Etats-Unis: Policier blanc jugé pour la mort d’un ado noir

 

Accusé de meurtre, Jason Van Dyke est poursuivi pour avoir tiré à seize reprises sur Laquan McDonald, un mineur de 17 ans, une affaire emblématique des bavures policières aux Etats-Unis qui fut très mal gérée par les autorités de Chicago, la troisième ville du pays.

Des manifestations sont prévues à l’ouverture du procès, qui doit débuter par la sélection des jurés. «Nous voulons que justice soit faite, sinon il y aura un grand nombre de gens qui diront ‘je n’ai plus confiance dans le système’», a dit à l’AFP le Père Michael Pfleger, un pasteur des quartiers sud de la métropole et opposant aux armes à feu.

Appel à la paix

Pour éviter tout débordement, la famille de l’adolescent a appelé à «une paix totale». «Nous ne voulons aucune forme de violence pendant ou après la décision de la cour», a déclaré mardi son grand-oncle Martin Hunter.

La mort de Laquan McDonald avait entraîné une onde de choc dans tout le pays après la diffusion d’une vidéo tournée depuis un véhicule policier. Sur ces images, Jason Van Dyke tire sur l’adolescent, armé d’un couteau, alors qu’il se trouve à plusieurs mètres de distance et continue à vider son chargeur une fois celui-ci au sol.

Abus fréquents

La diffusion de l’enregistrement, obtenue par un juge après un an de blocage de la municipalité, avait entraîné des mois de manifestations et le limogeage du chef de la police de Chicago.

Dans la foulée, une enquête fédérale avait été lancée sur les méthodes des forces de l’ordre à Chicago. Elle a conclu en février 2017 que les abus policiers y étaient fréquents et qu’un «code du silence» régnait chez les policiers de la ville.

Accusé d’avoir voulu étouffer le scandale, le maire démocrate Rahm Emanuel, un proche de l’ancien président Barack Obama, avait vu sa popularité s’effondrer. Mardi, il a annoncé qu’il renonçait à briguer un troisième mandat lors des élections de 2019.

Il se sentait menacé

Dans une interview, Jason Van Dyke a assuré la semaine dernière qu’il avait tiré parce qu’il se sentait menacé. «Jamais je n’aurais utilisé mon arme si je n’avais pas pensé que ma vie ou celle d’un autre citoyen était en danger», a-t-il déclaré au Chicago Tribune. L’issue de son procès sera vraisemblablement très suivie aux Etats-Unis, où la justice est plutôt clémente envers les policiers.

Plusieurs villes américaines se sont embrasées ces dernières années après des bavures policières dont les Noirs étaient les victimes, donnant naissance au mouvement «Black Lives Matter».

(nxp/afp)