et de Cuba.

(nxp/afp)