Allemagne: Angela Merkel dénonce des «chasses» à l’étranger

 

Angela Merkel a dénoncé lundi des «chasses collectives» contre les immigrés menées par des sympathisants d’extrême droite en Allemagne en réaction à un meurtre pour lequel deux étrangers sont suspectés. Le crime a ravivé les tensions nationales autour des migrants.

Ces événements «n’ont pas leur place dans notre Etat de droit», a affirmé le porte-parole de la chancelière allemand, Steffen Seibert, à Berlin, en les «condamnant avec la plus grande fermeté».

«Il est important pour le gouvernement, pour tous les élus démocrates et, je pense, pour une large majorité de la population de dire clairement que de tels attroupements illégaux et chasses collectives visant des gens d’apparence ou d’origine différente, ou encore les tentatives de semer la haine dans les rues, n’ont pas leur place dans notre pays», a-t-il ajouté avec véhémence.

En cause: des échauffourées survenues la veille à Chemnitz, une ville de l’ex-RDA proche de la frontière tchèque, et située dans l’Etat régional de Saxe où l’extrême droite est très implantée. Ces incidents menacent de se reproduire lundi soir.

Près d’un millier de personnes ont défilé dimanche à Chemnitz à l’appel de divers mouvements d’extrême droite après qu’un Allemand de 35 ans a été poignardé à mort dans la nuit de samedi à dimanche lors d’une altercation impliquant une dizaines de personnes.

Suspects syrien et irakien

Lundi, le Parquet local a annoncé avoir demandé le placement en détention de deux suspects arrêtés peu après l’altercation à Chemnitz, un Syrien de 23 ans et un Irakien de 22 ans, pour homicide en réunion.

Les deux jeunes hommes sont soupçonnés d’avoir «sans justification, à plusieurs reprises, porté des coups de couteau à un Allemand de 35 ans», à la suite d’une «altercation verbale», selon le Parquet.

La police a fait état de violences des protestataires dimanche après ce meurtre, certains ayant jeté des bouteilles sur les forces de l’ordre. Surtout, selon plusieurs témoignages et des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, des manifestants s’en sont pris physiquement le long du parcours à des étrangers en les pourchassant.

Selon les médias locaux, ces protestataires ont défilé en criant «Les étrangers dehors», «Ceci est notre ville» ou encore «Nous sommes le peuple», slogan faisant référence aux manifestations de 1989 contre le régime communiste et détourné depuis par la mouvance xénophobe et anti-islam.

Maire indignée

La maire sociale-démocrate de cette ville de 250’000 habitants, Barbara Ludwig, a exprimé son «indignation». «Il est grave que des gens puissent ainsi se rassembler (…) courir dans la ville en menaçant des gens», a-t-elle dit à la télévision locale MDR, les accusant d’avoir voulu «provoquer le chaos et semer la peur». Deux autres personnes âgées d’une trentaine d’années ont aussi été blessées dans la bagarre.

(nxp/afp)